dimanche 23 août 2020

Journal intime d'un scientifique fou

Cher journal,

 Cette nuit, je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit. Cette idée m'a trotté dans la tête à peine la tête posée sur l'oreiller. Il faut dire que j'ai relu Frankenstein il y a peu. C'est mon livre préféré d'ailleurs. Surtout le moment où le docteur Frankenstein fabrique la créature. Quand il explique comment il s'est fourni en matériel et comment il les a assemblés avant d elui donner vie. Je voudrais faire la même chose. J'ai essayé bien sûr. Sur des animaux errants sans succès. Et tout ce sang, je passe un temps infini à nettoyer après mes expériences. La jonction entre les carreaux de mon carrelage s'est coloré de marron et je n'ai jamais réussi à la nettoyer correctement malgré toutes mes tentatives.

   Le plus dur est de me fournir en matière fraiche mais il y a suffisamment d'animaux errants pour trouver ce dont j'ai besoin avec un peu de patience. Je prends les meilleurs morceaux pour obtenir l'animal parfait même si le mélange de pelages et de longueur de poils rend la chose parfois inesthétique. Mais sous la fourrure et la peau, je sais que j'ai l'animal de compagnie parfait. Le plus difficile à choisi r est le cerveau et je me fie à mon instinct pour faire ce choix crucial. L'électricité est abondante de nos jours et augumenter son intensité n'est pas un souci.

 Mais j'ai compris pourquoi ça ne fonctionne jamais. Le matériau est la clef. Or, le docteur Frankenstein a créé la créature à partir de cadavres frais d'êtres humains. Me fournir ne sera pas facile, j'ai hésité à acheter un grand congélateur mais comme le froid fait éclater les cellules, je préfère éviter pour l'instant. Pour une deuxième tentative, je tenterai la congélation. Sinon, il me faudra me fournir en viande de meilleure qualité et plus fraîche...

23/07/2020

Mariage princier

- Cher prince, vous avez terrassé le dragon en lui tranchant la tête d'un coup d'épée, tué la sorcière qui retenait la princesse et réveillé la princesse avant de la ramener saine et sauve au château. Sa main est à vous. dit le roi devant la cour réunie.

Le jeune homme agenouillé au pied du trône sourit et il lève les yeux vers la princesse aux longs cheveux blonds qui masque son regard couleur myosotis de ses paupières baissées.
- Le château du Bord de l'étang est mon cadeau de mariage, j'ai fait envoyer des ordres pour qu'il soit ouvert et le mariage sera célébré sous peu. Relevez-vous, mon gendre.

   Le jeune homme se relève, envahi par l'émotion. Il se souvient d'avoir manqué perdre son cheval dans la bataille contre le dragon puis la sorcière mais lorsqu'il a vu la princesse, il a su qu'il n'avait pas fait tout ce chemin en vain. En tant que cadet de famille, il ne pouvait espérer l'indépendance. Ni son père, ni son frère aîné ne la lui auraient accordé. La main de la princesse scellait une paix durable entre les deux royaumes et lui assurerait l'indépendance tant rêvée.

- Majesté, je suis honorée d'avoir rendu service au royaume et de sceller une union entre nos deux contrées afin de renforcer la paix. Les guerres ont ensanglanté les débuts de votre règne et de celui de mon père et je suis honoré de me faire l'artisan d'une paix durable entre nos deux nations.

   La foule applaudit et le prince rougit de contentement. La paix qu'il apporte à son père, sa bravoure reconnue de tous alors qu'il n'avait fait que laisser une vache morte empoisonnée par ses soins, le ventre farci de poison au pied de la tour à la faveur de la nuit. A l'aube, il a vu le dragon mort et lui a tranché la tête.

- Je n'ai pas été brave. Personne ne doit le savoir. D'un autre côté, j'ai été plus malin que ces pauvres bougres qui se sont élancés vers le monstre, l'épée à la main. Et quand je suis monté dans la tour, la sorcière cuvait son vin, une bouteille à la main. Je n'ai eu qu'à lui trancher la gorge avant de monter embrasser la princesse Etoile. Etoile, quel prénom ridicule s'il en est; ses parents étaient bien en peine lorsqu'il a fallu choisir un prénom. songe le jeune homme en souriant à la foule.  
  
 Le roi tape dans ses mains et le prêtre s'avance vers le prince tandis que le roi tend la main vers sa fille qui le regarde, sourcils froncés.- Etoile, veux-tu te lever pour célébrer ton union avec ton fiancé, le 
prince Boris. 
La jeune fille se lève avec toute la dignité dont elle se sent capable et elle regarde son père.
- Je vous demande pardon, mon roi. Il n'a jamais été question de fiançailles et encore moins de mariage.
Le roi soupire et il regarde la jeune fille.
- J'ai promis ta main à qui te délivrerait. 

 - Mais pas moi! dit-elle en tapant du pied avant de se tourner vers le jeune homme. Mon prince, je vous remercie de m'avoir sauvée mais je ne puis vous épouser. Mon père pourra certainement se délester d'un coffre d'or pour vous remercier de votre geste héroïque. Empoisonner le dragon était plus judicieux que de l'attaquer à l'épée. Pas comme tous ces imbéciles qui vous ont précédés.

Le prince s'empourpre tandis que la foule murmure. Il cherche ses mots mais il choisit de se taire et de saluer la princesse.

- Tu ne peux pas faire cela, Etoile! J'ai promis ta main et...- Et si vous ne voulez pas que je m'enfuis, vous devez renoncer à votre projet. Les tours gardées par un dragon ne manquent pas dans le pays, je devrais en trouver une à mon goût sans difficultés. dit la jeune fille en toisant son père.

Le prince rit et il s'incline devant le roi.

- Il me semble que c'est à la princesse de décider de la récompense appropriée, je la laisse en juger. dit le jeune homme en souriant à la princesse. Je vous souhaite une bonne fin de journée. dit-il avant de tourner les talons.

Le roi s'empresse de le rejoindre et il fait signe à son ministre qui revient avec un coffre empli d'or, de perles et de pierres précieuses de s'avancer.

- Je dois me souvenir de le récompenser comme il se doit. Il m'évite le ridicule, il faut toujours récompenser les bons serviteurs. songe le roi en voyant le prince accepter le présent.

Le jeune homme franchit les portes et il prend la bride du cheval qu'on lui a donné. Tandis qu'il harnache le coffre, il fulmine.

- Sans cette sale petite peste, j'aurais été riche et... Je dois me marier avant mon frère. Mon père a dit que le premier qui se marierait avec une fille de son rang lui succèderait. J'ai failli me faire tuer pour rien!

Le prince tape du pied et il réfléchit un moment. Puis il sourit et il grimpe sur son cheval qu'il dirige vers la demeure d'un seigneur de sa connaissance.

- Il est pauvre et je suis riche. Je ne devrais pas avoir de difficultés à trouver une fille qui veuille m'épouser. Je suis prince, jeune, beau et riche. Le tout est que la noce se fasse rapidement, avant que mon frère ne se trouve une épouse.

Compte-rendu de mission

- Je rentre tout juste d'une mission sur la planète appelée Terre. Cette planète, malgré ses nombreux atouts, n'est pas habitable en l'état. Elle est trop polluée. L'air est lourd et difficile à respirer. Partout, des boites en fer et verre montées sur roues se déplacent en rejetant de l'air toxique à n'en plus finir ce qui rend cette planète inapte à la respiration normale. Elle est peuplée d'humains, il n'y pas d'autres animaux. Ou presque, quelques oiseaux qui ne chantent jamais dans les rares arbres tous identiques et alignés, des chiens, des chats, des mouches, des moustiques, quelques rats et renards. Parfois un écureuil. Mais c'est bien tout. Il nous faut des réserves de nourritures variées et abondantes. Il n'y a pas de place pour cultiver la terre, juste un peu au pied des arbres mais ils sont rares et il y a trop peu de place pour faire pousser quelque chose correctement. Le ciel est bouché par des cubes de pierre, on ne voit pas d'étoiles la nuit. Et sans étoiles comme espérer rentrer chez nous si le moment devait venir?? Et il y a une maladie qui traine dans l'air, l'air est irrespirable, chargé de pollution, les humains portent des morceaux de tissu devant la bouche pour se protéger. Pas tous mais une bonne partie. Nous ne pouvons pas prendre un tel risque, la Terre ne peut pas accueillir notre espèce, je le crains.

   Le petit humanoïde vert se lève et il fait regarde le chef de mission qui réfléchit. Il a croisé ses deux paires de bras derrière son dos et sa fine queue en forme de fouet bat l'air en sifflant.
- Bien, cette planète n'a rien d'accueillant. Elle est envahie par les humains. Nous partons. 
 
  Un chien jappe tandis que la soucoupe volante se dégage de sous la haie où elle s'était posée. L'animal regarde l'objet s'envoler à grande vitesse et se perdre dans les nuages.

21/07/2020



vendredi 14 août 2020

Cérémonie nocturne

   Le cercle réuni autour du feu chante dans la nuit. La tête penchée vers le sol, les participants se donnent la main et ils se concentrent sur leur invocation en cette nuit de fête. Vêtus de vaporeuses robes blanches, leurs pieds nus les glacent peu à peu mais ils font mine de ne rien remarquer, concentrés sur la cérémonie en l'honneur de leur divinité, perdue dans les siècles passés dont ils attendent un signe depuis leur entrée dans la confrérie.

   L'herbe verte et triomphante de ce jour de juillet se fige à mesure qu'elle se couvre d'une fine pellicule de givre qui devient glace. Les participants jettent un regard intrigué à leurs pieds mais il est trop tard, le froid les prend et engourdit leurs muscles. Ils n'ont pas le temps de bouger qu'ils s'effondrent, fragiles statues de glace qui déjà se réchauffe à la chaleur du feu qui crépite au centre du cercle.

   Au matin des randonneurs découvrent des robes blanches froissées qui gisent dans l'herbe en un cercle parfait. A côté de chaque vêtement abandonné, l'herbe est brûlée tandis que les cendres refroidies au centre du cercle n'est qu'une pièce supplémentaire de l'énigme.


vendredi 7 août 2020

La reine de glace

La petite fille tire sa luge avec difficulté, ses poumons glacés par l'air hivernal de ce jour de décembre.
- Je vais y arriver! s'encourage-t'elle en raffermissant sa prise sur la corde.
Lorsqu'elle atteint enfin le sommet, elle repousse une mèche de cheveux qui lui chatouille le front depuis plusieurs minutes et elle lâche le lien qui la rattache à la pièce de bois peinte qui glisse dans un bruit feutré. Impuissante, elle la regarde rebondir sur une bosse qui lui fait craindre le pire. Les dents serrées, elle attend le désastre mais la luge continue sa course avec vaillance, toujours plus vite. Soulagée, la petite fille se met à courir dans l'espoir de la rattrapper. Arrivée en bas de la pente, elle regarde de tous côtés mais la luge est introuvable.
- La luge toute neuve que j'ai reçue à noël! Peinte en rouge comme je le voulais!

Des yeux, elle suit les traces laissées par la luge et elle se rend compte qu'elle a dévié après avoir rencontré une bosse. La petite fille suit les traces, essoufflée par l'air glacé, un peu inquiète de ne pas voir apparaître la tache colorée qui lui signalerait l'emplacement de la luge. Lorsqu'elle voit le trou laissé dans un amas de neige, elle soupire de soulagement. Sans réfléchir, elle s'engouffre dans le trou mais elle ne voit pas trace de la luge et le trou se poursuit, tunnel s'enfonçant dans les entrailles glacées.
- Elle ne peut être bien loin. chuchote-t'elle en avançant peu rassurée par la lumière déclinant au fur et à mesure de son avancée vers le fond. Au pire, je traverserai le tas de neige et je ressortirai de l'autre côté.
Tremblant de froid, elle s'engouffre dans le tunnel qu'elle suit durant plusieurs minutes dans une faible lumière. Le tunnel s'élargit et elle se retrouve dans une immense caverne de glace où trône un palais de glace finement ciselé.

Ravie, la fillette entre dans l'édifice et elle s'extasie sur la délicatesse des pièces qu'elle traverse les unes après les autres, meublées avec goût de meubles de glace. Elle passe de pièce en pièce en songeant qu'elle risque de se perdre mais la joie qu'elle ressent dans cette merveille qui brille comme du cristal la distrait de sa préoccupation. Une femme vêtue d'une vaporeuse robe abricot s'avance vers elle en souriant, étincelante sous ses bijoux de diamant. La petite fille sourit et la joie l'inonde tandis que la belle femme s'avance vers elle, sourire aux lèvres.
- Bonjour, je vous attendais.
- Qui êtes-vous?
- Je suis la reine des glaces et je suis prisonnière depuis des siècles de cette caverne enchantée.
- Pourquoi avez-vous été emprisonnée?
La femme soupire et sa longue tresse bat ses épaules. Elle lève ses yeux bleu clair sur l'enfant et elle joue avec une mèche d'or pâle qui chatouille son front. Puis, elle sourit et chasse la mèche rebelle avant de tendre la main à la fillette.
- Je suis prisonnière parce que j'ai commis une erreur mais tu peux me sauver.
- Comment?
La femme se penche vers elle et elle lui sourit en l'examinant.
- En prenant ma place.
La main chargée de bagues balaie l'air et la petite fille chancelle sous le coup qui la jette à terre. Son assaillante court vers la sortie, ses escarpins à la main et la fillette se relève avec maladresse, transie de froid. A pas lents, elle rejoint la sortie en claquant des dents mais où qu'elle aille, elle est cernée par les pièces du château qui lui semblent infinie. Lorsqu'elle revient à son point de départ après avoir traversé une vingtaine de pièces, elle comprend qu'elle est perdue.
- Ce château est ensorcelé ou circulaire ou... Peu importe, je suis prisonnière.
Les larmes coulent sur ses joues et ses sanglots se répercutent sur les voûtes de glace. Mais seul lui répond le silence.