samedi 31 décembre 2016

Le chasseur et le puits

  Une nuit, un chasseur entendit du bruit hors de sa maison. C'était la nuit de noël et la neige brillait comme un lac d'argent sous la pleine lune. Le chasseur entendait chanter la fontaine au fond de son jardin mais le silence l'enveloppait s'il occultait ce doux murmure. Il s'en approcha quand il entendit le bruit d'un caillou qui tombe dans l'eau en brisant la mince couche de glace formée par le froid hivernal.

  Le chasseur s'approcha et il glissa dans un trou, il avait oublié le puits au mince couvercle caché par la neige. Il n'avait ni couteau ni corde pour tenter de remonter. Un loup hurla au loin, il espérait qu'il ne viendrait pas lui rendre visite tandis que ses pieds gelaient dans ses bottes fourrées.

  Le loup s'approcha, le regarda. Il tira sur la branche de l'arbre proche et la fit descendre dans le puits. Le chasseur put remonter, le loup avait disparu.

Nanowrimo Novembre 2016: Le visiteur indésirable


Un jour qu'Eglantine-Roselis était allée se promener dans la forêt, elle trouva un intrus qui avait pris possession de sa maison. Un rouge-gorge a trouvé que sa maison ferait un nid douillet pour sa nichée. La fée se trouve bien embêtée, elle est si petite qu'elle ne voit pas comment elle pourrait bien chasser l'indésirable qui tranquillement commence à faire son nid. Il apporte des brindilles et des bouts de bois qu'il installe au milieu de sa maison.

Eglantine-Roselis tape du pied, crie et s'énerve mais l'oiseau lui crie dessus et tente de lui donner des coups de bec. La fée réfléchit. Il y a bien Riagal, le chat de la maison qui pourrait le faire fuir mais elle ne voit pas comment l'attirer par ici. Et même s'il a déjà trouvé sa maison, l'a reniflée puis s'en est désintéressé, elle ne trouve pas que ce soit une très bonne idée que de lui indiquer sa cachette, on ne sait jamais.

Dépitée, elle décide de prendre une mince branche toute en longueur et de tenter de piquer l'oiseau pour le faire fuir, elle ne réussit qu'à manquer de se voir blesser par les coups de bec furieux de l'oiseau. Elle réfléchit : lui lancer des pierres aura le même effet. Il a cassé sa porte qu'elle devra réparer une nouvelle fois donc en mettre une nouvelle plus solide ne l'arrêtera pas !

La seule idée qui lui reste est dangereuse : elle compte utiliser le feu. Elle commence par aller au lac humidifier des petites branches qu'elle place en tas près de la porte d'entrée mais un peu à l'écart. Il ne faudrait tout de même pas la faire brûler ! Elle allume le feu qui commence à faire de la fumée, épaisse, elle emplit bientôt totalement la petite maison. Furieux, l'oiseau sort en piaillant, il s'envole loin du nid qu'il avait trouvé. Soulagée, Eglantine-Roselis nettoie sa petite maison ce qui lui prend tout l'après-midi et place une nouvelle porte qu'elle espère plus solide.

L'écrivain de sa fenêtre a bien vu que de la fumée s'élevait du fond de son jardin. Intrigué, il s'apprête à aller voir ce qui se passe mais il n'y a plus rien quand il revient. Il a dû rêver...


vendredi 30 décembre 2016

L'écrivain du monastère

  Un écrivain de romans fantastiques décida de passer une nuit dans un monastère hanté. Il était dans une période de panne d'inspiration qui s'éternisait et son contrat ne lui laissait plus que six mois pour livrer un manuscrit, il lui fallait une idée. Il espérait que ces quelques jours de vacances studieuses lui donneraient des idées. Il partit sans prévenir personne dans une région reculée de montagnes. Il arriva le soir sous un ciel menaçant.

  Cette nuit-là, la neige tomba en pluie drue qui se mua en tempête, il ne pourrait retrouver la civilisation avant plusieurs jours. La journée, il se promena dans le monastère désert, explorant les pièces vides car hormis, quelques pièces au rez-de-chaussée où dormaient les clients qui louaient le lieu pour quelques jours aux beaux jours, tout le reste du bâtiment restait généralement inoccupé.

  La deuxième nuit, il rêve du fantôme d'une femme qui vient lui rendre visite, elle porte à son corsage une rose rouge. Au matin, il trouve la fleur sur son oreiller. Il interrogea les moines qui vivaient dans une dépendance et occupaient les lieux quand il n'y avait pas de clients mais ils ne purent que lui rappeler que les femmes n'avaient autrefois rien à faire dans un monastère où vivaient des hommes. Après avoir effectué des recherches dans leurs archives, les moines lui envoyèrent un email où ils lui dirent que tout ce qu'ils avaient trouvé à propos d'une femme était que la fille de l'architecte du monastère avait péri lors de la chute d'une pierre tandis qu'elle apportait leur repas aux ouvriers.

  L'écrivain se mit à sa table de travail, il avait son histoire.

jeudi 29 décembre 2016

Pagaille en cuisine

  Quand j'étais étudiant, je travaillais dans un restaurant chic le week-end. Je me souviens de tables rondes aux nappes brodées, de fauteuils de bois rembourrés de soie rose et de rideaux de velours vert qui tenaient avec des embrasses de métal couleur or vieilli orné de feuilles et de roses.
Un soir de nouvel an, le restaurant était plein à craquer. A l'époque, je naviguais entre la cuisine et la salle. Normalement, il fait toujours chaud en cuisine avec tous les feux allumés partout et les appareils qui tournent mais je traversais un courant d'air froid qui me fit frissonner malgré la chaleur ambiante. Je pensais que j'étais malade ou qu'il y avait effectivement un courant d'air mais je haussais les épaules mon plateau à la main. Je m'arrêtais au bar, un magnifique bar tout en acajou pour discuter avec le barman durant une ou deux minutes. Derrière lui, une coupe de champagne se brisa sans raison apparente. Il ramassa le cristal en se disant qu'il avait dû la fragiliser en faisant la vaisselle, je le laissais pour retourner à mon travail.

  Les clients arrivaient, je les accueillis comme d'habitude. Le repas, un menu unique commença à être servi dans un joyeux désordre : un saucier tomba, un plateau entier de flûtes de champagne fut renversé inondant le carrelage. Deux rideaux de velours tombèrent sur des clients, ils étaient lourds et immenses, ils eurent toutes les peines du monde à s'en défaire.

  Le repas fut un désastre, les clients étaient furieux mais le clou du spectacle fut l'arrivée d'une nappe flottant dans les airs. On devinait une silhouette humaine, ça ressemblait aux fantômes qu'on voit dans les mauvais films où un enfant tente de faire peur à ses cousins en mimant un fantôme et en criant « ouh ouh ». Sauf que ce n'était pas une blague, il n'y avait personne dessous, pas de pieds qui dépassaient.

  Nous fermâmes précipitamment le restaurant ce soir-là en promettant de rembourser les clients (cette soirée était sur réservation, nous avions les noms et numéros de téléphone des clients). Le lendemain, tout était en place : la cuisine et la salle avaient été rangés, la vaisselle avait été faite, le linge avait été lavé et repassé.

mercredi 28 décembre 2016

Murs cauchemardesques

- La porte est fermée !, je ne comprends pas, elle était ouverte, il y a un instant. Je me parle à haute voix comme souvent lorsque je réfléchis intensément. Je suis dans une pièce blanche que j'examine avec attention. Il n'y a que quatre murs blancs et très très lisses avec une porte comme encastrée dans le mur sans poignée de ce côté de la porte, ni même de plaque de métal pour retenir la poignée. C'est à croire que le mécanisme est dans l'épaisseur du bois de la porte.

  Intrigué, j'examine les murs et le plafond plus attentivement : je n'ai jamais vu un mur si lisse, une œuvre d'art. Ce que je ne comprends pas, c'est qu'il semble fait d'une matière plastique ou d'un polymère qu'on ne peut entamer avec l'ongle. Pas de fenêtre, d'interrupteur, rien du tout. Au centre de la pièce, il n'y a qu'une grille d'évacuation sans doute pour évacuer l'eau du ménage.

  Le silence, je n'entends que le silence. Je m'assieds au centre de la pièce près de la grille d'évacuation que j'examine attentivement : il y a des dépôts rouges agglutinés sur la grille que je ne parviens pas à identifier.

  J'examine de nouveau la pièce, elle me semble avoir rétréci ; mon cœur s'emballe dans ma poitrine. Je retire mon foulard que je place exactement à une main droite posée à plat du mur, je me rassois pour réfléchir, je me suis couchée hier soir comme d'habitude, d'ailleurs, je porte encore mon pyjama d'hiver rose avec des petits cœurs. Je suis pieds nus sans robe de chambre ou pull donc je devais dormir quand j'ai rouvert les yeux dans cet endroit.
- Hé oh ! Personne ne répond comme je m'en doutais.
Je regarde mon foulard : oui, les murs se sont rapprochés, je ne peux plus étaler ma main désormais. A vue de nez, j'ai une heure pour quitter la pièce. Durant une courte demie-heure, je parcours la pièce, j'examine les murs, je regarde attentivement le plafond, rien : pas de porte, pas d'ouverture quelconque ; pourtant, je suis bien entrée ! Je ne vois qu'une seule solution : je suis entrée par le toit qu'on a enlevé comme un couvercle géant, c'est ma porte de sortie.

  Les murs sont lisses et bien plus hauts que moi, je ne peux en atteindre le bord puisqu'il n'y en a pas. Je me dis que s'il y avait une trappe en plein milieu du plafond, je pourrais tenter de monter une fois les murs suffisamment rapprochés mais il n'y en a pas. Je m'assieds au centre de la pièce, près de la grille d'évacuation et je commence à pleurer, je ne vois pas d'échappatoire.

  Il me reste une demie-heure, j'essaie de bloquer le mur en coinçant mon chausson dessous mais rien n'y fait, comme je m'y attendais mais j'aurais essayé. J'essaie de voir dans les coins si je ne vois pas un mécanisme que je pourrais enrayer avec le rembourrage de mon chausson mais le mécanisme est derrière le mur et je n'ai pas la place pour glisser des fibres synthétiques dans l'espoir de le gripper.

  Il me reste un quart d'heure, l'espoir s'amenuise. Je me rassois au centre de la pièce, j'ai désormais à peine la place de m'asseoir en tailleur mais plus pour longtemps. Je dois rapidement me remettre debout.

  Il me reste cinq minutes, je suis debout, je peux encore écarter un peu les bras mais plus pour longtemps.

 Il est sept heures, mon deuxième réveil sonne, je suis en retard pour aller en cours !

mardi 27 décembre 2016

La rostitchara

  Il existe un palais désaffecté transformé en musée où d'après les rumeurs un tsar a été victime d'empoisonnement ; sa fille pour empêcher le pays de tomber dans le chaos fit une promesse pour le sauver. Elle tomba dans un profond sommeil suite à cette malédiction dont elle avait accepté les conséquences.

  Elle avait donné son cœur à un jeune seigneur d'un rang bien inférieur au sien qui se fit la promesse de la libérer. Il vint visiter sa bien-aimée en secret durant la nuit et la trouva froide comme un flocon de neige. Le tsar et son épouse étaient inconsolables, la jeune fille ne se réveillait pas mais ne semblait pas morte. Elle dormait, tout simplement, sereine et immobile comme l'océan un jour de calme. On ne pouvait expliquer l'origine de ce sommeil, les médecins et même les sorciers ne trouvaient pas d'explications, on pencha donc rapidement pour la sorcellerie et un mauvais sort.

  Le jeune seigneur venait la voir toutes les nuits ; enroulé dans sa cape, il restait auprès d'elle à regarder l'aiguille de l'horloge marquer le passage du temps. Sa nourrice avait de grandes connaissances en contes et légendes, ses récits avaient bercé son enfance et il se décida à abandonner sa bien-aimée pour aller la consulter. Sa vieille nourrice lui donna l'adresse d'un enchanteur qui lui dit qu'il pouvait préparer une potion pour réveiller la jeune fille mais pour cela, il lui fallait de la cendre de rostitchara*. Cette fleur rare existait, il en était certain mais il ne savait où la trouver ni en trouver une description, elle était bleue comme le ciel mais c'est tout ce qu'il savait.

  Le seigneur partit à la recherche de cette denrée rare, il savait que c'était une fleur bleue, mais il n'en savait pas plus. Durant une année, il parcourut le pays à la recherche de cette rostitchara sans succès, il interrogea des botanistes, des paysans, des érudits, des pharmaciens, personne n'en avait entendu parler. Mais le jeune homme n'abandonna pas sa quête. Enfin, il interrogea un jour, un paysan qui lui indiqua où trouver la fleur : il devait aller à un endroit où autrefois des sorcières vivaient et il trouverait peut-être, s'il était chanceux, un petit lys bleu comme un ciel d'été. Le jeune prince remercia le paysan et il repartit à la recherche cette fois-ci d'un ancien lieu de vie de sorcières. A force d'interroger un peu partout, on lui indiqua un village isolé où il trouva une famille de sorcières, bien vivantes celles-là. Oui, elles connaissaient cette fleur et oui, elles en avaient dans leur jardin. Elles lui en donnèrent sans poser de question et il repartit vers le palais.

  Il retrouva la demeure de l'enchanteur qui prépara la potion avec des cendres de rostitchara. La jeune fille but la potion et revint à la vie, le jeune prince l'épousa et n'oublia pas de récompenser ceux qui l'avaient aidés dans sa quête.

*Rostitchara prénom féminin russe signifiant « future sorcière »


Evelyne Rochemolle

"Ainsi c'était donc vrai, Evelyne Rochemolle était bien la coupable.". Coupable de quoi? 

L'inspecteur met les mains dans les poches de son imperméable élimé. Pensif, il regarde Evelyne Rochemolle, belle femme blonde de la cinquantaine, qui pleure dans son mouchoir, assise sur le canapé. 
- Lieutenant, dit l'inspecteur en ôtant son cigare de la bouche. 
- Oui, inspecteur, qu'y a-t'il? Nous avons la preuve que le sieur Sabledur n'a pas pu commettre le meurtre. Il est au Brésil depuis deux mois déjà...
- Non, ce n'est pas lui. Amenez moi les restes de la tarte aux fraises mis sous scellés, je vous prie!
- Tout de suite, inspecteur!

Il se retourne vers la veuve qui pleure toujours dans son mouchoir.
- Je sais qui est le coupable et j'en ai la preuve!
- Vous osez m'accuser??
- Ainsi, c'était donc vrai: Evelyne Rochemolle était bien la coupable! Coupable de quoi, au fait, inspecteur? demande le lieutenant Pouléocuri.
- Vous n'avez donc rien compris? Elle a fait disparaître les preuves, une tarte aux fraises!
- Mais, est-ce donc un crime? 
- Non, c'est un crime quand on mange la tarte faite spécialement par le cuisinier de la reine pour le président Trasse. Il rencontre son homologue américain ce soir et rien ne le met plus d'humeur joyeuse et conciliante qu'un bon repas. Vous imaginez? Le caractériel président Trasse à la table de notre maladroit président? E s'ils boivent? C'est la botte secrète de nos diplomates. Bon, on va appeller le cuisinier de la reine pour qu'il fasse un entremets minute avec beaucoup d'alcool pour calmer les nerfs de ces messieurs. Quant à la coupable...
- Elle vient de sauter par la fenêtre, inspecteur!
- Par ce temps! Avec ses talons aiguille et sa mini-jupe? Laissez-moi rire. Allez donc la repêcher, elle doit être affalée quelque part dans la boue sous la fenêtre. Bon, ma femme m'attend pour dîner et comme ma femme dit toujours: "L'heure, c'est l'heure! Surtout quand elle fait du colombo de poulet au curry!" Bonne soirée; lieutenant!

Toute ressemblance avec des personnages existant n'est pas fortuite. Nous étions en fin de séance, bien fatiguées.

08/08/2016

lundi 26 décembre 2016

Le vaisseau spatial piraté

  Il était une fois, une jeune fille qui vivait sur un bateau volant qui voguait à travers l'espace. Un jour qu'elle flottait dans le ciel, elle croisa un immense vaisseau spatial avec un éperon, elle reconnut un chasseur qui s'attaquait aux vaisseaux solitaires, ces personnes qui vivaient en marge de la société qui avait colonisé les planètes du système solaire.

  Le vaisseau de la jeune était près d'une étoile, elle l'observait et ne vit le vaisseau pirate que trop tard. Elle avait été harponnée. Des brigands armés de barres de fer montèrent à bord et la firent prisonnière. Ils abandonnèrent son vaisseau et s'apprêtaient à repartir quand survint une éclipse, rapide comme cela arrive quand on est proche de l'astre qui disparaît. Ce fut bientôt le noir complet. La téméraire jeune fille tenta sa chance, elle sauta sur son bateau à l'aveugle. Elle le connaissait par cœur et à tâtons, une fois pieds nus, elle trouva le poste de commandement.

  Elle savait que les pirates allaient l'entendre et qu'il ne lui restait que peu de temps, elle mit le moteur au maximum et fila dans l'espace en arrachant les harpons au passage après avoir traîné le bateau pirate pendant quelques temps dans son sillage. Elle n'hésita pas à plonger au cœur d'une tempête qui se rapprochait pour avoir une chance de semer ses poursuivants. Son vaisseau nécessiterait des réparations mais elle était sauvée et libre.



A travers la porte

  Ce soir-là, Jules se coucha comme d'habitude. Durant la nuit, il entendit un grincement dans sa chambre. Il alluma sa lampe de chevet et se rendit compte qu'une porte était ouverte dans le mur face à lui. Intrigué, il s'approcha pieds nus et sans mettre sa robe de chambre malgré le froid.

  Il alla chercher une lampe de poche dans le tiroir de son bureau, vérifia qu'elle fonctionnait et passa la porte après avoir coincé un livre pour l'empêcher de se fermer. Il se retrouva dans une jungle en plein jour, un chemin passait juste devant lui, il repéra l'emplacement de son placard et avança droit devant lui.

  Il marcha durant une demie-heure et entendit pleurer. Un petit garçon était assis au pied d'un arbre. Il s'appelait Serge et il lui raconta qu'il avait passé la porte et qu'elle s'était refermée toute seule, il était coincé depuis une semaine et désespérait de sortir de ce monde étrange. Il n'y avait que de la jungle, des arbres étranges, mais pas d'animaux sauvages. Il n'y avait que des fruits à manger et pas de porte de sortie. Ce monde était un cercle d'un kilomètre de diamètre fermé par des murs. Parfois une ouverture se dessinait dans le mur mais elle ne restait jamais longtemps sur le mur, elle disparaissait.

  Jules s'inquiéta alors : et s'il se retrouvait coincé ? Il prit Serge par la main et il retrouva son chemin. La porte commençait à s'effacer. Ils poussèrent tous les deux de toutes leurs forces et parvinrent à ouvrir la porte avant sa disparition.

  Une fois rentrés dans la chambre de Jules, en sécurité, ils purent enfin se reposer au calme. Serge voulait rentrer chez lui sans attendre et il sortit discrètement par la porte d'entrée. Il promit d'écrire à son nouvel ami et s'avança en pyjama sur le trottoir. C'est à ce moment-là qu'il se rendit compte qu'il avait changé de climat et surtout d'époque.

dimanche 25 décembre 2016

Le sortilège du bal de l'hiver

  Roseline venait tout juste d'avoir quinze ans, elle vivait dans un château avec ses parents qui avaient parmi leurs relations de nombreux sorciers, des fées et toute sorte de créatures énigmatiques. La jeune fille aimait à leur poser des questions sur leurs pouvoirs et à les écouter parler.

  Durant le solstice d'hiver, les parents de Roseline organisaient traditionnellement un bal où ces gens merveilleux étaient conviés à festoyer librement. Car en ces temps reculés, on brûlait les sorciers et ceux qui pratiquaient cet art devaient se cacher.

  Roseline était fascinée par ces pouvoirs et très très curieuse. Elle furetait un peu partout dans le château et tentait de déchiffrer les grimoires. Cette année-là, elle trouva un vieux sorcier endormi sur un livre ouvert dont elle reconnaissait l'écriture. La jeune fille s'approcha sur la pointe des pieds et reconnut du latin, langue qu'elle étudiait.
Brûlante de curiosité, elle tira doucement le grimoire à elle et commença à le feuilleter tremblant de peur, d'impatience mais également du délice de l'interdit. Le vieux sorcier remua, elle craignit de se voir démasquer mais il n'en fut rien, le vieil homme se rendormit. Maintenant, elle avait peur qu'on la trouve là ; pour cette raison, elle choisit une formule un peu au hasard pour que cette nuit merveilleuse « dure plus longtemps que le jour et la nuit réunis ».

  Et elle dura cette nuit encore et encore. Elle ne finit jamais, tout le pays était figé dans cette nuit magique. Roseline ne savait comment briser le sortilège et elle ne pouvait quitter le pays qui était protégé par une barrière magique. Le contre-sort était une énigme dont elle ne connaissait pas la réponse : L'étoile d'argent apportée par le vent rétablira le cours du temps.

  Roseline fouilla la bibliothèque à la recherche de la mention de cette étoile d'argent, elle fouilla les grimoires qui en parlaient parfois sans donner de précisions, elle fouilla la bibliothèque puis s'aventura hors des murs du château pour se nourrir et trouver d'autres sources d'information. Elle parvint à se nourrir grâce à la nourriture qu'elle trouva en abondance dans les caves et les greniers ; et c'est tant mieux car elle ne savait pas cultiver la terre ou chasser. Elle ne savait pas non plus s'occuper des bêtes qui vécurent leur vie dans les champs aussi libre qu'on peut l'être enfermé dans un champ aussi vaste soit-il.

  Seule, elle errait dans le château et dans le pays, à pied le plus souvent car les chevaux étaient redevenus sauvages dans leurs vastes prés. Elle fouilla le laboratoire de l'enchanteur sans succès.

  Dix ans passèrent ainsi et un jour, elle se décida à ouvrir les lettres cachetées qui prenaient la poussière sur le bureau du magicien. A quoi bon les garder secrètes puisqu'elle était seule désormais ? Elle espérait y trouver les coordonnées de magiciens mais elle ne pourrait les contacter donc elle chassa cette pensée.

  Dans la cinquantième, elle trouva ce qu'elle cherchait :
«  Cher ami,

Vous trouverez ici un échantillon comme nous en avions convenu ; il s'agit d'un gnaphale à pied de lion séché, une étoile des glaciers, une étoile d'argent qui pourrait vous servir pour vos expérimentations. Je suis actuellement en plein travaux sur cette plante rare et magnifique et je serais ravi comme je vous l'ai dit que nous échangions sur nos découvertes, car cette plante rare a des propriétés intéressantes. Ce serait notamment un excellent antidote aux soubresauts dans le cours du temps. », suivaient les formules de politesse d'usage.

  Roseline tenait dans le creux de sa main une poignée de fleurs séchées qui avaient pâlies avec le temps. Tremblante, elle se dit que c'était peut-être ce qu'elle cherchait depuis si longtemps. Elle fit une décoction d'une moitié de fleur dans un tout petit peu d'eau pour ne pas gâcher son précieux ingrédient. Elle devrait sans doute tenter plusieurs façons de s'en servir. Une fois la décoction refroidie, elle en aspergea l'enchanteur qui reprit sa forme habituelle. Quand elle lui raconta sa faute, il fut furieux mais se contenta de ne rien dire et d'annuler le sortilège qui avait plongé le pays dans un sommeil de dix ans.

  Elle était la seule à avoir vieilli durant ce laps de temps et elle ne put donc cacher être à l'origine de cet arrêt du temps. Elle avait désormais vingt-cinq ans, son père la déshérita pour toute punition et l'affaire fut close. La fête du bal de l'hiver n'eut plus jamais lieu par la suite car elle rappelait trop de mauvais souvenirs.

samedi 24 décembre 2016

La reine, le chevalier et la grenouille

  Une méchante reine avait fait prisonnière une petite fille parce qu'elle avait refusé de lui dire bonjour ; ce jour-là, un défilé avait traversé la ville et la foule acclamait la reine. La petite fille avait fait tomber sa poupée que la méchante reine avait ramassée et rendue à la petite fille. Comme elle voulait faire bonne impression devant ce peuple qu'elle opprimait, la méchante reine s'était montrée aimable mais la petite fille sentait la nature mauvaise de ce cœur noir et avait pris peur. La vraie nature de la méchante reine avait pris le dessus et elle l'avait fait emprisonner.

  Inconsolables, les parents demandaient régulièrement si un preux chevalier ne pourrait la délivrer. Un jour, un chasseur entendit leur plainte. De retour chez lui, il alla voir le chevalier à qui il vendait presque toute sa chasse. Il le tenait en haute estime et il lui parla de la petite fille emprisonnée injustement. Le chevalier l'écouta attentivement et attendri décida d'aller délivrer la demoiselle en détresse.

   La nuit venue, ils partirent vers le château. Le chevalier dont le père avait longtemps servi sous les ordres de l'ancien roi, savait qu'un passage secret permettait d'entrer dans le château par la forêt. Il retrouva, après quelques heures de recherche, le vieil arbre creux qui communiquait avec un souterrain qui menait aux caves du château. Ils entrèrent tous deux dans le bâtiment qui était gardé de l'extérieur, comme ils arrivèrent directement à l'intérieur, ils ne furent pas inquiétés.

  Ils commencèrent par chercher les cachots ce qui fut vite fait car ils étaient sous le château, où il n'y a ni lumière ni air ni lueur d'espoir.Il suffisait de descendre toujours plus profond. La petite fille et tous les prisonniers furent vite délivrés car le gardien des clés n'était pas un homme très très courageux. Il prit place dans une des cellules et tout ce petit monde s'arma pour chasser la méchante reine.

  Près de la chambre de la reine, on trouva une pièce avec des potions fumantes, des grenouilles empaillées et toutes sortes de choses. Le chevalier vit une potion sur laquelle le mot « Sommeil » était écrit à l'encre pâlie par le temps. Il pensa que c'était une bonne idée et ils approchèrent silencieusement de la chambre de la méchante reine.

  L'atmosphère de la chambre était lourde, étouffante, il y faisait noir comme la nuit mais le chevalier qui s'était mis pieds nus entendit le bruit d'une respiration. A tâtons, il trouva le lit et fit boire la potion à la reine encore endormie. Elle s'était trompée dans l'étiquetage de ses potions et au lieu de trouver le repos éternel, un sommeil entrecoupés de rêves qui durait, durait toute la vie de la personne qui la buvait (mais le chevalier l'ignorait, il croyait que c'était un somnifère), elle se trouva changée en grenouille.

  Comme on ne savait qu'en faire, on la relâcha dans la forêt où elle vit toujours. La petite fille retrouva sa famille et le preux chevalier fut élu roi par le peuple qui s'en trouva bien car il fut un roi bon et sage. Les partisans de la reine fuirent sans combattre et on n'entendit plus parler d'eux.

Nanowrimo Novembre 2016: La silhouette aux cheveux rouges


Eglantine-Roselis est entrée un soir dans la maison de l'écrivain. Curieuse, elle a lu la page qu'il a délaissée sur sa table de travail. Esseulée, elle ne demandait qu'à être lue. Intitulé « La silhouette aux cheveux rouges », l'histoire dont elle n'a lu que le début parlait d'un démon qui vient visiter la nuit les personnes qui ont fait de mauvaises actions dans la journée. Impressionnée, la fée est retournée chez elle et a pensé toute la soirée à cette histoire. Elle se demande si les histoires que l'écrivain met sur ses feuilles sont réelles ou pas. Peut-être, elle ne sait pas trop.

La nuit venue, elle rêve que la silhouette aux cheveux rouges est près de son lit. Elle entend sa respiration dans le noir de sa maison. Apeurée, elle court dehors dans la nuit fraîche, la créature ne semble pas vouloir la suivre donc elle s'arme d'un petit bâton pour défendre sa maison. Evidemment, Eglantine-Roselis ne voit rien dans sa petite habitation. Elle se dit qu'elle a rêvé et qu'à l'avenir, elle se montrera plus prudente quand la curiosité lui donnera envie de lire les productions de l'Ecrivain.

vendredi 23 décembre 2016

Le jardinage pour les nuls en poésie

Le jardinage pour les nuls


« - Prenez un pot de terre
- Remplissez le de terre
- Trouvez une plante
- Mettez là dans le pot de terre séance tenante
- Recouvrez de terreau
- Arrosez d'un peu d'eau »
- Alors, je prends un pot, un joli pot.
Je mets de la terre, non, du terreau.
Paf ! Je le remplis !
Je trouve une plante, tiens celle de tante Suzy
Qu'elle m'a offert
A mon anniversaire !
Je fais un trou
Je la mets dans le trou.
Je recouvre
J'attends que la fleur s'ouvre.


Il lui faut un tuteur
Pour avoir la tête redressée
A cette fleur !
Tiens, cette feuille, je vais la déchirer.
La plier
Serré, serré,
Voilà un tuteur solide bien droit
Pour ma fleur qui croît.


- Gaston, ils sont où les contrats que j'avais posé sur le bureau.
Monsieur de Mesmaeker arrive bientôt !
- M'enfin, j'en sais rien, moi. Quel tête en l'air
Celui-là, il laisse toujours traîner ses affaires !
Heureusement que Gaston est là
Pour décorer son bureau avec éclat.

23/12/2016
J'ai repris le personnage de Gaston LAGAFFE de Franquin dont j'ai relu les excellentes aventures il y a peu.
10 mn Le jardinage pour les nuls en poésie.


polar/ bébé vampire/ pédale de droite

  J'ai rédigé l'autre jour, un rapport d'enquête sur une histoire qui m'a vraiment étonné. Il s'agissait d'une histoire à propos d'un bébé vampire qui se retrouvait bloqué sous la pédale de droite d'une voiture, cette voiture a accéléré encore et encore jusqu'à finir par s'encastrer dans un arbre. L'accident a permis au bébé vampire de faire un festin puis de s'éclipser incognito. Ca ferait un bon polar, j'en parlerai à un ami écrivain.

  Ce qui s'est passé, c'est que j'étais de garde avec mon binôme et qu'on a été appelés pour un accident de la voie publique, un accident de voiture par une nuit de neige, ça n'a rien d'exceptionnel, on a posé des questions parce que ça concerne plutôt les pompiers. Mais on nous a dit que le médecin légiste était passé sur le lieu de l'accident, il y avait quelque chose de pas très très net. On a soupiré et on y est allés. Il faisait un froid de canard, on espérait une garde au chaud à boire des cafés en discutant devant le match de football de ce soir-là.

  Bref, arrivés sur place, on a examiné la victime : elle avait deux minuscules trous, comme des piqûres d'épingles au niveau du cou et était blanche comme la neige qui tombait ce jour-là. Pas d'autres blessures visibles, elle n'était pas morte dans l'accident mais soit avant, soit après. Sous la pédale de l'accélérateur, il y avait quelque chose de bizarre : un bout de tissu noir avec un trou qui correspondait au talon aiguille de la victime, le tissu a dû se coincer dans le talon quand elle a voulu accélérer.

  La vitre était brisée de l'intérieur, quelque chose était sorti de la voiture mais n'y était pas entré par effraction. Les clés étaient encore sur le contact, le clignotant mis, visiblement, la femme allait quitter sa place de stationnement. De peur, elle a accéléré droit devant elle et s'est encastrée dans l'arbre juste devant elle entre les deux voies. Heureusement, aucune voiture ne circulait. De toutes façons, personne n'aurait pu la sauver, il était trop tard pour elle comme on l'a su plus tard.

  On a examiné la voiture, il n'y avait ni armes ni empreintes digitales étrangères à l'intérieur. Pas de traces d'effraction comme je l'ai dit, peut-être que la voiture était restée ouverte, ça on n'en sait rien. C'est une vieille voiture, il n'y a pas tout l'électronique des voitures actuelles avec ordinateur de bord et tutti quanti.

  On a fini par reconstituer que la femme avait démarré, avait écrasé le bébé vampire certainement blotti dessous quand elle a appuyé sur la pédale d'accélération. Celui-ci s'est à ce moment-là aperçu de la présence d'un être humain et lui a sauté au cou, sans nul doute en furie comme on le serait tous si on s'était fait écraser. Il l'a vidée de son sang avec ses dents minuscules et est sorti en brisant la vitre. On se voit mal expliquer ça à nos chefs malgré nos soupçons : le meurtre a eu lieu de nuit, les traces correspondent à l'espacement des canines d'un bébé qui aurait fait ses dents, la chose a eu assez de force pour briser la vitre de l'intérieur et les vampires sont connus pour leur force physique. La faim donne des ailes de toutes manières. On était près d'un cimetière, par une nuit de pleine lune. Il y a bien une tombe d'un bébé mais la famille a refusé qu'on l'ouvre pour enquête, la pierre n'est pas scellée donc des choses peuvent en sortir.

  Ou quelqu'un est entré dans la voiture restée ouverte, a tué la femme avec un pic à fondue bifide puis vidé le sang de la femme en un temps record (confirmé par le légiste) sans en mettre une goutte à côté. Il a placé un morceau de tissu noir sous le talon de la femme ou elle a marché dans un morceau de tissu noir qui traînait par terre, les talons aiguille, ça ramasse tout, avant de monter dans la voiture. Bref, on ne sait pas mais moi, j'ai un doute même si l'enquête a été classée faute de preuves, on recherche toujours le tueur au pic à fondue.

23/12/2016 30 minutes

La crim' de la crim'

« La crim' de la crim'

Notre société est spécialisée dans le crime parfait !
Un patron ou une patronne trop insupportable ? Un conjoint dont il faut se débarrasser au plus vite ? Des preuves à effacer ? Des leçons de délit (détournements d'argent par exemple) ? Vous voulez convaincre quelqu'un avec des arguments convaincants ? Nous sommes là !

Anonymat garanti ! Satisfait ou remboursé ! Nos tarifs : 30 € de l'heure avec primes selon le degré de difficulté de l'affaire (voler des documents est plus facile à réaliser et mettre en place qu'un meurtre). Paiement en liquide exigé 50 % à la commande 50 % à la remise du rapport. Nous ne gardons pas d'archives.

Nous avons 10 ans d'expérience dans ce domaine sans la moindre faute professionnelle ; nos collaborateurs sont des experts chevronnées et reconnus sur le plan international (notamment pour leur discrétion).

Contactez-nous au : 00 00 00 00 00 »

- Inspecteur, vous croyez vraiment que ce genre de site internet peut nous permettre d'arrêter des criminels avant qu'ils ne passent à l'acte ?
- C' est une expérimentation demandée par le ministère de l'intérieur. Nous verrons bien si quelqu'un mord à l'hameçon. Tiens, nous avons un client !

jeudi 22 décembre 2016

La fée ennuyée

  Il était une fois dans un pays pas si lointain, une fée qui s'ennuyait devant sa tasse de thé. Elle réfléchissait à une manière de mettre un peu d'action dans sa vie. Elle décida donc de voyager à travers tout le pays. Ce n'était pas une fée particulièrement douée. Sa magie se résumait en quelques tours simples et peu utiles.

  Elle partit donc un matin par les chemins et traversa le pays. Il ne lui arriva rien de particulier durant ce périple. Elle fit de nombreuses rencontres : des ogres amicaux, des gobelins hospitaliers notamment qui lui firent forte impression. Elle les interrogea sur leur vie, leur pays, leurs coutumes mais elle partit rapidement car elle sentait que leur compagnie ne lui convenait guère.

  A son retour, elle trouva sa maison chaleureuse et fut heureuse de retrouver sa famille et ses amis. Elle était fatiguée de voyager et aspirait à retrouver sa vie d'ennui habituelle. Mais rapidement, elle s'ennuya de nouveau mais ne voulait pas partir par monts et par vaux pour voir du pays. Elle resta donc à se lamenter sur sa condition.

  Moralité : Il est des personnes que ne sont jamais heureuses dans la vie.

mercredi 21 décembre 2016

Soirée de babysitting

« 20 h 00
Cher journal,

ce soir, les parents sont sortis, je garde juste Jules « parce que tu comprends, il est petit, il ne va pas rester tout seul !! ». Pff, j'aurais pu aller dormir chez une copine, on aurait fait une soirée pyjama ! Là, il mange sa pizza devant des dessins animés. Il faut bien admettre qu'il est super sage !

21 h 00
Jules est au lit, je lui ai lu deux fois Le petit chaperon rouge mais sinon, il n'a pas été casse-pied du tout. En même temps, il a cinq ans, ça aide. Les parents vont rentrer vers une heure, je suis tranquille pour quelques heures. Je me mettre un film en mangeant des pop-corn, ça me détendra toujours un peu.

21 h 30
Il y a du bruit là-haut. Ce n'est pas Jules, il dort ! J'ai entendu des pas et des grincements mais je crois que j'ai dû rêver même si ça fait peur sur le moment.

21 h 43
Ca recommence, on dirait que quelqu'un marche dans tout le couloir de l'étage. J'ai peur mais il y a Jules.

22 h 14
Ca recommence, on déplace même des meubles ! J'ai pris une lampe de poche et le tisonnier et j'ai monté les marches en silence. Arrivée là-haut, rien. Jules était réveillé et effrayé, du coup, on a déménagé ses affaires pour qu'il dorme sur le canapé. J'ai augmenté le son de la télévision pour ne pas trop entendre ce qui se passe là-haut. Les parents ont laissé leur portable sur la table de la cuisine donc ça ne sert à rien de les appeler. Les voisins sont en vacances donc il ne nous restera qu'à appeler la police. On aura l'air malin en leur parlant de grincements de vieux parquet et de bruits de pas !

22 h 31 J'entends des pas qui descendent l'escalier. Le bois grince, le frottement est léger, on dirait des pieds nus. Ca vient par là. Oui, ce sont des pieds nus sur le carrelage. Ca vient vers nous, j'ai peur. Je vais appeler la police et demander à Chloé si on peut dormir chez elle. » 

- Allô, c'est Chloé. Jules, Sarah, tout va bien ? J'entends rien ! Bon, je raccroche, c'est Jules qui a dû jouer avec ton téléphone portable. Tu m'appelles demain ! Bises. 

Folle est la brebis qui au loup se confesse

Inspiré d'un proverbe du Québec

  La brebis, tête basse, entre dans l'église déserte. Elle a le coeur lourd, elle a commis une faute impardonnable. Le curé, un loup gris est en train d'allumer des cierges avec application. Il feint de ne pas l'entendre mais il sent son odeur. Il a faim mais n'a pas ramené de quoi se sustenter.
- Qu'est-ce qui vous amène ici, mon enfant? dit-il d'un ton gentil, l'observant par-dessus ses lunettes.
- Je viens me confesser...
- Bien, je suis seul. Allez dans le confessionnal, là-bas, je dois fermer les portes pour que nous ne soyons pas dérangés.

- Quelle est votre faute? demande-t'il en s'asseyant dans le confessionnal, les mains sur les genoux.
- J'ai voulu me venger de ma voisine la chèvre qui avait fait du bruit, cette nuit dans ses moments d'insomnie. J'ai piétiné tout son jardin, son herbe, son foin alors qu'elle était allée au marché. J'ai même gâté sa source avec des insectes morts. Je me sens mal depuis que je l'ai entendu pleurer, sangloter.
- Vous avez commis une grande faute, mon enfant. (son ventre affamé se remet à gronder tandis qu'il sent l'odeur de sa victime, euh, son ouaille devenir une odeur de stress. Mais il est un loup civilisé, il ne va pas céder!). Venez ici que je vous donne le baiser de la paix...

  La brebis s'approche confiante, éplorée. Dans les bras du curé-loup, elle s'apaise enfin. Le loup cherche sa joue pour lui donner le baiser de paix, il sent sa veine palpiter dans son cou, juste sous la peau. Cédant à son instinct, il mord au cou et la tue sur le coup.
- Folle est la brebis qui au loup se confesse, pense-t'il en allant chercher le seau, la serpillière et la pelle pour nettoyer le sang et enterrer le corps dans le jardin de l'église entre les tombes du cimetière centenaire qui la jouxte.
- Heureusement qu'il fait nuit et que Dieu scrute les parties du monde que le soleil éclaire, pense-t'il, en enfonçant sa pelle dans la terre meuble; et si Dieu n'avait pas voulu qu'il la dévore, il n'aurait pas envoyé la brebis alors qu'il était affamé!

08/08/2016

mardi 20 décembre 2016

Invisible amour

  Je suis un jeune homme de seize ans et il m'est arrivé une histoire étrange l'an dernier. Alors que je rentrais de soirée, marchant au clair de lune, perdu dans mes pensées, je me suis heurté à un poteau mou... qui n'en était pas un.
- Hé, tu pourrais faire attention !
- Pardon, je ne vous avais pas vue ! Où êtes-vous ?
Pas de réponse mais j'entendais respirer. J'ai regardé autour de moi sans rien voir de spécial.
- Euh, bonjour ?
Toujours pas de réponse ! Je décidais de reprendre ma marche mais par acquis de conscience, j'étendis les bras et je tournais rapidement sur moi-même, stratégie qui ne rata pas car j'effleurais quelque chose; chose qui fut victime d'un croc-en-jambe l'instant d'après.

-Hé, mais tu m'as fait tomber !
Je distinguais un léger nuage de poussière qui vola bientôt dans les airs. Elle, car à sa voix, c'était une fille avait épousseté son vêtement.
- Bonjour, je suis désolé de vous avoir bousculée, mademoiselle. Je m'appelle Justin et...
- Et quoi, tu vas me dénoncer ?
- Euh, non, en fait, je voulais me faire pardonner de t'avoir fait perdre ton temps et pour t'avoir pourchassée. Ce n'est guère poli...
- Mouais. Moi, c'est Samantha et j'allais me promener au parc, il n'y a personne en cette saison. Il fait froid et humide, je peux être tranquille. Hum, tu veux venir ?

   Je la suivis (je suppose) jusqu'à l'entrée du parc proche.
- Samantha, tu es où ?
- Euh, à cinq centimètre de ton épaule gauche.
- Tu ne projettes pas d'ombre, en même temps !
- Je n'ai pas de corps ! On se trouve un coin tranquille ?
- Tu me suis et s'il te plaît, arrête de parler, on va me prendre pour un dingue.

  J'ai marché droit devant moi et j'ai traversé tout le parc lentement, les mains dans les poches. J'ai fini par trouver un arbre un peu à l'écart du chemin, caché par une haie. Je me suis assis au pied de l'arbre et j'ai attendu. Un bruit à côté de moi : elle s'est assise.

- Donc tu t'appelles Samantha et tu es invisible. Tu as quel âge ?
- Quinze ans. Et toi ?
- Pareil. Justin, pardon, c'est mon prénom que tu voulais, je suppose.
- Tu es lycéen ?
- Oui et toi ?
- Oui, enfin, je suis invisible donc j'y vais en « auditeur libre invisible et inaudible » si tu vois ce que je veux dire.
- Un clandestin !
- C'est ça !
- Mais tu fais comment pour aller aux toilettes ?
- Je calcule : je sors juste après le groupe, j'attends la fin de la récréation pour aller aux toilettes. Et pour rentrer en cours, c'est un peu plus compliqué de me faire ouvrir la porte. Il m'arrive de frapper pour que le prof ouvre la porte ou d'ouvrir la porte du fond de la classe, cette année, on est près d'un débarras, c'est plus facile d'ouvrir discrètement la porte. Sinon, je m'assois devant la porte et j'écoute l'oreille collée à la porte.
- Mais c'est naturel ? Le résultat d'un sortilège ? Pardon, tu ne veux peut-être pas en parler...
- C'est de naissance. Les médecins ne savent pas et mes parents ont voulu me donner une vie normale avec éducation à la maison et compagnie le temps qu'on trouve un remède qui n'existe pas actuellement. Forcément, je n'ai pas d'amis, mes parents ont tenté d'inviter des enfants à mon anniversaire, m'inscrire à des clubs mais sans succès. Bon, je dois rentrer !
- On fait comment pour se revoir ?
- Avance-toi un peu et donne moi du papier et un crayon. Tiens, c'est mon numéro, appelle-moi !

   Le soir-même, je l’appelais, elle répondit aussitôt. Nous convînmes de nous revoir le lendemain un samedi chez elle pour plus de praticité, il allait faire froid.
- Bonjour, je suis Justin ; je viens voir Samantha. Euh, visiter.
- Entrez donc, il fait froid. Sam, c'est ton ami !
- Oui, maman, j'arrive !
Une robe jaune semblait flotter dans les airs et vint vers moi en sautillant au rythme de ses pas.
- Mais, je te vois !
- Tu dirais quoi si tu voyais des vêtements flotter ? Je ne sors que quand il fait très chaud pour une raison évidente ou je dois me camoufler avec plusieurs couches de vêtements, des lunettes noires, à devoir toujours faire super attention à ce que rien ne bouge, fixer avec des épingles les vêtements, la galère ! Hier, il faisait beau, je voulais juste me balader au parc.
- C'est logique, je n'y avais pas pensé...
- On se fait un plateau et on va dans ma chambre ? Tu aimes le jus d'orange ?

   On s'est fait un plateau pour goûter avec un jus d'orange frais, j'ai eu peur qu'elle se coupe les doigts mais elle se connaissait assez pour ne pas se couper.
- Mais ton sang, il est transparent ?
- Oui, c'est pour ça que je fais très attention à ne pas me blesser. Si je devais me faire opérer, ce serait...compliqué. Heureusement, je ne suis jamais malade.
Affalés sur son lit, on jouait aux dames tout en parlant d'elle car j'étais curieux. Inutile de préciser que j'ai été battu à plates coutures.

  J'ai continué à voir Samantha tous les jours : elle venait avec moi en classe, je rentrais ou sortais en tenant la porte grande ouverte pour la laisser passer. Si elle devait aller aux toilettes, elle tirait le bas de mon pantalon. Elle évitait les heures d'affluence pour pouvoir être tranquille. Elle me disait que ça lui faisait du bien d'aller en cours, d'apprendre des choses malgré ses lacunes ; je lui ai prêté des livres des niveaux précédents et on faisait mes devoirs ensembles. Elle était heureuse. Peu à peu, je tombais amoureux mais je n'osais pas me déclarer.

  Un soir, nous sommes allés au cinéma, j'ai acheté une seule place pour tous les deux (un avantage de l'invisibilité) et mis mes vêtements sur la place d'à côté en prétextant attendre quelqu'un. En sortant, il fait nuit noire, on était samedi soir et à quoi bon prolonger ces douloureux souvenirs ? On traversait la rue quand une voiture a foncé sur nous à toutes vitesses. Le conducteur a tenté de m'éviter et a foncé droit sur Sam. Je ne voyais rien, je l'entendais respirer douloureusement. J'ai appelé ses parents qui l'ont conduite à l'hôpital, bien sûr, je les ai accompagnés. On a perdu du temps à expliquer la situation à la secrétaire qui ne comprenait rien du tout, aux médecins. Une demie-heure après notre arrivée à l'hôpital, ils ont enfin accepté de l'emmener aux urgences. Elle avait perdu beaucoup de sang et connaissance. Bref, hémorragie interne, fin de l'histoire. J'avais perdu mon premier amour invisible à qui je n'avais jamais avoué mes sentiments. Elle me manque depuis trois ans qu'elle est partie, je reste en contact avec ses parents, c'est notre secret, nous avons besoin de parler d'elle.

Voiture égarée

- La nuit tombe, il est temps de rentrer !
Je regarde une dernière fois le barrage dont les eaux reflètent les premiers reflets du soleil couchant tandis que cette pensée envahit mon esprit. Je voudrais rester encore un peu mais il commence à faire froid et ma veste légère le laisse traverser mes vêtements.

Je regarde en arrière pour repérer l'endroit d'où je suis venu.
- Je prends la jetée, je continue tout droit, c'est la rue qui monte, je suis garé à l'endroit où ça commence à tourner. C'est parti !

Je commence à monter la jetée lentement, la pente est raide mais la pierre n'est pas glissante donc je marche facilement vers mon but. Il n'y a pas âme qui vive, j'entends le mugissement des eaux du garage, je vois les voitures garées sur les deux côtés de la rue, là où il n'y avait pas de place quand je suis arrivé, ce qui m'a valu un épique demi-tour dans une rue étroite où il n'est certainement pas prévu que les voitures stationnent des deux côtés.
Comme souvent, quelqu'un m'a observé avec attention ; ça a le don de m'énerver à un point inimaginable ! Je l'ai hélé par la fenêtre ouverte « Il y a un problème ? » « Non, non. ». La manœuvre est délicate et se joue au centimètre près, je n'ai pas droit à l'erreur et ce stress supplémentaire m'agace.

Je marche dans la nuit qui tombe, la lune est pleine, j'aime la regarder mais pas ce soir, mon col relevé et mon manteau trop léger ne suffisent pas à me protéger du froid de la nuit. Les voitures commencent à repartir, tant mieux, la mienne sera plus facile à retrouver.

Arrivé à l'endroit où ma voiture est supposée être garée, il n'y a rien. Des voitures bien sûr mais pas la mienne. Je ne comprends pas, j'avais bien pris mes points de repère pourtant ! Je remonte la rue, je la redescends, il n'y a rien. Je ne comprends pas. Je remonte de nouveau la rue en regardant dans les rues perpendiculaires, on ne sait jamais, j'ai pu mal retenir l'endroit. Mais non, je ne trouve rien. Je remonte de nouveau la rue en partant de la jetée jusqu'au début de la rue, toujours rien.

Il fait nuit maintenant, j'ai froid, je panique un peu, je marche en me parlant tout seul.
- Mais où peut bien être cette satanée bagnole ?, comme si elle s'était déplacée seule.

Je reviens au barrage et je m'assieds le plus loin que je peux. Je réfléchis, il n'y a pas de transports en commun à cette heure donc j'oublie. Je peux envisager de rentrer à pied même si ça fait un sacré chemin et revenir demain à la lumière du jour retrouver mon véhicule. Mais je suis loin du centre-ville donc je vais mettre des heures à rentrer. Mais ça reste une option, il fait froid, je ne peux passer la nuit ici, je n'ai ni argent ni téléphone car je n'ai pris que mes clés.

Je frissonne et je commence à claquer des dents de froid, énervé, je ne vois qu'une solution : explorer la zone avec minutie, repasser là où je suis passé même si je sais que cela risque de brouiller mes souvenirs. De toutes manières, je n'ai pas trente-six solutions : rester dans le froid en attendant l'aube avec l'espoir de retrouver plus facilement ma voiture à la lumière du jour ou marcher en attendant l'aube pour conserver un peu de chaleur et espérer retrouver ma voiture pour rentrer avant la fin de la nuit.

J'explore le quartier, rue par rue avec méthode : je pars de la jetée, je monte une rue, j'explore rapidement chaque rue transversale des deux côtés jusqu'en haut puis je redescends pour recommencer à la rue suivante. Peine perdue !

Dans mon énervement, les larmes me montent aux yeux. Qu'est-ce qui m'a pris d'aller me promener dans un endroit inconnu à dix-sept heures ?? Je ne pouvais pas partir plus tôt ? Je n'ai rien fait de ma journée ! J'avais tout le temps pour ça, j'avais prévu de partir en tout début d'après-midi !

De retour sur la jetée, je regarde la nuit, je savoure cette nuit tranquille car j'aime la nuit, le bruit de l'eau me berce malgré le froid. Bon, je décide de tenter autre chose, je ne peux rester là de toutes manières ; je décide de tenter de me remémorer mon trajet initial et de le reprendre en sens inverse. Je retrouve la rue par laquelle je suis venu en cette fin d'après-midi, je me souviens du panneau qui m'a intrigué et de cette plante qui pousse dans le mur en se raccrochant je ne sais comment. Je remonte la rue en essayant de retrouver mes souvenirs, je reconnais ce joli portail en fer forgé, c'est un bon point. Et soudain, que vois-je devant moi ? Ma voiture ! Garée comme je le pensais là où je me souvenais l'avoir laissée. J'ai dû passer dix fois devant elle sans la voir dans mon énervement ! J'aurais pu m'éviter des heures d'errance si j'étais resté calme.

Après avoir rageusement tapé du pied sur le bitume, je monte enfin dans ma voiture, je mets le chauffage et de la musique avant de démarrer pour rentrer chez moi. Je ressens le froid, la fatigue et la douleur de mes muscles plus précisément que lors de ma déambulation nocturne et je ne rêve qu'à la douche chaude et au repas qui m'attendent.

lundi 19 décembre 2016

Fatale erreur de sac

Le train entre enfin en gare, lentement, en crachant un panache de fumée qui volette délicatement dans l'air. Je sais que les trains d'aujourd'hui ne crachent plus de fumée mais on peut rêver...donc c'est fait exprès. Je rêvasse, je rêvasse mais je vais rater mon arrêt ! Je cours après avoir attrapé mon sac et je prends mon bus. C'était le dernier, j'ai eu de la chance, je l'aurais manqué si le train avait eu du retard et rentrer à pied dans le froid glacial de décembre n'est pas une idée plaisante.

Je trouve à m'asseoir et j'ouvre mon sac pour prendre mon baladeur. Mais ce n'est pas mon sac, sur le revers du cuir un prénom est noté au stylo indélébile : Gorgonie. Avec un prénom pareil, elle ne sera pas dure à retrouver ! Heureusement, j'ai le minimum dans mes poches : clés, porte-monnaie et téléphone portable, même si cette erreur m'agace.

Enfin rentrée chez moi, tandis que je réchauffe un plat préparé au micro-ondes, j'ouvre le sac en me disant que je trouverai peut-être les coordonnées de cette Gorgonie. Je trouve un pistolet en matière plastique, en tous cas il est léger ; un carnet avec des notes illisibles et un plan de banque apparemment. Je décide d'appeler la police immédiatement, les policiers sont difficiles à convaincre mais ils finissent par venir.
- C'est Gorgonie, la célèbre tueuse à gages ! Merci beaucoup mademoiselle....

Ce n'est que deux heures plus tard quand on sonne à la porte que je me dis que je n'ai pas été prudente et que j'aurais dû demander une protection aux policiers.
- Ouvre ou je fais sauter la serrure !
Tremblante, j'obtempère, on ne sait jamais un éclat pourrait me blesser et coopérer est la meilleure option car elle finira par entrer de toutes manières.
- Bonjour, que puis-je pour vous ?
- Mon sac !
- Je l'ai donné à des policiers en patrouille dans le quartier, j'ai jugé cela plus sage. Il y a un problème ?
- Rien que pour ça, tu mériterais que je te fasse la peau ! Tu me fais à manger et tu me trouves des vêtements propres ?
- Euh... Oui.

Je n'ai guère le choix et j'obéis. Je suis dans de sales draps, c'est sûr et certain. J'observe la femme qui s'est affalée sur mon canapé et qui zappe pour trouver une chaîne d'information. On sonne à la porte, c'est un policier qui a retrouvé ma carte de bus au fond du sac.
- Oh, bonjour, cher voisin, comment allez-vous ?, je glousse de rire pour tranquilliser mon « invitée » avant de mimer un mot silencieux : « Gor-go-nie ». Le policier comprend et entre tandis que je referme la porte.
- Au revoir, Monsieur ! Ah oui, n'oubliez pas de me donner vos clés avant de partir en vacances pour que je vienne nourrir votre chat ! Oui, bon week-end.
J'ai les mains moites, des sueurs froides alors que je referme la porte. Le mur fait un angle et j'ai une épaisse moquette, le policier a dû s'approcher suffisamment près du canapé .

- GORGONIE, VOUS METTEZ LES MAINS EN L'AIR ET AU MOINDRE MOUVEMENT, JE VOUS TROUE LA PEAU. Compris ?
- Tu m'as dénoncée, espèce de
- Non, c'est un voisin qui vous a vu par l'oeil-de-boeuf, vous savez ce que c'est les petits vieux, ça s'ennuie et ça s'occupe des affaires du voisinage. Je demande des renforts au 14 rue V..., deuxième étage, appartement 10. J'ai Gorgonie, la tueuse à gages en ligne de mire, faites vite.

Le capharnaüm

   Il vivait dans un capharnaüm indescriptible : c'est simple quand il rentrait des courses, il posait ses clés sur la table près de l'entrée, le seul endroit à peu près rangé de sa chambre d'étudiant avec son porte-monnaie et son téléphone portable juste à côté. Quand il faisait une lessive, il courait d'un bout à l'autre de la pièce et jetais les vêtements dans le panier posé sur le lit. S'il avait besoin d'un crayon, il le cherchait partout dans la pièce.

  Il s'y était habitué au fil du temps et il ne prenait jamais le temps de ranger un minimum car il avait autre chose à faire de toujours plus urgent ou intéressant. Il déambulait dans la pièce en enjambant les tas de livres, de linge ou d'objets divers et variés instinctivement. Il avait résolu le souci de la vaisselle en achetant des couverts jetables et des plats préparés sans bien calculer la dépense que cela représentait.

  Et ce qui devait arriver arriva : un jour, il lança sur son lit un livre qu'il venait de terminer et tout s'effondra sur lui dans un grand fracas et une avalanche d'objets qui envahit la petite pièce. Des crayons le piquaient, des vêtements l'étouffaient mais malgré la douleur, il continua à lutter pour s'extirper de ce tas d'objets en tout genre.

  Enfin libéré, il se fit un café et regarda le tas qui prenait le tiers de sa minuscule pièce. Alors, il prit son téléphone portable et appela ses copains à la rescousse.

dimanche 18 décembre 2016

Attention au facteur !

- Maman, maman, le facteur, il a un pistolet dans son sac ! Je l'ai vu dépasser quand il m'a remis le colis de tante Suzanne.
- Quoi ? Non mais tu délires ou quoi ? Enfin, non, je te crois mais ça doit être le jouet de son fils ou...
- Nan, M'man, c'est un vrai, je te jure, j'en suis sûr !
- Tu dois te tromper que peut-il bien en faire ? Il est facteur pas braqueur de banque !
Et la mère de Jules n'y pensa plus tout comme le petit garçon d'ailleurs qui avait attentivement guetté le pistolet lorsque le facteur distribuait le courrier avant de se lasser.

  Mais moi, je vais vous dire pourquoi il avait un pistolet ce facteur. Un jour, à l'approche de noël, il avait oublié de fermer sa portière, il avait la tête ailleurs ce jour-là car sa petite amie l'avait quitté. En se rasseyant dans la voiture, il avait senti quelque chose de froid dans sa nuque et un homme l'avait menacé : Tu me donnes tous les colis ou tu es mort. Il avait obtempéré, avait été convoqué par sa hiérarchie. Ce n'était pas sa faute, il n'y avait pas eu de sanction, son employeur avait déposé plainte et à sa connaissance, le voleur courait toujours. Mais depuis il avait peur, très peur.

  Donc il avait acheté un pistolet factice via un armurier de sa ville et il le gardait au cas où. Au pire, il pouvait toujours le lancer sur son agresseur car il pesait lourd, très lourd, autant qu'un vrai pistolet.

  Jules en parla à ses copains à l'école qui pour certains en parlèrent à leurs parents mais l'affaire en resta là car qui croirait un enfant de cinq ans qui raconte que le facteur est armé ? Personne parmi les adultes!

  Mais Jules regarda désormais le facteur avec méfiance chaque fois qu'il le croisa par la suite.


samedi 17 décembre 2016

Miroir déformant

J'écris ces lignes mais personne ne les lira car elles s'effacent à peine écrites.

Je m'appelle James, j'ai dix ans et j'ai été à la fête foraine avec mes parents pour mon anniversaire. Nous avons fait un tour sur la grande roue, mangé de la barbe à papa et essayé quantité de manèges jusqu'à ce que j'entre dans le palais des glaces. Je pensais qu'ils me suivaient et tout à ma joie de me regarder dans ces étranges miroirs, je n'ai pas remarqué qu'ils ne m'avaient pas suivis.

Au milieu de l'attraction, j'ai entendu un chuchotement « Tu me vois ? ». J'ai tourné sur moi-même et je n'ai rien vu. Puis un coup sur un miroir m'a fait sursauter et je me suis approché le cœur battant. « J'ai découvert comment passer derrière le miroir et la vue est merveilleuse, on voit les gens passer déformés et même leur faire peur ! Viens ! ». Je ne comprenais pas comment on pouvait passer derrière le miroir mais je demandais comment la petite fille était entrée là. Un rire cristallin résonna dans le tunnel de miroirs et elle me dit « Prends ma main ! ». Une main apparut en effet dans un angle entre deux miroirs et je la saisis sans réfléchir au fait que le reflet de cette main était réfléchie maintes fois et qu'elle jaillissait bien de l'intérieur du miroir.

La main me tira avec force à l'intérieur et je tombais violemment sur le sol dur et froid. Il n'y avait plus personne, j'étais enfermé. « Je m'appelle Elisabeth Greenflower, je suis née le 14 juillet 1874 à Cold hampton farm. Je suis ici depuis la fin août 1886. Je m'appelle Elisabeth Greenflower, je suis née le... » répété à l'infini sur l'envers du miroir.

Nanowrimo Novembre 2016: Bruits nocturnes, bruits indéfinis


VENDREDI
L'autre jour, je me suis réveillé en pleine nuit, couvert de sueur. Dans mon rêve, des bruits de pas se sont fait entendre, effrayé, j'ai commencé à courir jusqu'à ce que je tombe de mon lit et me réveille, empêtré dans mon drap. Recouché, le reste de la nuit fut paisible.

SAMEDI
Le lendemain, je restais longtemps à lire un livre dans mon lit, j'avais tout oublié des événements de la veille. Nous étions samedi, un week-end de quatre jours ensoleillés s'annonçait. De toute la journée, je ne pensais à ma nuit agitée et je vaquais à mes occupations habituelles : lire, trier des papiers, faire le ménage et rattraper mon retard sur le traitement de mes papiers administratifs. Le soir venu, je regardais un film jusque tard dans la nuit puis allait me coucher, exténué par cette longue journée. A peine couché, je m'endormis et plongeait dans mes rêves, la journée avait été longue. La nuit se passa normalement jusqu'à ce que je me lève pour aller aux toilettes. Revenu dans ma chambre quelle ne fut pas ma surprise de la retrouver plongée dans le noir. J'étais pourtant certain d'avoir allumé la lampe de chevet, je n'aurais pas traversé la chambre dans le noir sans m'en rendre compte ! Je ne comprenais pas car elle marchait parfaitement. Intrigué, je fis le tour de la chambre du regard et ne remarquais rien.

DIMANCHE
Au réveil, mes chaussons m'attendaient bien rangés devant la porte de la chambre alors que je les avais laissés au pied de mon lit comme d'ordinaire. Je n'aurais jamais traversé la chambre pieds nus, quelle idée ! En ce beau dimanche, je me levais de bonne humeur sans chercher à percer le mystère des chaussons jusqu'à ce que je les mette. Ils étaient humides et bien les regarder, on aurait dit qu'ils avaient été écrasés sous un poids important. Intrigué, je les examinais de plus près avant de passer des chaussettes et de mettre les chaussons à la machine. Le reste de la journée ne révéla rien de particulier ni d'autres événements étranges. Je finis par chasser ces événements de mon esprit. Le soir venu, je veillais tard, tant par crainte d'un événement quelconque que par envie de profiter d'un week-end prolongé. J'allais me coucher à minuit passé, épuisé et heureux à l'idée de me glisser sous mes draps qui étaient propres et parfumés.

LUNDI
A quatre heures du matin, un verre se brisa dans la cuisine. Effrayé, je me levais précipitamment mais je tentais de me rassurer en me disant que j'avais sans doute posé le verre en équilibre instable en le mettant sur l'égouttoir. Je savais que c'était un mensonge mais ma raison ne trouva pas d'autre explication. Quand je reviens me coucher, je trouvais draps et couvertures par terre, je ne pensais pas les avoir violemment rejetés en me levant mais je ne pouvais en être sûre. Intrigué, je me recouchais malgré tout sans songer aux événements des jours précédents. Réveillé vers onze heures du matin, la journée se passa normalement. Je me couchais tôt le soir car je comptais aller me promener toute la journée.
Épuisé par ma nuit agitée, je passais la journée enfermé chez moi devant des films que j'avais déjà vus. J'ai ouvert plusieurs livres sans en lire une ligne. Je me couchais tôt pour profiter de mon dernier jour de congé.

MARDI
La nuit fut calme mais au matin, je retrouvais une bouteille de lait renversée sur le sol de la cuisine. Elle n'avait aucune raison d'être hors du réfrigérateur. La journée fut ensoleillée et je la passais en forêt car je répugnais à rester dans cette maison. En rentrant, je trouvais des traces de pas dans le vestibule qui menaient à mes chaussures de randonnée qui gisaient au milieu du salon. Elles étaient pleines de terre. Je ne les avais pas remises depuis l'été précédent. Je nettoyais sans chercher à comprendre. Je me fis une tisane, mangeais devant un jeu télévisé et me couchais tôt après m'être assuré que mes affaires étaient prêtes et mon réveil allumé.

MERCREDI
Dix heures ! Mon réveil n'avait pas sonné, j’appelais le bureau pour prévenir de mon retard. Furieux, je lançais le réveil à travers la pièce, j'étais sûr de l'avoir mis la veille. Je travaillais toute la journée. En rentrant le soir, je trouvais ma vaisselle brisée qui jonchait le sol de la cuisine. Effrayé, je ramassais tout et me contentais de vaisselle de pique-nique en plastique. Cette fois-ci, ce ne pouvait être moi ! J'inspectais mon appartement mais ne trouvais rien. Une fenêtre était restée entrebâillée. Je ne vois pas comment quelqu'un aurait pu entrer par là mais je me persuadais que c'était le cas et la refermais soigneusement.
Effrayé, je me couchais tôt et tentais de dormir. Rien ne se passa durant la nuit, je me rassurais.

JEUDI
Je fus réveillé par mon réveil et un coup sur ma porte qui vibra sous les coups. Je me réveillais en sursaut et restais assis dans mon lit sans trouver le courage de me lever. Des bruits de pas légers s'éloignèrent et je parvins à me lever. Bien sûr, il n'y avait rien. Je me préparais et je pris mon petit déjeuner à l'extérieur sur le chemin du bureau. Mes collègues me trouvèrent la mine fatiguée mais je leur mentis en prétextant un cauchemar. Qui me croirait ? Le soir venu, je rentrais chez moi, après avoir acheté de la vaisselle incassable, sur les coups de dix heures. J'inspectais de nouveau l'appartement sans rien trouver. Je me rassurais, tout cela n'était qu'un mauvais rêve. Je dînais puis allait me coucher persuadé que rien ne passerait cette nuit là, comme la nuit précédente. Je tentais de me persuader sans succès que mon réveil n'était que le fruit de mon inconscient qui savait que j'avais manqué l'heure de mon lever.
A onze heures du soir, j'entendis des bruits de pas dans le couloir, juste devant ma porte. Puis, on frappa à ma porte trois coups secs. Je m'éveillais complètement et me roulais dans ma couverture. J'avais trop peur de me lever. A une heure du matin, le même manège se reproduisit. Puis à trois heures et cinq heures. Je me réveillais à six heures en entendant mon réveil sonner, il avait été mis au maximum et la porte de ma chambre était ouverte, des traces de pas poussiéreuses allaient de mon lit à la porte et se perdaient dans le couloir. Effrayé, je les effaçais puis partais, en retard, en remettant au soir les investigations. Épuisé, la journée fut difficile.

Le soir, une inspection minutieuse ne révéla rien. Toutes les traces avaient été nettoyées. Je dis bien nettoyées, je les avais effacées mais des traces subsistaient encore lorsque j'avais quitté la maison. Il brillait comme un sou neuf lorsque je rentrais. Je décidais de contacter un exorciste durant le week-end. Je me couchais tard après avoir bu plus de whisky que de raison. Je vérifiais mon réveil. Durant une heure, j'entendis des bruits de pas dans le couloir. Puis le silence. Je me décidais à prendre mon courage à deux mains pour aller aux toilettes en courant et en allumant toutes les lumières. Je ne notais rien de particulier.

VENDREDI
A six heures du matin, on frappa violemment à la porte. Je n'eus pas à l'ouvrir, elle le fit pour moi. Je ne cherchais pas la cause de ce réveil car je savais que je ne trouverai rien. Je traînais jusqu'à l'heure d'aller au travail. Je rentrais tard ce soir-là, j'avais mangé dans un restaurant et fini la soirée dans un bar. Je me promis d’appeler le démonologue dont j'avais noté le numéro dès lundi matin.

J'allais me coucher à minuit et j'attendis les yeux ouverts dans le noir. La porte trembla sous les coups donnés durant une dizaine de minutes. Puis j'entendis des pieds nus faire les cent pas dans le couloir juste devant ma porte. Épuisé par une semaine d'insomnie, je me mis à pleurer de fatigue et de peur. Le manège devant ma porte dura une heure puis j'entendis un grognement. Des coups plus forts se sont fait entendre, j'ai craint que la porte ne résiste pas. Elle a résisté mais le verrou a sauté. La poignée tourne alors que j'écris ces lignes, lentement très lentement depuis vingt minutes que j'ai commencé ce récit. J'entends un ricanement, la chose derrière la porte se délecte de ma peur. Je n'en ai plus pour longtemps. Adieu ! Si quelqu'un trouve ces pages éparses qu'il prévienne ma famille.


vendredi 16 décembre 2016

Si vous cherchez la source du fleuve, vous la trouverez dans les gouttes d'eau sur la mousse. (proverbe Japonais)

Si vous cherchez la source du fleuve, vous la trouverez dans les gouttes d'eau sur la mousse. Le fleuve si puissant qu'il soit se nourrit des gouttes d'eau qu'il absorbe jour après jour. Le fleuve qui peut balayer les arbres et les maisons a pour origine d'infimes gouttes de pluie qui abreuvent la terre jour après jour.

Le Sequoia haut comme la montagne est né d'une minuscule graine apportée par le vent sur la terre humide. Il se nourrit des petites gouttes de pluie sur la mousse.

Le grand morpho bleu que tu vois là a été autrefois une petite chenille velue et avant encore, un petit œuf de chenille gros comme un pois.

Ce livre de contes que tu aimes tant a d'abord été un point d'encre sur une feuille de papier, puis une lettre qui forma des mots d'encre sur le papier. Regroupés en phrases, ils devinrent ce livre de trois mille pages que tu vois sur ma table. Et il a d'abord été des idées, nées des rêves des Hommes qui sont devenus des contes et des légendes transmises à travers les siècles.

Si tu cherches la source des grandes choses, tu la trouveras dans les petites choses insignifiantes.

PS:
La citation était jolie et poétique comme devait l'être le texte. Mais en manque d'inspiration, les choses ont pris une direction différente.

jeudi 15 décembre 2016

Le druide de Brocéliande

Vous rencontrez un druide qui vous fait don d'une potion en pleine forêt.

Une nuit, je me promenais en pleine forêt. Dans le noir, marchant à tâtons, l'abruti que je suis (car qui peut être assez maladroit pour partir se promener en pleine forêt sans lampe de poche et perdre ses clés!!!) marche droit devant lui avec précaution. Soudain, je glisse en bas d'un talus et je me foule la cheville pour achever le tableau. 
Devant moi, une ombre menaçante masque la faible lumière lunaire. 
- Je suis Merlin de Kaamelott, je me disais que je pourrais vous aider!
- En effet, je suis perdu!
- Avalez cette potion, dit-il en mélangeant les ingrédients. Vous y verrez bien mieux.

En effet, après l'avoir remercié, j'avalais la potion. Transformé en chauve-souris, je vois bien mieux dans le noir, c'est sûr! J'ai le bonheur de vous apprendre que j'ai bien retrouvé mes clés! Et ma voiture! Si vous voyez une chauve-souris serrant des clés dans sa patte arrière, c'est moi! Je ne peux y accéder, bien évidemment! Portant mon précieux fardeau, j'échappe aux gardes forestiers qui tentent de me capturer. Mon cerveau de chauve-souris a gardé quelques bribes de ma mémoire humaine, en fragments épars que je tente de rassembler car cette vie est épuisante et peu variée: chasser pour se nourrir, se cacher pour dormir et échapper aux prédateurs, en solitaire, à l'infini. 
Je cherche à joindre Kaamelott pour trouver Merlin. Avec de la chance, ses chevaliers Perceval et Karadoc ne me chasseront pas à coup d'armes redondantes. 

Inspiré de la série Kaamelott. 

02/07/2016