dimanche 23 août 2020

Mariage princier

- Cher prince, vous avez terrassé le dragon en lui tranchant la tête d'un coup d'épée, tué la sorcière qui retenait la princesse et réveillé la princesse avant de la ramener saine et sauve au château. Sa main est à vous. dit le roi devant la cour réunie.

Le jeune homme agenouillé au pied du trône sourit et il lève les yeux vers la princesse aux longs cheveux blonds qui masque son regard couleur myosotis de ses paupières baissées.
- Le château du Bord de l'étang est mon cadeau de mariage, j'ai fait envoyer des ordres pour qu'il soit ouvert et le mariage sera célébré sous peu. Relevez-vous, mon gendre.

   Le jeune homme se relève, envahi par l'émotion. Il se souvient d'avoir manqué perdre son cheval dans la bataille contre le dragon puis la sorcière mais lorsqu'il a vu la princesse, il a su qu'il n'avait pas fait tout ce chemin en vain. En tant que cadet de famille, il ne pouvait espérer l'indépendance. Ni son père, ni son frère aîné ne la lui auraient accordé. La main de la princesse scellait une paix durable entre les deux royaumes et lui assurerait l'indépendance tant rêvée.

- Majesté, je suis honorée d'avoir rendu service au royaume et de sceller une union entre nos deux contrées afin de renforcer la paix. Les guerres ont ensanglanté les débuts de votre règne et de celui de mon père et je suis honoré de me faire l'artisan d'une paix durable entre nos deux nations.

   La foule applaudit et le prince rougit de contentement. La paix qu'il apporte à son père, sa bravoure reconnue de tous alors qu'il n'avait fait que laisser une vache morte empoisonnée par ses soins, le ventre farci de poison au pied de la tour à la faveur de la nuit. A l'aube, il a vu le dragon mort et lui a tranché la tête.

- Je n'ai pas été brave. Personne ne doit le savoir. D'un autre côté, j'ai été plus malin que ces pauvres bougres qui se sont élancés vers le monstre, l'épée à la main. Et quand je suis monté dans la tour, la sorcière cuvait son vin, une bouteille à la main. Je n'ai eu qu'à lui trancher la gorge avant de monter embrasser la princesse Etoile. Etoile, quel prénom ridicule s'il en est; ses parents étaient bien en peine lorsqu'il a fallu choisir un prénom. songe le jeune homme en souriant à la foule.  
  
 Le roi tape dans ses mains et le prêtre s'avance vers le prince tandis que le roi tend la main vers sa fille qui le regarde, sourcils froncés.- Etoile, veux-tu te lever pour célébrer ton union avec ton fiancé, le 
prince Boris. 
La jeune fille se lève avec toute la dignité dont elle se sent capable et elle regarde son père.
- Je vous demande pardon, mon roi. Il n'a jamais été question de fiançailles et encore moins de mariage.
Le roi soupire et il regarde la jeune fille.
- J'ai promis ta main à qui te délivrerait. 

 - Mais pas moi! dit-elle en tapant du pied avant de se tourner vers le jeune homme. Mon prince, je vous remercie de m'avoir sauvée mais je ne puis vous épouser. Mon père pourra certainement se délester d'un coffre d'or pour vous remercier de votre geste héroïque. Empoisonner le dragon était plus judicieux que de l'attaquer à l'épée. Pas comme tous ces imbéciles qui vous ont précédés.

Le prince s'empourpre tandis que la foule murmure. Il cherche ses mots mais il choisit de se taire et de saluer la princesse.

- Tu ne peux pas faire cela, Etoile! J'ai promis ta main et...- Et si vous ne voulez pas que je m'enfuis, vous devez renoncer à votre projet. Les tours gardées par un dragon ne manquent pas dans le pays, je devrais en trouver une à mon goût sans difficultés. dit la jeune fille en toisant son père.

Le prince rit et il s'incline devant le roi.

- Il me semble que c'est à la princesse de décider de la récompense appropriée, je la laisse en juger. dit le jeune homme en souriant à la princesse. Je vous souhaite une bonne fin de journée. dit-il avant de tourner les talons.

Le roi s'empresse de le rejoindre et il fait signe à son ministre qui revient avec un coffre empli d'or, de perles et de pierres précieuses de s'avancer.

- Je dois me souvenir de le récompenser comme il se doit. Il m'évite le ridicule, il faut toujours récompenser les bons serviteurs. songe le roi en voyant le prince accepter le présent.

Le jeune homme franchit les portes et il prend la bride du cheval qu'on lui a donné. Tandis qu'il harnache le coffre, il fulmine.

- Sans cette sale petite peste, j'aurais été riche et... Je dois me marier avant mon frère. Mon père a dit que le premier qui se marierait avec une fille de son rang lui succèderait. J'ai failli me faire tuer pour rien!

Le prince tape du pied et il réfléchit un moment. Puis il sourit et il grimpe sur son cheval qu'il dirige vers la demeure d'un seigneur de sa connaissance.

- Il est pauvre et je suis riche. Je ne devrais pas avoir de difficultés à trouver une fille qui veuille m'épouser. Je suis prince, jeune, beau et riche. Le tout est que la noce se fasse rapidement, avant que mon frère ne se trouve une épouse.