samedi 30 septembre 2017

Le chevalier, le loup et l'Ankou


Le chevalier marche dans la forêt,
Le loup se promène dans la forêt, affamé,
L'Ankou brandit sa faux, prêt à frapper.
Tous trois se rejoignent dans la forêt,
Le loup n'est plus affamé
Et l'Ankou a frappé.

vendredi 29 septembre 2017

Objectif dieu guerrier

Cher journal,

J'ai attendu ce jour toute ma vie ou presque. J'ai économisé sou à sou pour m'offrir ce rêve et aujourd'hui, j'y suis enfin. Mais j'ai peur... Peur de mourir.

Et si l'oxygène me manque ? Si j'ai un accident lors d'une sortie ? Si la nourriture m'intoxique ? Si la compagnie fait faillite et que nous ne pouvons rentrer au port ? Et si notre moyen de transport a une avarie ou un accident irréparable ? Si les systèmes de communication sont coupés et que nous avons un problème ? Tout tremble autour de moi et j'ai peur. Je dois te ranger cher journal, il est temps de dormir. Rendez-vous sur Mars dans deux mois.

jeudi 28 septembre 2017

Poète en manque d'inspiration

Mes pensées volent
Dans tous les sens
A une vitesse vertigineuse.

J'ai beau tendre la main,
Je ne puis les attrapper
Et mes mains et ma tête demeurent vides.

Le poète livide
Referme son cahier
D'un sec mouvement de main.

Sa plume duveteuse
Ne parvient pas à entrer en transe
Pour livrer au papier des mots qui virevoltent.

mercredi 27 septembre 2017

Chat gardien

Perché sur la bibliothèque, cache secrète,
Le chat aux longs poils crème
Observe la pièce, toujours en alerte.
Il veille sur la maison tel un totem.

Poussé par un mouvement trop vigoureux,
Il choit jusqu'au sol.
Chassés poussières et chat crémeux.
Le félin reprend bientôt sa place immobile idole.

Il veille sur la maison
Et il tient compagnie
A sa maîtresse de maison,
Fidèle chat, de peluches rempli.

mardi 26 septembre 2017

Matelas aqueux

Allongé sur un matelas aqueux,
Le petit garçon se laisse glisser sur les flots.
Matelas vivant qui se laisse emporter, heureux,
Par l'eau mouvante de la rivière calme qui berce son repos.




lundi 25 septembre 2017

Journal intime capillaire

1er janvier
Nouvelle année, nouveau départ ! Aujourd'hui, jour de pleine lune, j'ai coupé les pointes et fait un masque après la soirée d'hier qui a été épuisante, j'avais besoin de ce moment à moi pour bien démarrer l'année.

14 février
Hugo m'a avoué son amour en ce jour et je ne me sens plus de joie à cette idée.

21 juin
C'est l'été, il commence à faire chaud. J'ai fait un masque au miel et un henné châtain miellé pour illuminer mes reflets dorés en cette saison liée au soleil et aux vacances.

21 septembre
L'automne est là, la rentrée également, j'ai mis du henné auburn et de la garance dans mon henné en l'honneur de la saison qui commence. Mon roux ressort mieux ainsi et je me sens en phase avec moi-même.

1er novembre
Il commence à faire vraiment froid, mes cheveux font la tête. Je les enduis de beurres végétaux lorsque je sors tant il fait froid et ils ne quittent pas le nid douillet de mon écharpe.

21 décembre
Les fêtes de noël approchent, j'ai décidé de tester de nouvelles coiffures et de faire un henné acajou pour changer de tête, ça me fait du bien.

31 décembre
Hugo vient de me quitter, on devait passer le nouvel an ensemble, je le fête donc seule avec mon chat. J'ai coupé dix centimètres comme pour ôter de moi cette année passée à ses côtés.

dimanche 24 septembre 2017

Envoûtement zombiesque


   Le sorcier en transe danse et sautille autour du mort en psalmodiant des incantations. Depuis des heures, il tourne autour de sa proie sans succès. Epuisé, l'homme dans la force de l'âge décide s'asseoir pour se reposer. Sa peau d'ébène brille à la flamme du feu qui rejette une lourde atmosphère chargée d'odeurs végétales mêlées en un fumet sensuel et animal.

- J'ai raté mon envoûtement ! Je ne comprends pas et vu ce que mon client m'a payé, je n'avais pas droit à l'erreur. Mais comment recommencer sans cadavre frais sous la main...

Il se mord le pouce en réfléchissant. Epuisé par sa longue tentative, il finit par s'endormir à même le sol de sa cabane.



   Un bruit le réveille quelques minutes plus tard, alors qu'il vient de sombrer dans un sommeil profond. Il se retourne juste à temps pour voir le zombie tendre la main et la refermer sur sa gorge qu'il broie en une fraction de seconde. Son sortilège avait réussi en fin de compte...

samedi 23 septembre 2017

Une semaine de chute

L'homme se sent glisser, il n'a pas le temps de se rattrapper à une racine ou un brin d'herbe qu'il se sent déjà tomber dans le vide. Sa chute lui semble interminable et il sombre dans l'inconscience.
A son réveil, le jour décline déjà, il a froid. Il lève les yeux vers le ciel qui s'obscurcit déjà pour se mettre en sommeil.
- Où suis-je tombé ? se murmure-t'il.
- Dans mon antre. Je te laisse sept jours pour sortir puis je te dévorerai. murmure une voix métallique qui finit dans un rire.
L'homme entend des pas s'éloigner et il entrevoit une silhouette décharnée qui semble vaguement humaine. Pris de panique, il passe la main sur la paroi lisse comme du verre, vierge de toute aspérité. Il observe les murs de sa prison, il ne pourra pas monter par là et autour de lui, il n'y a rien que la terre en bas, la pierre autour de lui et le ciel en haut. Qui le trouvera ici ?

vendredi 22 septembre 2017

Cher journal...


Je ne sais pas, j'ai toujours eu ça en moi mais cette fois-ci, j'ai dérapé et j'ai fait une grosse bêtise.

Ce garçon m'a toujours plu. Cette année, nous sommes dans la même classe et il m'a invitée à son anniversaire comme toute la classe, en fait. On ne m'aime pas, on me met à l'écart alors j'y ai vu une bonne occasion de m'intégrer. Je me suis faite belle, j'ai mis une jolie robe longue en jean qui me met en valeur. Quand je suis arrivée, tout le monde m'a dit que j'étais belle.
Bref, ce garçon qui m'ignore depuis deux ans mais je trouve mignon m'a invitée à danser, il m'a dit qu'en fait, je suis sympa (alors que ça fait deux ans que personne ne m'adresse la parole malgré mes efforts, il est temps de s'en rendre compte) et que je suis jolie (comme si des vêtements de marque m'auraient rendue jolie). Bref, je lui ai fait du charme et je l'ai entraîné dans une pièce vide. Je sais bien ce qu'il s'est imaginé mais moi, je ne suis pas comme ça, je ne suis pas comme toutes les autres filles si populaires. J'ai voulu avoir le plaisir de lui faire du charme puis de le repousser pour blesser son amour-propre. Je l'ai blessé profondément.
Ce n'est pas de ma faute si un grand ciseau pointu tout en métal traînait sur le bureau. Il n'a pas été entendu, la musique était trop forte. J'ai emballé le petit frère jumeau du ciseau dans une feuille de papier en prenant garde de ne rien toucher que j'ai mis dans la main de mon bourreau et plongé dans sa poitrine ouverte. Puis, j'ai mis son petit frère dans la feuille de papier et je suis sortie discrètement, tout le monde a trop bu, on ne m'a pas remarquée. Je l'ai nettoyé dans la rivière qui court derrière la maison et je l'ai passé au dissolvant pour effacer les empreintes, j'en ai toujours dans mon sac avant de cacher le ciseau. Puis, je suis retournée à la fête, personne n'a remarqué mon absence, personne ne fait jamais attention à moi. Une heure après, Margaux a trouvé le corps, bien fait pour cette harceleuse de première, elle est traumatisée à vie ! J'ai feint de paniquer, j'ai fondu en larmes et appelé mes parents qui sont venus me chercher. La police est venue et a conclu à un suicide sans chercher plus loin.
Je suis rentrée chez moi, on ne m'a pas interrogée plus que ça ni soupçonnée. Le lendemain, j'ai récupéré la paire de ciseau que j'ai jeté dans un sac poubelle vide et mis à la poubelle. Il a dû finir incinéré comme cet harceleur d'Aurélien.

jeudi 21 septembre 2017

Automne


Automne est là,
Enroulé dans sa robe de soie craquante,
Verte, rouge, jaune et orange,
Pour vaincre les premiers frimas.


mercredi 20 septembre 2017

Le trésor du menhir


Katell se réveille en sursaut, elle a de nouveau fait ce rêve étrange. Elle allume sa lanterne mais tout est calme dans sa petite maison battue par les vents. Elle s'enveloppe dans un châle et elle prend sa décision, l'aube pointe à peine, elle a le temps de se rendre là-bas sans se faire remarquer.

A pas de loup, elle court dans la lande vers le menhir solitaire qui semble l'attendre, fièrement dressé. Katell commence à creuser à la base de la lourde pierre à la recherche du trésor dont tout le monde parle depuis son enfance, dévorée par la curiosité. Les heures passent, le matin se lève et le trou a une belle taille.


La pierre bascule, le corps de Katell craque comme une noisette sur laquelle un promeneur marche. La pierre se relève, fièrement dressée sans la moindre marque de sang frais, assise sur son trésor.

mardi 19 septembre 2017

La belle Ondine

Un jour qu'il se promenait autour du lac près duquel il demeurait, un jeu ne homme vit une jeune femme dans le lac. Il accourut vers elle et il lui tendit la main pour l'aider à sortir.
- Belle demoiselle, l'eau est glacée en cette saison, vous allez vous faire du mal...
La jeune fille prit sa main et elle commença à l'attirer vers elle avant de se raviser. Surpris, l'homme la regarda et confuse, elle plongea dans le lac. Il l'attendit et l'appela longtemps avant de se décider à plonger car il craignait qu'elle n'ait perdu la vie par son séjour prolongé par ces températures glaciales. Dépité, il finit par rentrer chez lui.
Mais chaque jour, il venait aux abords du lac, inquiet de voir le cadavre de la jeune fille flotter sur les eaux. L'ondine solitaire fut touchée de ce geste et elle finit par quitter son habitat lacustre pour partir à sa recherche. Il ne vint pas ce jour-là et l'ondine se rendit au village. Ses cheveux blonds comme l'or et ses yeux gris comme l'eau du lac, son maintien et sa grâce attiraient l'attention mais elle fit mine de ne rien remarquer. C'était jour de marché et elle parcourait les allées, altière sous les regards intrigués des habitants du village. Mais elle ne trouva point le jeune homme. Triste, elle décida de rejoindre son lac solitaire.
Alors qu'elle s'en retournait, l'ondine se souvint que le jeune homme portait une chevalière. Son regard se tourna vers le modeste château qui surplombait le village et le lac et elle entreprit de s'y rendre. Dans la cour, elle trouva l'objet de ses pensées occupé à mettre à jour ses livres de comptes sur une table au soleil. Elle s'avança et lorsqu'il releva la tête en l'entendant approcher, il lui sourit.
- Bonjour, je n'ai pas pu venir ces temps-ci, je suis très occupé avec la foire au village. Je m'inquiétais pour vous, belle dame. Comment vous appellez-vous ?
- Ondine, on m'appelle Ondine.
Surpris, le jeune homme observa sa longue robe verte avant de tourner la tête vers le lac. Il remarqua qu'ils avaient la même teinte et il comprit. Mettant de côté ses livres de compte, il s'approcha de l'ondine et il lui tendit le bras.
- Belle Ondine, allons nous promener autour du lac.

lundi 18 septembre 2017

Schtroumpf d'insultes

Chère Schtroumpfette,
Je vous trouve très schtroumpf et je vous schtroumpf dessus. Je ne schtroumpf rien en vous de bon ou de beau et je vous prie de cesser de me schtroumpfer le schtroumpf.
Restez loin de moi ou je vais devoir me résoudre à vous schtroumpfer la schtroumpf.
Un schtroumpf anonyme.
(L'univers ne m'appartient pas, bien évidemment. )

dimanche 17 septembre 2017

Baguette perdue


Le vieil homme se penche, il a marché sur un bâton étrange et il s'accroupit intrigué. La baguette polie et sculptée roule entre ses doigts, il se demande qui a créé ce magnifique ouvrage. Avec un haussement d'épaule, il s'apprête à le jeter lorsque tout chavire. Autour de lui tout est immense : les grains de la terre, l'herbe.

- Oh, la voici, que je suis distraite...
La fée reprend sa baguette et elle écrase une coccinelle en reprenant sa route vers son logis. Une coccinelle qui fut autrefois un homme.

samedi 16 septembre 2017

Secrète entreprise

  Seule dans son bureau, l'adolescente soupire. Elle s'ennuie et les journées sont longues. Du haut de ses dix-sept ans, elle va voir son maître de stage pour lui demander ce qu'elle peut faire. Le cœur battant, Olympe s'apprête à toquer à la porte lorsque la voix de son superviseur se fait plus forte.
- Oui, oui, nous devons garder cette décision secrète mais la petite fera l'affaire. Elle n'osera pas se plaindre à qui que ce soit en cas de problème, elle est trop timide et effacée. Je l'ai choisie pour ça. Oui, à plus tard.

  Interdite, elle rejoint la pièce où elle passe ses journées en tentant de réfléchir. A quoi peut-elle servir ? Peu après, son maître de stage vient la voir, tout sourire et il lui demande d'imprimer le fichier sur la clé usb qu'il lui tend, de le mettre sous pli puis d'affranchir et envoyer les courriers. Olympe acquiesce, soulagée de ne pas servir de mauvais desseins comme elle l'avait craint.

   Face au document de cinquante pages écrit en tout petits caractères, Olympe renonce à le lire et elle s'attelle à la tâche. Pourtant, tandis que l'imprimante crache des monceaux de papier, l'étudiante commence à lire le document pour passer le temps. Horrifiée, elle remarque qu'il concerne des données classées défense. Paniquée, la jeune fille arrête l'imprimante et elle se dirige vers la broyeuse à papier avant de changer d'avis. C'est trop dangereux, elle doit brûler les pages. Discrètement, elle se rend dans la cour où elle met le feu au papier qui détruit les preuves.

   Puis prenant son courage à deux mains, Olympe va voir son maître de stage en lui rendant la clé usb, elle lui dit qu'elle ne peut pas participer à cela et qu'il doit trouver quelqu'un d'autre pour ce faire. L'homme pâlit et il prend la clé avec un sourire forcé. Il doit trouver quelqu'un d'autre pour ne pas laisser ses empreintes digitales sur le document...

vendredi 15 septembre 2017

Le livre des ombres d'Elana Rêves antérieurs

Dans un sommeil profond, une transe, la voix me berce. Je dors, mes yeux se ferment.

1508 J'ai seize ans. Seule dans une petite église Irlandaise, je suis à genoux et je demande pardon à quelques mètres de l'autel sur des dalles grises et froides. Ma longue robe bleu nuit et ma cape rouge de bonne faction dénotent que je viens de la bourgeoise et je sais que je suis instruite.

1515 Je suis toujours quelque part en Irlande, je marche seule dans la lande déserte en tentant de ne pas mettre le pied dans les trous emplis d'eau qui m'entourent. Plus tard, assise dans l'herbe froide, je serre ma cape contre moi pour me protéger du froid. Je suis seule avec le baluchon que j'ai posé derrière moi. J'ai froid et je me sens seule.

1518 Dans une forêt Bretonne, je ne veux plus fuir et rester seule. En plein hiver, je marche dans une forêt d'arbres dénudés de leurs feuilles. Vêtue de ma cape rouge sur une robe bleu foncé, je tombe à genoux sur le sol. J'ai voulu être moi-même et j'en paie le prix par la solitude et le rejet. Iseult, je m'appelle Iseult aux deux tresses blondes qui battent ma poitrine. Je suis sorcière et je n'ai plus la force de continuer. D'une ficelle, je m'étrangle pour quitter cette vie où je suis seule et rejetée de tous malgré les bienfaits que je répands autour de moi.

J'ouvre les yeux sur la réalité, un peu nauséeuse et perplexe. Je n'y crois pas mais j'avais besoin de savoir...

jeudi 14 septembre 2017

Le livre des ombres d'Elana: Grimoire, mon beau grimoire

  Seule dans sa chambre, Elana ouvre doucement la porte pour guetter les bruits de la maison mais tout est calme. Ses parents discutent dans la cuisine en préparant le repas et le seul bruit qui lui parvient est celui de son chat qui monte l'escalier en courant. Elle referme la porte lorsque le félin se glisse dans l'interstice.
- Thorn ! Sors de là ! intime-t'elle à l'animal qui s'installe sur son lit avec la ferme intention d'y rester.
L'adolescente renonce et elle s'installe à son bureau, son sac de cours sur les genoux. Elle en sort un petit livre à la couverture bleu clair orné de filigranes dorées dont elle caresse un instant la couverture à l'aspect ancien avant de faire sauter le fermoir couleur d'or vieilli. Son stylo à la main, elle réfléchit en jouant avec une mèche de ses cheveux roux. Elana relit les notes qu'elle a inscrites dans son agenda durant son heure de permanence et elle fait quelques recherches complémentaires dans le fichier qui regroupe le fruit de ses recherches. Caché dans les tréfonds de son ordinateur, à l'abri des regards, il semble n'attendre qu'une chose : qu'elle décide de se lancer.

   Sur la première page, elle trace une triquetra d'une main tremblante qu'elle retouche longuement avant de diviser le livre en plusieurs sections pour avoir un classement alphabétique. Puis, elle le remplit du fruit de ses recherches en lithothérapie, runes et phythothérapie ; elle souhaite avoir un outil pratique qui fasse la synthèse de ses connaissances à transporter avec elle. Depuis quelques temps, elle sent une menace autour d'elle et elle cumule les difficultés. Ce petit grimoire la rassure car en cas de gros problème loin de chez elle, elle sait qu'elle pourra faire face si toutes les autres solutions ont échoué. Après plusieurs heures, elle a enfin terminé d'y insérer le fruit de ses recherches en petits caractères à partir de son grimoire. Elle range son livre des ombres qu'elle appelle son grimoire de travail, elle le considère comme son journal intime de sorcière et elle le cache tout au fond de sa table de nuit pour que ses parents ne le trouvent pas. Entre les pages, elle range la clé usb qui contient son grimoire avec toutes les données théoriques qu'elle a glané ici et là.

  Satisfaite, Elana sait qu'il lui reste à le consacrer. Il est trop tard pour reculer alors elle va prendre une douche avant de se vêtir de manière à être à l'aise. Puis l'adolescente allume des bougies pour tracer un cercle de protection. Elle consacre son grimoire de poche et elle se sent libérée d'un poids, elle a fait ce qu'elle devait faire. Ce besoin impérieux avait sa raison d'être, elle le sent même si elle n'en distingue pas bien les raisons.

  Le livre sur son cœur, elle sait que sa vie vient de changer et qu'elle est à un tournant de sa vie. Elle ne peut plus revenir en arrière. Au fond, la jeune fille a toujours su qu'elle en viendrait là un jour, le moment venu. Elle glisse dans un sachet d'un lourd tissu vert qu'elle a confectionné en cachette pour transporter ses trésors où sa future baguette l'attend. Il y a quelques jours, il a su qu'il était temps de s'atteler à sa confection de la même manière qu'elle a su que son grimoire de poche l'attendait dans la papeterie et qu'il l'a appelée. C'était lui et pas un autre carnet, bien qu'elle aurait préféré tenter de trouver un carnet plus épais et peut-être moins cher. Et surtout moins joli car elle estime que la couverture est trop belle pour risquer d'être transportée par monts et par vaux dans son sac.

  Lorsqu'elle range le livre, elle sort sa future baguette. Bien qu'elle trouve depuis toujours, l'idée d'une baguette magique totalement ridicule, elle a su qu'il était temps. La pierre de calcédoine dormait depuis des années dans le coffret où elle range son matériel pour confectionner ses bijoux. Elle n'avait jamais pu se résoudre à en faire un bijou et elle ne s'était jamais intéressée à cette pierre. La pierre d'un vert lumineux semble lui donner de la force mais elle la repose, un peu perplexe. Demain, peut-être...

mercredi 13 septembre 2017

Lettre ouverte de la fée

Bonjour,

Je suis une fée et je tenais à vous faire passer un message. La magie ne résoud pas tous les problèmes, beaucoup d'entre vous nous recherchent dans les bois et les taillis mais nous ne frayons guère plus avec les êtres humains. Nous nous cachons de vous et jamais vous ne nous verrez car nous ne sommes pas du même monde. Tout au plus, certains êtres plus clairvoyants pourront deviner notre présence.

Il y a bien longtemps que nous avons quitté ce monde et nous sommes allées dans une dimension parrallèle loin des humains où nous vivons en harmonie avec la nature et le rythme des saisons. Et ce monde ne vous est pas accessible.

Votre marraine la bonne fée

mardi 12 septembre 2017

Lettre ouverte de l'ange gardien


Bonjour,

Je suis un ange et je profite de cette tribune pour vous faire passer ce message. Si vous pouviez cesser de m'interpeller et de me houspiller à tout bout de champ pour un oui ou pour un non, je vous en serai reconnaissant. Non, je ne peux pas résoudre tous vos soucis. Vous êtes le seul maître de vos vie, je veille sur vous et je vous guide. Ecoutez votre intuition et vos rêves, et je vous garantis que nous pourrons avoir enfin une relation harmonieuse et constructive basée sur une confiance mutuelle.

Votre ange gardien

lundi 11 septembre 2017

Lettre ouverte de l'ogre

Bonjour,


Je suis un ogre et je tenais à profiter de cette tribune pour vous délivrer un message. Je suis las d'être persécuté depuis des siècles. Je tiens à rétablir la vérité. Si depuis des siècles, je mange les petits enfants, ce n'est pas parce qu'ils ont la chair tendre mais c'est parce qu'ils sont plus faciles à attrapper que des humains adultes. Et comme on dit chez vous, il faut prendre le mal à la racine. Ainsi, j'évite que ces têtes blondes deviennent adultes et plus aptes à se défendre et m'attaquer. Je vous rappelle que c'est vous qui avez commencé à me pourchasser et qui dès que vous m'apercevez m'attaquez. Je voudrais parlementer et signer la paix mais cela fait des siècles que vous refusez de m'écouter. Ce n'est que de la légitime défense !


Au plaisir de construire enfin des relations saines et amicales par-delà les différences.

L'ogre au fond des bois

dimanche 10 septembre 2017

Divin ennui


Le dieu perché sur sa montagne s'ennuie. Il trace distraitement des ronds dans l'air, allongé sur son lit de coton. C'est alors qu'il voit une jeune fille belle comme le jour se rendre à la fontaine du village. Le dieu se redresse pour mieux voir et il étend la main dans le ciel. Lorsque la jeune fille parvient à la fontaine, elle la trouve asséchée. Elle rentre au village en courant et aussitôt le vieux sage du village décide de faire des offrande au dieu perché sur la montagne qui s'assied sur son nuage, ravi de cette soudaine animation.


samedi 9 septembre 2017

Naufrage en haiku majeur

La mer, puissante masse mouvante 
Se fracasse avec bruit sur les rochers.
Le bateau vole en éclat.

vendredi 8 septembre 2017

Vieille maison solitaire

  La vieille maison solitaire aux murs lézardés semblait dormir dans le jardin aux herbes folles qui l'entourait telle une marée d'un vert tendre. Ses volets fermés, paupières closes sur le monde renforçait son impression d'isolement. Autour d'elle, pas un bruit si ce n'est le vent qui joue dans la moquette vert tendre et jaune paille à ses pieds.


  Entre ses murs, les pièces vides résonnent encore de la vie que la vieille maison délabrée abritait quelques années auparavant. Les échos des souvenirs des rires et des pleurs, des cris qui l'habitaient persistent derrière les volets clos, paupières closes sur un passé révolu.

jeudi 7 septembre 2017

Course-poursuite mafieuse


Je cours à perdre haleine dans la nuit. L'air glace mes poumons et semble me transpercer la poitrine mais je continue à courir sans regarder derrière moi. Mes chaussures claquent sur le bitume mouillé qui brille sous la lumière des réverbères mais je n'en ai cure. J'espère seulement que ce bruit n'attirera pas mes poursuivants.

Un cri, ils m'ont trouvé. Je cours dans un dernier effort et je prends une rue tantôt à droite, tantôt à gauche en priant de ne pas me retrouver face à un de mes poursuivants. Hélas, je me retrouve face au port désert. A découvert, je ne sais où me diriger. Retourner en arrière ne me parais guère prudent d'autant plus que je viens d'entendre un coup de feu à quelques rues de là. Pris de panique, je monte dans le bateau le plus éloigné. Il semble en ruine et je glisse sur les algues qui le recouvrent, j'espère qu'ils ne m'y trouveront pas.

Durant des heures, j'entends les bandits fouiller le port, je les ai entendu dire qu'ils ont bouclé le secteur, je suis pris au piège, fait comme un rat. J'ai froid dans la minuscule cabine, ma veste ne me tient pas chaud. Je prends mon courage à deux mains pour sortir de ma cachette car si un de mes poursuivants monte à bord, il me repérera immédiatement. Je me glisse par l'écoutille jusqu'à la cale qui pourrit lentement où je ne trouve rien. Un vestige de cuisine et de ce qui fut une chambre avec couchettes et toilettes. Je me cache dans un placard de la cuisine en priant qu'on ne m'y trouve pas. Les heures s'écoulent, je finis par m'endormir bercé par le roulis de la mer.

Cette nuit, j'ai fait un cauchemar.

mercredi 6 septembre 2017

Zombification nocturne


Dans le calme de la nuit, la vieille femme rêve. A minuit, elle se raidit dans un demi-sommeil : une voix l'appelle et elle ne parvient pas à esquisser un geste. Envoûtée par la voix qui lui murmure à l'oreille, elle se lève et elle sort de sa maison pour suivre le chemin qui mène hors du village.

Envoûtée, elle ne peut que suivre la voix malgré sa volonté qui faiblit un peu plus à chaque pas.
- Zombie, elle m'a menacée de me transformer en zombie ! Non, pitié, pas ça !
Dans un dernier sursaut de conscience, elle voit sa rivale triomphante la regarder passer avec un sourire mauvais. Elle est perdue, son père, grand sorcier redouté de tout le village l'a envoûtée. Sa rivale aura ses terres qu'elle convoite depuis si longtemps.

mardi 5 septembre 2017

Complainte de l'ange gardien

Moi, ton ange gardien
Je suis toujours là
Sans que jamais tu me vois,
Nul ne peut couper notre lien.

Tu m'adresses mille reproches,
Si je n'ai pas l'air de te protéger
Comme tu le voudrais,
Qui m'écorchent.

Mais je te guide à chaque instant
Et tu ne vois pas les signes que je te laisse
Pour guider tes pas vers l'allégresse,
Trop occupé à me faire mille reproches en te lamentant.

lundi 4 septembre 2017

L'arbre triste


L'arbre courbé
Trempe ses doigts dans la rivière.
Mélancolique,
Ses feuilles pendent dans l'onde mouvante.
Triste,
Peu à peu, il se laisse glisser dans l'eau.
Ses racines lentement quittent la terre.
Une tempête précipite sa chute
Et l'arbre triste rejoint l'onde mouvante.

dimanche 3 septembre 2017

Sabine et Tristan

Dans le silence de la nuit,
    Elle s'agenouille dans sa chemise de nuit écrue
    Et elle prie
    En souvenir de son amour perdu.
    
    Deux ans que Sabine s'endort
    En murmurant son nom
    Tandis que la tristesse la dévore.
    - Tristan...
    
    Elle espère le rejoindre un jour prochain
    Mais les jours passent
    Et jamais son amour ne revient,
    Sans que son souvenir ne s'efface.
    
    Couchée entre ses draps frais,
    La jeune fille s'endort ,alors que le feu meure dans l'âtre,
    Une larme perlant sur ses cils de jais
    Bientôt, dévale sa joue d'albâtre.
    
    - Je suis là, près de toi... Toujours.
    Dans le silence de la chambre
    S'élève cette douce voix
    Et l'ombre se glisse auprès de la jeune fille.
    
    L'ombre se penche pour l'embrasser
    Et Sabine ouvre les yeux.
    Souriant à la silhouette de son aimé,
    Elle savoure la réalisation de son vœu.
    
    - Emmène-moi !
    - Je ne puis, mon amour.
    - Tristan, je ne veux plus vivre sans toi...
    - Sabine, nous nous reverrons un jour.
    
    L'aube se lève quelques heures plus tard.
    Sabine a rejoint son aimé,
    Son cœur a cessé de battre
    Et ensemble, ils peuvent vivre leur amour, dans cette vie, inachevé.

samedi 2 septembre 2017

Réveil nocturne

Les yeux clos,
Bras croisé sur la poitrine,
Dort une jeune femme blonde à la longue robe rouge.
Dans le tombeau, rien ne bouge ;
Elle attend que la nuit teinte le ciel d'un bleu marine
Qui marquera son réveil, poupée de cire, froide comme si de neige était son manteau.
La nuit pénètre dans le tombeau
Et la pâle jeune femme ouvre les yeux
Dans son caveau solitaire.
Une fois de son tombeau, avoir dégagé la pierre,
Et elle s'avance, altière, les yeux vers les cieux,
Souriante dans sa robe rouge bordeaux.
Un sourire carnassier pare sa bouche
Et la fille aux yeux bleu foncé s'enfonce dans la nuit,
Enveloppée dans sa cape violette.
Durant des heures, elle parcourt les ruelles, muette,
Jusqu'à trouver dans un taudis
La proie dont elle se délecte qui dort sur sa couche.
Rassasiée,
La femme vampire s'enfonce dans la nuit
Courant retrouver son tombeau solitaire.
Elle marche altière
Dans les rues, inquiète de la mort des étoiles. La jeune fille
Retrouve bien avant l'aube sa couche froide et solitaire qui l'attend pour l'éternité.

vendredi 1 septembre 2017

Lettre de remerciement

Marcinelle,
le 28 février 19..
    
                                                                      Monsieur,
    
     Au vu des récents évènements qui ont porté atteinte à l'intégrité physique de notre nouveau président directeur général, monsieur Aimé de Mesmaeker, je me vois dans l'obligation de mettre un terme à votre contrat de travail en accord avec le conseil d'administration. En effet, depuis votre arrivée au Journal de Spirou, votre productivité n'est pas à la hauteur de nos espérances et vous semblez mettre en œuvre tout votre talent pour éviter de travailler. De plus, conformément à votre contrat de travail, votre fonction d'employé de bureau consiste à effectuer des tâches administratives. Ces tâches comprennent notamment le classement du courrier en retard qui n'a jamais été plus en retard que depuis votre arrivée.
    
     En outre, des témoignages anonymes multiples nous informent que vous passez de nombreuses heures à dormir sur votre bureau ouvertement ou avec de vaines tentatives afin de le masquer. Si vous ne somnolez pas, vous utilisez votre temps de travail pour créer des inventions farfelues ou accumuler les gaffes au sein de la rédaction en utilisant les locaux et le matériel fournis par l'entreprise. Je vous rappelle que ces ressources vous sont confiées en vue d'effectuer les tâches inscrites à votre contrat de travail.
    
     Il est avéré que vous avez à maintes reprises désobéi au règlement intérieur qui interdit de manger dans les bureaux (et d'autant plus durant les heures de travail). Vos diverses préparations de crêpes, saucisses en boîte et sardines à l'huile ont créé des dommages dans les locaux (notamment des explosions et des incendies ainsi que des taches sur les murs, moquettes et plafonds). Sans oublier que vos expérimentations culinaires effectuées durant vos horaires de travail, alors même que votre contrat de travail ne mentionne aucune activité en lien avec la préparation de nourriture, ont à maintes reprises rendues vos collègues malades, créé des explosions ou pire. La morue aux fraises et l'omelette au chocolat granulé pour ne citer qu'elles, n'ont aucun lien même lointain avec vos attributions. Je vous rappelle qu'une caféteria est à la disposition des employés pour leur pause déjeuner.
    
     Les destructions massives nées de vos inventions (explosions, inondations, dégâts importants sur des murs notamment) se chiffrent en millions de francs et la situation économique actuelle nous oblige à réduire toutes nos dépenses. L'alcool à flamber les crêpes, dont vous avez fait un explosif utilisé par vos collègues durant la dernière soirée crêpe, organisée pour l'anniversaire d'un personnage phare des éditions Dupuis, a manqué souffler le bâtiment. Par chance, ils s'étaient installés dans le jardin de la rédaction pour profiter du beau temps. Néanmoins, les voisins ont déposé une plainte contre l'entreprise qu'ils jugent responsable de vos agissements.
    
     A la lecture attentive de votre dossier, je note des refus répétés de ramener chez vous vos animaux (un chat "un peu trop vif et joueur", une souris, une mouette qui a agressé vos collègues à maintes reprises, un hérisson qui a blessé de nombreux collaborateurs et votre poisson rouge qui nous le reconnaissons est inoffensif et pourrait trouver sa place dans votre bureau) sans oublier votre plante (pour rappel, un énorme cactus qui a blessé de nombreuses personnes à maintes reprises). Je vous rappelle que ces animaux n'ont rien à faire sur votre lieu de travail et que le règlement intérieur autorise une petite plante sur chaque bureau et ne mentionne aucun animal. Une tolérance concerne les poissons rouges. Ces dommages répétés ne jouent pas en votre faveur, d'autant plus qu'il est avéré que vous n'avez pas conscience des blessures physiques et morales infligées par vos animaux sur vos collègues ces dernières années.
    
     Parmi vos nombreuses inventions, créées durant vos heures de travail sans autorisation de vos supérieurs, je me dois de mentionner le gafophone qui a détruit les tympans de nombreux collaborateurs et entraîné des arrêts maladie à répétition ces dernières décennies. Cet instrument de musique a causé de multiples dommages sur le bâtiment, ébranlé par les puissantes vibrations de votre invention. Et bien évidemment, nous n'oublions pas le gastonlatex dont vous vous êtes servi à maintes reprises pour faire semblant de travailler et qui a été à l'origine de nombreux dégâts dont de nombreuses frayeurs parmi vos collègues.
    
     De plus, nous attirons votre attention sur divers points du règlement intérieur que vous ne respectez pas au quotidien. Votre tenue n'est pas réglementaire, le règlement intérieur mentionne une tenue correcte exigée. Je vous rappelle qu'il est strictement interdit de fumer dans les bureaux et durant les heures de travail, il vous est possible de fumer à l'extérieur des locaux durant les pauses réglementaires. Il n'est pas permis aux employés de manger dans les bureaux et hors des pauses réglementaires. Nous avons noté que les horaires mentionnés sur votre contrat de travail ne sont pas respectées et je vous rappelle qu'il est interdit de pénétrer dans les locaux hors de vos horaires de travail, notamment de nuit.
    
     Monsieur de Maesmaker a ce jour signé les contrats qu'il tente de signer depuis plus de dix ans et par conséquent, au vu de la plainte qu'il a déposé contre vous devant les tribunaux pour coups et blessures à répétition, harcélement moral et non respect de votre contrat de travail, nous ne pouvons vous garder au sein de nos équipes. En effet, vous portez atteinte à la réputation de notre entreprise ainsi qu'à l'intégrité physique et morale de notre équipe. Je me dois de mentionnner en outre que votre activité nuit à la productivité de nos collaborateurs qui vont devoir faire face à un surcroît d'activité né de la fusion de nos entreprises.
    
     Enfin, votre mouette a endommagé mon Alfa Romeo alors que je rédigeais cette lettre. Elle a fait tomber une boite de pâté pour chat d'une hauteur importante sur mon pare-brise. Je vous informe par la présente, que je vais porter plainte en mon nom propre pour cet incident.
    
     Vous êtes par conséquent convoqué à un entretien préalable au licenciement en date du 15 mars à 8 h 30 dans nos locaux, vous pouvez vous faire assister par un délégué du personnel. Si vous avez besoin d'un renseignement concernant cette procédure, je vous invite à contacter notre secrétaire, mademoiselle Kiglouss.
    
     Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de nos sentiments distingués.
    
    Mademoiselle Yvonne de Mesmaeker,
    Directrice adjointe
    Pour les éditions Dupuis


Les personnages et l'univers sont empruntés à Franquin bien évidemment.