dimanche 30 avril 2017

Nanowrimo Novembre 2016: La princesse Neige-Glace

La princesse Neige-Glace était une jeune princesse qui depuis sa naissance avait la peau glacée. Ses parents, roi et reine d'un pays tempéré firent tout pour la réchauffer mais l'enfant ne semblait pas souffrir du froid. Elle ne se couvrait pas en hiver mais n'avait jamais chaud en été.

La princesse Neige-Glace grandit heureuse dans son somptueux palais. Quand vient le moment de la marier, ses parents organisèrent un grand bal. Neige-Glace avait la peau blanche, les cheveux d'un blond presque blanc, ses lèvres étaient d'un rose pâle comme une fleur de printemps et ses yeux étaient d'un bleu pâle comme la glace des iceberg peut l'être. Elle était belle, très belle.

Ses prétendants se pressèrent autour d'elle mais rapidement, leur intérêt pour elle déclinait. Sa peau était froide et ce froid les révulsait à tel point que seule la bienséance leur fit finir leur danse. Au début, la princesse ne s'en rendit pas compte heureuse de ce bal mais bientôt, elle se rendit à l'évidence et sa peine fut grande. Néanmoins, elle était princesse et l'étiquette la força à rester jusqu'à la fin du bal.

Aucun de ses prétendants ne demanda jamais sa main et la rumeur se répandit qu'elle avait un cœur de glace et qu'elle en était froide comme la glace. Ce qui du reste, était faux. Sa solitude l'avait quelque peu rendue inaccessible mais si on prenait la peine de la connaître, elle était joyeuse et chaleureuse.

Les années passèrent dans la solitude, la tristesse et l'espoir qui peu à peu s'amenuise de trouver quelqu'un qui l'accepte comme elle est. Un jour, un prince d'un pays lointain se présenta. Il avait entendu parler de la princesse et se montrait fort intrigué par cette princesse froide comme la glace. Il venait d'un pays chaud et l'idée de voir la neige lui était un rêve d'enfant ; d'ailleurs, il vint en plein cœur de l'hiver. Ils s'entendirent tout de suite parfaitement bien et cette peau froide ne le rebutait pas. Il était intrigué mais nullement révulsé.

La princesse Neige-Glace accepta sa demande en mariage mais elle tint à savoir si son froid ne le rebutait pas. Il lui répondit qu'il avait surtout été intrigué par cette légende de la princesse de neige et de glace mais il avait rencontré une personne chaleureuse, humaine et avait appris à l'aimer. Sa froideur corporelle ne le rebutait pas, il venait d'un pays chaud et de son point de vue, c'était plutôt un avantage que quelque chose de répugnant. Au contraire, elle supporterait mieux le climat de son pays. Et puis, au fond, ce n'était qu'un détail insignifiant en regard de ses qualités humaines.

Leur mariage fut célébré et ils vécurent heureux dans le pays chaud du prince venu d'un pays lointain.

Vol plané

L’oisillon s’élance vers le ciel,
Le ciel se met à pleurer,
L’oisillon chute tel une pierre
Et sur le sol va rouler.

samedi 29 avril 2017

Loup dans la neige


Le loup court dans la neige,
Blanche comme de l’écume.
Il glisse telle une flèche
Sous la lumière blafarde de la lune.
 
Le loup hurle sous la lune 
Et jusqu’au matin, il continue son manège,
Il s’est amusé toute la nuit caché par la brume
A se laisser glisser sur la pente couverte de neige.

vendredi 28 avril 2017

La danse de la fée des bois

J’errais sans but dans le sous-bois ;
Sa fraîcheur m’apaise et  me rassure.
J’ai croisé la fée des bois.
La belle créature
M’a mis en émoi.
Elle m’a ensorcelé de sa nature
Sauvage comme un chamois.
J’ai rencontré la fée des bois
Et nous avons dansé sous la lune
Au son de son hautbois.
Puis elle est devenue taciturne
Et a fui devant l’aube de soie.
Je suis amoureux de la fée des bois.
 

jeudi 27 avril 2017

Nanowrimo Novembre 2016: La fleur sur l'océan

Il était une fois, une fleur emportée par le vent. L'arbre qui la portait était en bord de plage et le vent souffla une rafale qui emporta la fragile fleur jusqu'à l'eau salée. Elle commença un long voyage, secouée par les flots. L'eau salée la fit dépérir et peu à peu, le sel et le soleil la firent dépérir. Plusieurs fois, des oiseaux l'attrapèrent et jouèrent à se la passer de bec en bec mais toujours la fleur desséchée par le sel retombait à l'océan.

Après des mois de navigation sur l'eau, elle finit par rejoindre son point de départ. L'arbre était en fleur et la mer repoussa la fleur haut sur le sable. Un petit enfant ramassa la fleur et l'examina. Elle était desséchée mais elle ressemblait encore aux fleurs de cet arbre, là-bas. L'enfant déposa religieusement la fleur au pied de l'arbre qui l'avait vue naître.

Plus tard, le vent la repoussa et le soleil acheva de la dessécher. Il n'en resta que des graines qui finirent par verdir et l'une d'elle donna naissance à un arbre qui mêla ses branches à celui de l'arbre qui lui avait donné la vie.

Rêve de soleil


La jeune fille rêve et elle marmonne
Dans son sommeil.
Elle imagine, pareils à une couronne,
Ses cheveux de miel
Relevés comme si elle était baronne
Ou princesse. Elle se réveille
Dans son rêve et elle actionne la crémone
Pour voir le soleil
Descendre sur la terre pour dispenser de sages paroles à l’oreille des hommes,
Leur apportant sagesse et mille merveilles.

mercredi 26 avril 2017

Pirogue nocturne

Le pêcheur vogue sur sa pirogue
Dans le silence de la nuit.
Il regarde les étoiles qui illuminent le ciel juste pour lui.
Alors, il sort sa flûte pour jouer un air à la mode.
Tant de beauté ne peut le laisser indifférent.

mardi 25 avril 2017

Haiku de tempête

Le vent hurle sur la colline,
Le loup hurle sous la lune,
Le vent imite le loup.

lundi 24 avril 2017

Baguette perdue

La sorcière court dans sa maison
Et retourne chaque tapis, chaque rideau.
Elle retrouve même un vieux crapaud
Qui a moisi il y a plusieurs saisons.
Où est donc sa baguette ?
Source de ses pouvoirs magiques ?
Qu’avait-elle donc en tête
En l’utilisant comme un pic
Pour tenir son chignon.
La sorcière tourne encore et encore
Dans sa maison.
Elle retrouve sa baguette dans le miroir du corridor.
 

dimanche 23 avril 2017

Le serpent de mer échoué

  Une tempête avait déposé un serpent de mer sur le rivage. Abandonné et loin de son élément, il observait la mer qui s’était retirée au loin alors que le soleil commençait à le brûler. Il s’était échoué tout près d’un château et il décida de partir à la recherche d’un bassin.

  Il entra par une fenêtre ouverte et il atterrit dans une salle de bain. Une bassine pleine d’eau était posée sur une table et le serpent de mer s’y glissa avec volupté. L’eau réhydrata sa peau qui commençait déjà à se dessécher et il revint peu à peu à la vie.  Il entendit un cri et il se retourna. Une jeune fille aux longs cheveux roux l’observait de ses grands yeux verts. Vêtue d’un peignoir et encore ruisselante, elle sortait de son bain lorsqu’elle avait remarqué l'animal.

- Que fais-tu donc ici ? demanda-t’elle avant de se dire qu’elle était stupide d’agir ainsi. Elle allait appeler une servante lorsque le serpent de mer lui répondit :
- Mademoiselle, ne craignez rien ! La mer m’a déposé loin sur le sable avant de se retirer. Elle était si loin que j’ai renoncé et cherché un point d’eau.
Le serpent de mer découvrit ainsi qu’il pouvait parler le langage des hommes.
- Tu me sembles particulièrement intelligent pour un serpent de mer. Et tu parles ma langue ? Tu m’intrigues, petite créature.
- Moi-même, je l’ignorais encore jusqu’à ce que je vous rencontre. A croire que je l’avais oublié.
- Ne bouge pas, je reviens.
Le serpent craignit qu’elle n’appelle une servante pour le tuer car elle avait fermé porte et fenêtre avant de partir. Il l'entendait bouger dans la chambre, il supposa qu’elle s’habillait. De longues minutes plus tard, elle revint accompagnée d’un enchanteur qui parla longuement avec le serpent de mer. Il prononça des mots inintelligibles et le serpent se transforma en un petit garçon.
- Vous m’avez sauvé ! Merci ! J’ai été victime d’une malédiction car j’ai jeté des pierres sur un serpent; il s'agissait en réalité une sorcière qui se promenait dans l’herbe.
- Je vais te faire habiller et raccompagner chez toi, dit la princesse.

  Le petit garçon retrouva ses parents et il resta ami toute sa vie avec la princesse qu’il voyait très souvent. Jamais plus il ne put s’approcher de la mer.

samedi 22 avril 2017

La vieille femme dans le jardin

Décrivez un paysage tel que vu par une femme âgée dont le vieux et détestable, dégoûtant mari vient juste de mourir. On ne doit pas mentionner le mari ni la mort. Inspiré d’un exercice de Gardner Lien
 
Enfin, elle était délivrée. Il n’était plus de ce monde. La vieille femme entra dans la maison et alla dans la chambre où l’on emportait enfin le corps. Elle était libre après toutes ces années de souffrance et de privations.

  Elle sortit et s’assit dans l’herbe du jardin. Le soir tombait et elle respirait pour la première fois depuis longtemps avec volupté les effluves des fleurs qui l’entouraient. Elle sentait surtout les roses.
Il lui avait offert une rose la première fois, elle s’en souvenait maintenant. Il était si charmant. Elle l’aima aussitôt, trop vite, trop fort. Mais peu à peu, il se montra sous son vrai jour. Toujours d’humeur exécrable, il ne respirait pas la joie de vivre. Morne et triste, elle rêvait qu’il retrouve le sourire. Elle aurait voulu partir mais l’amour restait le plus fort. Peu à peu, il s’enfonça dans la mélancolie et devint détestable au quotidien. Elle ne disait rien et elle subissait ses vexations en silence.

  Enfin, il n’était plus. La vieillesse avait eu raison de lui. Elle était triste car elle l’aimait toujours comme au premier jour mais elle était heureuse de pouvoir enfin savourer la vie comme elle l’avait toujours fait avant de le rencontrer.

vendredi 21 avril 2017

Mortelle embrassade

   J’avais remarqué à plusieurs reprises ce garçon qui m’observait ces derniers temps. Je pensais que je l’intéressais mais il ne m’a jamais abordé lors de mes sorties avec mes amis. Un soir que je sortais d’une boîte de nuit pour respirer l’air du dehors en laissant mes amis à l’intérieur, il est venu à moi. Il m’a souri et m’a pris par le bras pour m’aider à marcher. Il m’a dit qu’il m’emmenait dans un lieu sûr et je n’ai pas réagi, il semblait nerveux et en même temps si sûr de lui que mon instinct ne m’a pas poussé à le fuir. J’avais trop bu et je l’ai suivi sans poser de question. Nous avons longtemps marché, j’ai senti ses ongles se crisper plusieurs fois à travers ma veste en jean mais il se calmait aussitôt. Il ne disait rien et je titubais un peu sous l’effet de l’alcool et de la fatigue. 

     Nous avons atteint une grande maison après une longue marche, les effets de l’alcool s’estompaient mais la fatigue m’écrasait sous son poids à mesure que le temps passait. J’ai senti qu’il m’allongeait sur un lit moelleux, je commençais à me sentir un peu mieux. J’ai senti son regard sur moi mais je n’ai pu le distinguer ; en proie à une migraine, j’ai commencé à n’être que douleur et fatigue. J’ai deviné qu’il se penchait sur moi puis je n’ai senti que la piqûre à mon cou. De surprise, j’ai ouvert les yeux qui se sont fixés sur une fleur du plafond décoré de moulures dorées. Mon corps entier n’était que douleur.

     Durant ce qui m’a semblé des jours, j’ai déliré, je voyais une silhouette toujours assise près de moi ou penchée au-dessus de moi malgré la pénombre qui régnait dans la pièce durant ce qui devait être le jour. Je faisais des cauchemars où je voyais des choses voler dans la nuit, mes dents me faisaient mal, ma peau me semblait devenir toujours plus froide comme si mon sang se glaçait peu à peu dans mes veines tel une rivière gelée. Mon cœur gelait littéralement dans ma poitrine, il paraissait devenir de glace et mes poumons se soulevaient de moins en moins souvent. Parfois, je tombais dans un trou noir, je ne me souvenais de rien, je ne rêvais sans doute pas. Ma peau devenait glacée sous mes doigts et toujours plus pâle. Un jour, j’ouvris enfin les yeux, lucide. L’inconnu qui m’avait veillé était là, près de moi. Il poussa un soupir de soulagement et ses yeux brillèrent de joie à me voir en vie.

  Le jour se devinait à peine à travers les lourdes tentures que l’inconnu n’ouvrait jamais. Il commença à me parler de vampire et de solitude, je retins surtout que j’étais loin de ma famille et de mes amis depuis un mois entier. Il avait volé un mois de ma vie, il avait volé ma vie. William le vampire prétendit que je me ferai à sa condition mais j’étais trop en colère pour réfléchir. Je n’étais qu’un monstre sanguinaire, je voulais quitter cette pièce et le fuir coûte que coûte alors qu’il prétend que je ne peux pas sortir quand je le souhaite. Je suis son prisonnier… Je voulais être seul mais il ne bougea pas. Je remarquais le décor, les moulures, les miroirs et les sculptures dorées de la chambre, je me croyais à Versailles et je ne pouvais que m’extasier devant tant de beauté. J’étais dans un manoir du XVIIème siècle, hors du temps, hors du monde. Mon bourreau ranima ma colère en insinuant que nous pourrions passer de bons moments ensemble. Je m’imaginais des années durant à vivre auprès de mon assassin sans pouvoir m’éloigner chaque fois que je le voulais ou m’échapper dans la nature pour m’apaiser.

  De rage, je cherchais à fuir ce lieu et ce William qui m’observait assis sur la méridienne qui m’avait servi de lit. Je n’étais pas dans une chambre mais dans un petit salon.  Une sorte d’instinct me retenait de sortir au dehors, quelque chose en moi y répugnait et je me souvenais alors que je ne pouvais sortir au soleil.

Furieux, je saisis la première chose à ma portée en regardant mon créateur dans les yeux.  
 - Il n'y a pas de nous !
Je ne pouvais admettre que je passerai ma vie auprès de mon bourreau, nous aurions peut-être pu être amis dans d’autres circonstances, mais c’était au-dessus de mes forces. Les tentures moisies se déchirèrent comme une feuille de papier crépon et je compris mon erreur. J’avais perdu une vie par la faute du vampire mais j’avais gâché la nouvelle vie qu’il m’offrait. J’aurais sans doute fini par m’y accoutumer une fois ma rage et mon désespoir apaisés. Le soleil toucha ma peau pâle, il la brûla et je hurlais, je n’étais de nouveau plus que douleur. Mais je n’étais plus le seul à souffrir de mes vies perdues.

jeudi 20 avril 2017

Caravelle féérique


Fendant le bleu qui l’entoure,
La caravelle avance et se fraye un chemin
Droit devant elle, toutes voiles dehors,
Tandis que s’activent les marins.
 
Ils hissent les voiles
Et le vent la pousse droit vers le ciel
Et les étoiles.
Je la vois s’élancer sur un arc-en-ciel.
 
La caravelle vogue dans le ciel
Sur un océan bleu nuit éternel.

mercredi 19 avril 2017

Hiver sur l'herbe

Le lourd manteau glacé s’étale sur le lit verdoyant
Et le gèle lentement.
Le manteau de neige recouvre l’herbe
Et fige ses brins dans la glace.

Nanowrimo Novembre 2016: Le clan des brumes

Autrefois, dans mon village, on croyait à l'existence d'un clan, nommé le clan des brumes. Ils avaient passé un pacte avec des sorciers et avaient acquis le pouvoir de se matérialiser dans la brume. Ils avaient oublié que pour se matérialiser dans la brume, il faut de la brume et que si le temps n'était pas à la brume, ils n'avaient pas de corps physique. Le sorcier s'était bien gardé de le leur dire. Depuis, ils pourchassent sans relâche ses descendants dont je fais partie.

Je ne sors jamais quand il y a de la brume, je me fie toujours au temps qu'il fait pour la prévoir. Jusqu'ici, j'avais réussi. Mais depuis quelques temps, il faut croire que leur colère a augmenté d'un cran et que ces deux millénaires à tenter d'assouvir leur vengeance sans succès n'a fait que l'attiser.

La brume du petit matin leur suffit pour se matérialiser, vous savez cette brume légère qui recouvre tout comme d'un manteau de givre. Oh, elle est légère, fragile mais j'ai vu plusieurs fois, les silhouettes de guerriers armés se matérialiser devant moi prêts à frapper.

Au début, je me ne suis pas posé de question et j'ai seulement pensé qu'ils avaient gagné en force après ces siècles passés dans les ténèbres. Mais aujourd'hui, je crois cette longue attente a rendu cette colère dévorante.

L'autre jour, alors que je prenais un bain, je les ai vu commencer à se matérialiser dans la vapeur d'eau. J'ai aussitôt ôté la bonde et fait couler de l'eau froide pour chasser la vapeur d'eau. Je ne vous mentirais pas, j'ai eu la peur de ma vie en voyant ce couteau arriver sur moi.

Aujourd'hui, le brouillard est plus épais que jamais, un brouillard à couper au couteau. Il est presque palpable et s'insinue par la cheminée dans mon habitation. Je suis monté dans ma chambre tandis que la brume emplissait ma maison toute entière. Je sais qu'ils arrivent, aussi je laisse une trace de mon histoire pour que le monde sache qu'il n'est pas bon de taire à autrui le prix à payer pour ses actes. Je suis le dernier descendant de ma famille, je vais payer pour mes ancêtres. La brume commence à s'insinuer sous ma porte. Je vous dis adieu !

mardi 18 avril 2017

Fleur de cerisier au bord de l’eau

Arrachée à sa branche nourricière,
La fleur de cerisier touche l’eau,
La fleur mourante anime son cercueil mouvant.

lundi 17 avril 2017

A la guerre comme à la guerre

   Il était une fois, une sorcière qui vivait sur un ancien champ de bataille abandonné depuis des siècles. Elle tirait sa force des âmes tourmentées qui restaient prisonnières de ce lieu maudit.   Un soir, un chevalier s’endormit dans ce lieu maudit, inconscient des risques qu’il prenait. Toute la nuit, il rêva de batailles et de sang. A son réveil, il regarda autour de lui intrigué et il remarqua un puits dans le lointain. Il se pencha vers l’eau sans rien voir et par jeu, il demanda s’il y avait quelqu’un avant de partir d’un grand rire.
- Moi !
- Qui donc ? demanda-t’il en scrutant l’ombre.
- Un écuyer que son valet a jeté dans ce puits pour prendre sa place. J’étais parti depuis deux ans pour apprendre le métier des armes et j’allais enfin rentrer chez mon père quand nous sommes tombés sur ce champ de bataille au moment où elle faisait rage. Mon valet m’a montré le puits et j’ai couru m’y cacher. Il était derrière moi et il m’a assommé alors que j’allais me glisser dans le puits. Je me suis réveillé quelques heures plus tard, la bataille avait cessé et j’étais seul.  Je n’ai pas pu remonter car la paroi est trop lisse pour offrir des prises. J’ai appelé durant des jours mais personne n’est venu. Depuis j’erre sur ce champ de bataille que les hommes évitent car ils le pensent hanté ou maudit. Une sorcière s’abreuve de nos gémissements.
- Elle vous retient prisonniers ?
- Oh non, elle profite du lieu. Aide-moi à trouver le repos et tu seras récompensé !
- Comment ?
- Va au château de mon père et parle-lui de ma tache de naissance sur le haut de la cuisse. Elle est rouge en forme de cœur. Va pour moi, je t’en supplie.
- Ce ne serait que justice. Mais je ne comprends pas comment ton écuyer a pu prendre ta place…
- Nous sommes partis deux ans, mon père a quitté un enfant et retrouvé un adulte. Nous avions la même couleur d’yeux et il a sans doute prétendu que ses cheveux ont éclairci avec le temps.

Le chevalier, épris de justice, prit la route du château du jeune garçon. Il chevaucha de longs jours et il se crut suivi à plusieurs reprises. Mais il atteignit enfin le château. Le seigneur du lieu le reçut avec honneur car il aimait entendre les nouvelles du royaume qui était très étendu. Après le repas, il pria son invité de lui conter son histoire.
- J’ai rencontré un bien curieux personnage. Je traversais une plaine qui a connu une grande bataille l’an dernier quand un ange m’est apparu. Il m’a dit de joindre le seigneur de la vigne et de lui raconter son rêve.
- Quel genre de rêve ?
- Je ne puis le raconter qu’à la personne concernée !
- Ce sont sur mes terres que le meilleur vin du pays est produit, je fournis la table du roi et de l’évêque.
- Il a vu un écuyer, fils d’un grand seigneur, qui rentrait chez son père après avoir appris le métier des armes durant deux ans. Il est arrivé par hasard sur un champ de bataille et son écuyer l’a poussé à se cacher dans un puits avant qu’on ne les remarque. Il a obéit et son écuyer l’a précipité dans le puits alors qu’il enjambait la margelle.
- Quelle horreur, en effet ! Qu’est devenu l’autre garçon ?
- Il a pris sa place. On les confondait souvent l’un avec l’autre mais leur supercherie était toujours dévoilée car le fils du seigneur avait un cœur sur la cuisse. Il devait venir de la région car il m’a dit que son père se vantait de fabriquer le meilleur vin du pays tout entier.

   Le seigneur demanda son fils et la supercherie fut découverte. On enterra avec les honneurs le fils du seigneur et le valeureux chevalier fut récompensé par de nombreuses richesses.

dimanche 16 avril 2017

Le chant de l'insouciance

Le jeune garçon frêle aux longs cheveux blonds et à la peau si blanche qu’il semblait presque malade chantait sous les arbres. Son chant s’élevait dans le ciel  et tous les animaux l’écoutaient, massés sur le bord du chemin qu’il empruntait perdu dans l’extase de ce chant d’espoir et de vie.
 
Un oiseau se joignit à lui et le tout jeune homme sourit. Ils chantèrent de concert durant quelques minutes puis le jeune homme se tut pour écouter l’oiseau emplir le bois de son chant. Il ne pouvait égaler le virtuose emplumé et n’osait pas troubler ce moment de grâce.

mercredi 12 avril 2017

Monster's diary

06 h Je me réveille sans faire de bruit pour ne pas éveiller mes voisins, je me prépare un petit déjeuner, je me lave et m’habille. En entrouvrant les rideaux, j’aperçois une épaisse nappe de brouillard, je vais pouvoir sortir. Après un dernier coup de peigne pour discipliner mes poils soyeux mais bleus que je dois absolument masquer, j’enfile un pantalon sur d’inconfortables bottes en caoutchouc  taille 50 qui masquent mes pieds et mes poils. Un imperméable ample, un cache-nez, des lunettes de soleil et un large borsalino noir pour ne pas attirer l’attention me permettent de masquer mes poils. Il est encore tôt, je flâne dans le parc désert durant une petite heure. Je ramasse le courrier de la veille en rentrant.
 
07 h Je prends mon petit déjeuner en écoutant les informations. Puis je lis et je regarde des films pour passer le temps jusqu’au déjeuner. Je ne peux pas sortir donc la matinée semble s’étirer encore et encore.  J’ai suivi la bourse et géré mon portefeuille d’actions qui me permettent de vivre confortablement.
 
12 h Je me fais livrer mes courses. Je m’affuble d’une robe d e chambre informe, de grosses charentaises, d’un pantalon ample, de chaussettes, d’une écharpe, d’un bonnet de nuit et d’un masque de chirurgien en prétextant une maladie contagieuse. Heureusement que ce manège ne se répète qu’une fois par semaine !
 
14 h Je viens de finir de manger et je m’occupe à mon ménage et mes activités habituelles jusqu’au dîner.
 
21 h Je dîne devant la télévision en attendant impatiemment la tombée de la nuit.
 
23 h Je me couvre et je me décide à sortir sans bruit. Je marche longuement jusqu’à atteindre des sous-bois où je peux enfin me déshabiller et me promener sous mon vrai visage. Je suis libre jusqu’au lever du jour.

mardi 11 avril 2017

Nanowrimo Novembre 2016 L'oiseau arc-en-ciel


J'ai lu l'autre jour dans un livre que les arc-en-ciel naissaient de la queue d'un oiseau qui vole dans le ciel pour le faire apparaître. Du haut de mes dix ans, je levais les yeux de mon livre (un livre de la bibliothèque interdite de mon père car oui, la mythologie, ça ne devrait pas intéresser les garçons de dix ans).

Cette histoire m'a troublée et j'ai décidé de vérifier. Dans ce livre, il était dit que pour faire apparaître cet oiseau, il fallait réunir et mélanger toutes les couleurs de l'arc-en-ciel.

Un dimanche que mes parents étaient partis se promener, j'ai cherché sur internet les nuances de l'arc-en-ciel et j'ai mélangé encore et encore ma peinture jusqu'à obtenir sur ma palette les nuances de l'arc-en-ciel.

J'ai lavé mon pinceau et je les ai délicatement mélangées en un tourbillon coloré. A ma grande surprise, un oiseau aux couleurs de l'arc-en-ciel est apparu, il chantait gaiement et volait à travers la pièce. Je n'ai JAMAIS songé que l'expérience puisse réussir, jamais. Du coup, je me suis trouvé bien embêté. J'ai remonté mes lunettes sur mon nez et j'ai ouvert la fenêtre pour que l'oiseau s'envole.

Il s'est envolé, en effet, non sans créer un arc-en-ciel dans son sillage. Quand mes parents sont rentrés de leur promenade, ils ne m'ont pas cru.

vendredi 7 avril 2017

Fictions pseudo-scientifiques: Téléportation temporelle

Rapport d’expérience
Sujet : Louise
Expérience : Téléportation temporelle
Lieu : Laboratoire Braincorp, Paris
Date : 07 avril 2159
Epoque : Moyen-Âge
 
Louise a huit ans et elle a accepté de participer à notre expérience. Fillette de huit ans, elle est en bonne santé et d’intelligence normale. Aussitôt entrée dans la pièce, Louise se précipite sur le médaillon et le prend en main. Elle semble mal à l’aise mais rien d’alarmant. Elle le pose sur la table et explore la pièce avant de s’asseoir par terre pour jouer avec sa poupée durant le reste de l’expérience.  
 
Annexe :
Récit de Louise
 A l’issue de l’expérience, Louise nous a parlé d’un château fort et d’un homme en armure qui lui demande d’effectuer des tâches domestiques. Nous en déduisons qu’elle parle d’un métier de servante dans un château.
 
Interprétation possible 
 Après l’avoir longuement questionnée, nous avons fini par comprendre qu’une partie du corps et de l’esprit de Louise se trouve au Moyen-Âge. D’après notre interprétation, en arrivant au château, la petite fille a été prise pour une nouvelle servante habillée étrangement et elle a donc été embauchée comme servante sans plus de questions. Elle semble bien s’adapter à cette nouvelle vie. Il semble que l’expérience a parfaitement réussi mais que nous n’avons pas pu ramener l’esprit de Louise à notre époque. Nous n’avons pas averti les parents du sujet d’expérience car elle semble bien s’en accommoder. Notre inquiétude principale demeure de savoir ce qui arrivera à la petite Louise si jamais son corps meurt au Moyen-Âge. D’après nos connaissances, il n’arrivera rien à la Louise d’aujourd’hui si ce n’est des pensées fugaces qui lui feront penser qu’elle a des souvenirs d’une vie antérieure.

Fictions pseudo-scientifiques: Chimère d'Adam A.

- Bien, laboratoire Braincorp, département de génétique, nous sommes le huit mars 2154 et nous sommes prêts à tenter de créer de manière artificielle un chimérisme complet. Je prends les deux zygotes, je les assemble et je les réimplante. C’est terminé, il ne reste plus qu’à attendre.
 
Quelques mois plus tard :

6 juin 2159
L’enfant se développe normalement. Il possèdera les caractéristiques génétiques des deux zygotes. Il aura ainsi une partie de son corps avec un génotype donné et le reste du corps un autre génotype proche. En effet, j’ai manipulé génétiquement le deuxième zygote  pour qu’il soit proche du premier. C’est son petit frère ou sa petite sœur qui a fusionné avec lui !
 
Rapport de naissance du fils d’Adam A.
1er décembre 2159
Adam A. nous a fourni le matériel génétique nécessaire à cette prouesse. L’enfant possède six embryons de dents de sagesse à la radio mais il semble en bonne santé. Il possède bien les deux patrimoines génétiques.
 
Constat de décès du fils d’Adam A.
1er décembre 2159
Ce jour à 08 h 12, le fils d’Adam A. est décédé pour une raison qui nous échappe. Il semblait viable à la naissance et durant la nuit, il est décédé. Nous n’avons pas la preuve que son géniteur soit à l’origine du décès. Après une phase où il nous a semblé tout à fait normal, il est retombé dans l’état qui lui est habituel à l’asile où nous l’avons fait envoyer. L’hypothèse qu’Adam A. soit le meurtrier dans le but d’éviter à son fils de subir le même sort que lui n’est pas écarté. Toutefois, en l’absence de preuves, nous nous devons de considérer le sujet Adam A. comme innocent.

jeudi 6 avril 2017

Les contes flamboyants de la forêt: Arietes

Le cerf aux longs bois reniflait l’herbe brûlée en secouant la tête. A côté, une offrande des hommes contenait de la nourriture qu’il ne pouvait que renifler sans pouvoir la consommer. Il n’avait nulle part où aller alors il invoqua la lune, il la pria durant une nuit entière. La forêt était son unique refuge, il ne pouvait traverser les habitations des hommes sans craindre d’être chassé et la vallée caillouteuse qui prolongeait la forêt ne le laisserait pas sortir vivant d’une longue marche dans les pierres sans eau ni nourriture. Il était condamné mais il croyait aux divinités anciennes qui veillaient sur la forêt.
 
  Alors le cerf chanta la nuit durant, le clair de lune qui éclairait les restes fumants de la forêt semblait l’écouter du haut du nuage sur lequel elle semblait assise. Elle lui souriait du haut du ciel où des divinités anciennes l’écoutaient sans mot dire. Le cervidé implora et pleura la forêt disparue, il la pressait de renaître de ses cendres car elle donnait la vie. 

  Au matin, la lune l’exauça : le cerf avait perdu ses bois majestueux mais la forêt commençait à timidement reverdir.  La forêt renaissait à la vie et au fil des mois, les bois du cerf repoussèrent alors que la forêt reprenait ses droits sur la folie des hommes.

Les contes flamboyants de la forêt: Horny bunny


  Assis au coin du feu, le cow-boy solitaire chantait pour passer le temps et éloigner les bêtes sauvages qu’il entendait rôder. Sous une couverture chaude, une peau d’ours le protégeant du froid du sol, il fredonnait une complainte de son pays qui le berçait. Libre et heureux, il regardait les étoiles dans le silence de la plaine. Peu à peu, sa voix se faisait pâteuse, ses doigts devenaient hésitants sur les cordes de sa guitare.

  Un chant s’éleva derrière lui ; blême de peur, le cow-boy se retourna mais il ne vit rien. Pour se donner du courage, il recommença à chanter. Un chant s’éleva de nouveau derrière lui, imitant à la perfection sa voix. Il chanta plus fort, la voix l’imita. La soirée se passa ainsi, le cow-boy finit par hurler son chant pour ne plus entendre la voix mais la voix était toujours derrière lui.

  En colère, le cowboy sortit son colt et il examina les alentours mais il ne vit rien dans le noir. Alors il recommença à parler et il s’approcha de la voix avec la lenteur d’un félin en chasse. Effrayé car cette voix l’imitait parfaitement, il craignait de se trouver nez à nez avec un esprit mais sa colère était plus forte que sa peur. A pas de loup, il s’approcha de la voix après avoir chanté un long couplet sans respirer que la voix imita dès le début du couplet dès qu’il s’arrêta.

Il se trouva nez à nez avec un lapin brun qui portait des cornes de cerf sur la tête. Acculé contre un rocher, l’animal commença à devenir agressif et à tenter de donner des coups de corne au cowboy.  Il voulait seulement l’observer et il commença à chanter d’une voix douce tout en répandant du whisky sur la dalle de pierre où l’animal s’était réfugié. Le lapin cornu commença à boire le liquide et lorsqu’il eut fini, il regarda l’homme dans l’espoir de boire de nouveau ce breuvage.
- Non, horny bunny, tu vas finir ivre mort.

  Toute sa fatigue mystérieusement envolée, le cowboy se remit à chanter accompagné par le  jackalope, leurs voix s’élevèrent au son de la guitare sous les étoiles jusque tard dans la nuit.
  Au matin, le cowboy rejoignit la forêt proche et s’y enfonça toujours en suivant le jackalope. Ils marchèrent ainsi durant de longues heures jusqu’à ce que le mystérieux lapin cornu s’évanouisse dans un fourré.

mercredi 5 avril 2017

Les contes flamboyants de la forêt: Rosa aurea

    Il était une fois, une forêt très sombre qui avait été victime d’un maléfice. Durant des siècles, un sorcier en avait fait son repaire et son pouvoir avait peu à peu contaminé les arbres, l’eau et les animaux. Ce sorcier finit par mourir de vieillesse après avoir étendu son maléfice à toute la région qu’il avait sillonnée durant sa vie. Peu à peu, l’ombre de la présence maléfique avait reculé et seul le bois où le sorcier avait élu domicile était trop profondément imprégné de malice pour se régénérer.
    
     Un jour, un chevalier chevaucha jusque dans la forêt. Il connaissait les légendes qui entouraient le lieu mais la magie ne lui faisait pas peur. Malgré les réticences de sa monture, il pénétra sous le couvert des arbres. La forêt infestée lui parut morte et ténébreuse. Aucun animal ne vivait dans les parages, seuls des plantes et des arbres étranges qui semblaient brûlés de l’intérieur subsistaient. A son grand soulagement, il ne rencontra aucun animal dans la forêt et il ressortit sous le soleil estival. En quête d’un exploit à accomplir, le jeune homme se dit que redonner vie à la forêt maudite serait une noble quête que nul n’avait jamais tentée.
    
     Sûr de réussir, il lut nombre de livres et de légendes mais il ne trouva nul indice. Ses camarades pourfendaient des dragons et ramenaient des trésors mais il ne savait quelle quête accomplir ou comment trouver des créatures à combattre ou des trésors à amasser dans son château. Alors, il allait souvent visiter la forêt maudite dans l’espoir de la ramener à la vie, action qui lui apporterait la gloire qu’il recherchait.
    
     Un jour qu’il fouillait une bibliothèque poussiéreuse, sa main se posa sur un livre qui traitait des contes et légendes des forêts. Il paya son livre au libraire, qui se montra enchanté d’avoir un client d’un tel rang, et il rentra chez lui se mettre à la lecture de l’ouvrage. Il finit par tomber sur un récit qui relatait la malédiction du sorcier qu’il connaissait déjà dans ses grandes lignes. Il apprit que la forêt couvrait alors la majeure partie du pays et que la forêt qui restait contaminée était l’ultime vestige de la malédiction. Il découvrit une information essentielle : une fée avait planté une rose d’or au cœur de la forêt et avait déclaré que si une personne était assez courageuse pour la trouver, elle redonnerait vie à la forêt. En effet, elle reprochait aux hommes de n’avoir pas chassé le sorcier lorsque son pouvoir maléfique avait commencé à se répandre et qu’il était encore temps de la chasser. Le jeune chevalier avait trouvé la quête qu’il souhaitait accomplir. S’il réussissait l’exploit de trouver cette rose d’or et de redonner vie à la forêt sa renommée était assurée. Mais il devait s’enfoncer au plus profond de la forêt pour trouver la rose d’or.
    
     Le jeune chevalier se dit que s’il n’avait pas le courage d’explorer une forêt, certes sombre et ancienne, mais inoffensive, il ne pourrait jamais combattre un dragon cracheur de feu. Ce n’était qu’une suite d’arbres dont les branches enchevêtrées faisaient obstacle à la lumière. Un matin, armé jusqu’aux dents, un sac de vivres au côté, il pénétra vaillamment dans la forêt obscure. Pour ne pas s’égarer, il avait décidé d’aller toujours tout droit, il finirait ainsi par quitter la forêt. La veille, il avait parcouru la région pour situer avec précision l’emplacement de la forêt sur la carte et en déterminer le milieu. Au matin, il avait passé le pont de Brumebrune et continué toujours tout droit. D’après ses estimations, s’il continuait toujours ainsi, il passerait au cœur de la forêt où il trouverait la rose d’or. Sinon, il sortirait en vue du hameau de la futaie obscure. 
   
    Il s’enfonça entre les arbres et la fraîcheur de la forêt l’envahit, la marche était presque agréable sous le soleil brûlant de l’été qui ne traversait pas l’épaisseur de verdure. Pour ne pas se perdre, il avançait droit devant lui, attentif aux bruits alentour. Il faisait sombre sous les arbres et il avait du mal à trouver son chemin par moments. Il marcha durant des heures mais il gardait confiance car il savait qu’il finirait par sortir de la forêt.
    
     Il s’abreuvait à un cours d’eau lorsqu’en relevant la tête, il vit quelque chose scintiller devant lui. Il avait trouvé la rose d’or qui n’était qu’une rose en métal doré contrairement à ce qu’il pensait. Il avait imaginé une fleur aux pétales dorés mais il la trouva tout de même merveilleuse. Avec hésitation, il cueillit la fleur merveilleuse et retourna sur ses pas. Il observait de tous côtés et il remarqua que rien ne se passait. Perdant courage, il songea qu’il avait fait tout ce périple pour rien car la légende n’était qu’une histoire pour les enfants.
    
     Lorsqu’il quitta enfin la forêt le soleil l’aveugla et un instant, il ne vit plus rien. De crainte de se voir attaquer de tous côtés, il dégaina son épée mais il n’en fut rien. Lorsqu’il retrouva la vue, il se retourna sur une forêt de nouveau verdoyante qui chantait sous le vent. Il garda la rose d’or certain qu’elle lui porterait chance. Un chant mélodieux s’éleva alors et le chevalier s’enfonça de nouveau dans la forêt qui sentait le printemps. Au cœur de la forêt, il trouva un coffre empli de richesses et une voix murmura que c’était un remerciement pour avoir eu le courage de briser le charme. Elle lui disait également que s’il gardait la rose d’or et ne la vendait pas, elle lui apporterait prospérité, santé et chance. Le chevalier garda précieusement la rose d’or et il en fut comme la voix l’avait annoncé.

Fictions pseudo-scientifiques: Cursus temporalis


Caribert était un brillant inventeur du XXIIème siècle, il travaillait sur les voyages dans le temps parce que depuis toujours, il était convaincu que ces voyages étaient possibles. Il était, par exemple, certain que Jules Verne avait voyagé dans le temps pour raconter ses Voyages extraordinaires, il n’en démordait, c’était la seule explication rationnelle.
    
     Il passa dix ans dans la pénombre de son garage parmi ses outils, ses ordinateurs et un monceau de feuilles de papier. Dix ans dans le bruit, la poussière, le manque de lumière et dans un air confiné n’avaient pas entamé son optimisme et sa bonne humeur. Il chantait durant ses longues heures de travail acharnées. Au début, il avait trouvé des bourses et des mécènes mais peu à peu, il avait dû trouver un emploi et passer des heures normalement dédiées au sommeil à travailler d’arrache-pied.
    
     Un jour, il trouva l’idée de génie qu’il cherchait depuis des années : il allait utiliser les propriétés physiques du temps et se propulser dans un caisson hermétique à très grande vitesse pour voyager dans le temps. Ses notes à la main, il mit une année à rendre cette idée viable puis une année supplémentaire à construire sa machine.
    
     Après douze ans de travail, le grand jour était arrivé, il avait tout pris en compte et il n’avait plus qu’à entrer dans sa machine. Calé dans la machine, il allait tourner à une vitesse vertigineuse et traverser le temps sans savoir où et quand il allait atterrir. Dans sa fébrilité, il n’y pensa pas.
    
     Caribert ouvre les yeux, il est vivant mais enfermé dans un placard. Des voix se font entendre au-dehors et il ouvre la porte avec précaution, il y a du soleil et du bruit alentour. Il reconnaît le bâtiment face à lui : il a atterri dans le bagne de Cayenne ! Pour rentrer chez lui, il devra quitter les lieux, construire une machine sans matériaux donc rejoindre le continent pour espérer trouver de quoi fabriquer les outils pour reconstruire sa machine de mémoire car il a oublié ses plans et ses calculs dans son garage. Mais dans l’immédiat, il est heureux : il a réussi !

mardi 4 avril 2017

Nanowrimo Novembre 2016: Le bouton de rose


Un jour, dans un jardin, une rose plus grande et bien plus grosse que toutes les autres naquit. Elle était plus grosse que la plus grosse des tulipes. Le vieux couple qui habitait là fut bien intrigué par cette fleur nouvelle mais se contenta de l'observer grandir encore et encore. La saison de la floraison approchait mais la rose ne semblait pas vouloir s'ouvrir.

Les premières neiges arrivèrent sans que la rose ne s'ouvre. Le vieux couple l'avait oubliée, ils soignaient le rosier mais ils ne croyaient plus que la rose s'ouvrit un jour. Pourtant, le premier jour de neige la rose s'ouvrit lentement d'heure en heure sous l'oeil curieux des propriétaires du jardin qui avaient remarqué lors de leur visite quotidienne au jardin le changement de l'état de cette fleur intrigante. Toute la journée, la rose s'ouvrit lentement sous la neige qui la touchait légèrement en tombant. Enfin, le soir, la rose blanche comme neige avait terminé son épanouissement. En son milieu, le vieux couple trouva une perle blanche de taille respectable. Emerveillés, ils ne se lassaient pas de la contempler.

Le lendemain, ils revinrent auprès de la rose merveilleuse mais elle avait déjà fané. Depuis, tous les ans aux premières neiges, la rose blanche offre une perle au vieux couple. Montées par un bijoutier, ces perles ornent les doigts et les oreilles de la maîtresse de maison. Le vieux couple les met de côté pour en faire un collier dans quelques années.


Les contes flamboyants de la forêt: L'arbre du monde

  Dans l’antiquité, il existait un arbre qui avait la réputation d’être l’arbre du monde, ses racines étaient ancrées si loin dans la terre qu’elles traversaient la planète de part en part. Ses branches montaient si haut vers le ciel qu’on disait que lorsque le vent le faisait chanter durant les nuits de tempête, il répétait les secrets des dieux.

   Le peuple vivait à son rythme. L’arbre voyait-il ses feuilles dorer puis rougir ? L’automne arrivait, les dieux se préparaient au repos. Lorsqu’il se dépouillait, les hommes croyaient que la terre était en sommeil, elle rêvait pour mieux renaître à la vie, les dieux eux-mêmes se reposaient de leur dur labeur. Le printemps arrivait, l’arbre se couvrait de bourgeons puis de fleurs odorantes et les dieux étaient en bonne santé, ils fêtaient leur renaissance. L’été marquait l’apogée de leur puissance, l’arbre arborait des feuilles vertes et vigoureuses.

  Un jour, l’arbre ne reverdit pas. Malade ou âgé, le printemps sembla sans effet sur lui. Le peuple s’inquiéta mais le soleil et les fleurs revinrent alentour et les habitants du lieu se rassurèrent. Esseulé et oublié, l’arbre demeurait en sommeil. En quelques mois, les hommes oublièrent qu’il avait la réputation d’être l’arbre du monde, l’arbre dont les racines plongeaient si loin dans la terre qu’il sentait les évènements bien avant leur arrivée. Si les hommes l’avaient observé avec attention, ils auraient remarqué que l’arbre semblait en bonne santé et que seules ses feuilles n’avaient pas réapparu.

  Une nuée de sauterelles s’abattit sur les champs, les arbres et l’herbe. En une nuit, elles dévorèrent toute la verdure avant de rejoindre de nouvelles contrées. Les hommes étaient désespérés, la végétation avait laissé place au bois et à la pierre.

  Lentement, l’arbre du monde reverdit, ses bourgeons apparurent et ses feuilles se déployèrent procurant ombre et fraîcheur, les insectes virent se nicher dans ses branches, les oiseaux revinrent apportant des graines nouvelles. Peu à peu, la vallée revint à la vie.

   L’arbre du monde fut de nouveau vénéré et depuis ce jour, les hommes guettent le jour où ses bourgeons ne renaitront pas au début du printemps, signe qu’ils doivent se préparer au pire.

Fictions pseudo-scientifiques: Jumeau artificiel

  Gaston tenait le prospectus entre ses mains :
« Participez à une œuvre historique ! Le premier clonage humain est à portée de main ! Forte rémunération !  Au service de la science, contactez nous au : »
  Forte rémunération ! Le jeune homme tout juste majeur vit dans cette expérience un moyen facile de gagner de l’argent. Il appela et un mois plus tard, il subit une ponction de moëlle osseuse et reçut son chèque. Son travail s’arrêtait là et il reprit une vie normale.
  Neuf mois et demie plus tard, Gaston trouva une lettre du laboratoire Braincorp à Paris qui l’invitait à se rendre à l’hôpital où il avait été reçu à une date et une heure précise. Inquiet, il s’y rendit en train.
- Ah, monsieur ! C’est pour votre clone ? Je prends votre dossier. Vous ne vouliez pas assister à la naissance, c’est ça. Veuillez patienter en salle d’attente, je vous prie.
Gaston attendit des heures mais tout ce que le secrétaire lui répondit était d’attendre que tout soit terminé. Deux autres personnes attendaient dans la salle mais elles furent rapidement appelées.
Enfin, ce fut son tour.
- Bonjour, monsieur ! Signez là, je vous prie. Merci !
Epuisé, il n’avait pas lu le document en intégralité mais il vit trop tard, le titre « Adoption plénière » du formulaire.
- C’est un garçon comme vous vous en doutez. Comment voulez-vous l’appeler ?
- Euh…
- Vous avez un deuxième prénom ? Même deux ! Alors, Gaston, Fabien, Nicolas. On l’appelle Nicolas, ça vous va ?
- Euh, sans doute.
- Je reviens dans un instant tout s’est bien passé, vous serez bientôt libre !
Soulagé, Gaston soupira, il pourrait toucher son deuxième chèque et oublier tout ça.
- Tenez, je vous présente Nicolas-Gaston, Fabien, votre fils !
- Pardon ? Mais je croyais que vous le donneriez à l’adoption !
- N’avez-vous donc pas lu le contrat ? C’est votre fils légitime, je viens de le déclarer en mairie à l’instant ! Oui, il vous ressemble, regardez, il a vos yeux. C’est vous mais pas vous. Bien évidemment, il y aura un suivi jusqu’à sa majorité et vous serez dédommagé chaque année pour nous permettre de suivre son évolution pour le bien de la science ! Vous pouvez rentrer chez vous avec un bon d’achat pour vous aider à acheter le matériel nécessaire à votre nouvelle vie.

  Les années passèrent et Gaston éleva Nicolas-Gaston, Fabien de son troisième prénom comme il pouvait. Mais il ne pouvait s’empêcher de le haïr et de l’éviter au maximum. Sans famille, ni amis, il n’avait heureusement personne à mettre au courant de sa bévue. L’enfant grandit avec l’aide financière de Braincorp qui permettait à Gaston de l’élever correctement. Au fil du temps, il devint rancunier et sauvage car il ne supportait plus son double qui s’il faisait bonne figure en public le lui rendait bien.
- Dire qu’il ne sera majeur qu’à dix-huit ans ! Même en l’émancipant pour qu’il parte à seize ans, je vais devoir le supporter durant dix ans.
Gaston envisagea très sérieusement de commettre un acte irréparable pour se débarrasser de l’enfant mais le garçonnet le surpris dans ses préparatifs. Le regard noir qu’il lui lança lui signifia que l’enfant avait parfaitement compris ce qu’il voulait faire. Désormais, un climat tendu régna dans la maisonnée.

  Pour cacher l’existence de son clone, Gaston avait renoncé à tout vie sociale, qu’elle soit familiale ou amicale. Il avait trop honte de son geste et il vivait seul avec son double. Peu à peu, son malaise s’était mué en indifférence puis en haine. Gaston haïssait Nicolas-Gaston qui finit par le lui rendre. Liés ensemble dans leur petit appartement étroit, ils attendaient tous deux la majorité du garçon pour se séparer à jamais.

  Ce jour arriva enfin. Tous deux suivaient une psychothérapie pour les aider à supporter cette situation inédite. Braincorp avait décidé de suspendre les expérimentations sur le clonage humain, le bilan physiologique était bon mais le bilan psychologique était désastreux de part et d’autre. Le laboratoire travaillait depuis dix ans sur un protocole d’accompagnement viable.
  Gaston fit l’effort d’organiser une petite fête en l’honneur de son clone en signe de réconciliation. Il était entendu que le clone quitterait le foyer dès le lendemain.
- A la tienne, Gaston, mon géniteur, notre collaboration prend fin aujourd’hui même !
- A la tienne, Nicolas-Gaston, je t’aime bien, tu sais. Tu vas presque me manquer.
Ils vidèrent leur coupe de champagne et Gaston se sentit mal.
- Oh, père, tu as aimé mon cocktail champagne-vodka-neuroleptiques-sédatifs ?
Nicolas-Gaston était enfin un individu à part entière.

lundi 3 avril 2017

Les contes flamboyants de la forêt: L'arbre à clous


  Un vieil arbre centenaire isolé dans une forêt qui rétrécissait d’année en année était las des douleurs et des cicatrices qu’il portait depuis des siècles. Ses compagnons d’infortune avaient été taillés à la hache parce qu’ils portaient les mêmes stigmates sous son regard impuissant des siècles auparavant.
  Il avait entendu une vieille femme expliquer à une autre que le jeune chêne qu’il était alors pouvait guérir les furoncles. Intéressé, le chêne tendit l’oreille mais la vieille femme avait continué son discours à voix basse.

  La nuit venue, l’arbre entendit la forêt craquer, quelqu’un était là qui frottait quelque chose sur son corps malingre. La silhouette fit plusieurs fois le tour de l’arbre qui ne comprenait rien à son manège mais au fond, il était flatté de tant d’attention. La femme s’agenouilla et s’adressa à lui, l’arbre l’entendit murmurer une prière indistincte qui se perdit dans la nuit. Puis, il ne ressentit que la douleur vive d’une épine plantée dans son bois alors que la femme s’éloignait à reculons en s’inclinant devant lui à plusieurs reprises. La blessure de l’arbre guérit lentement mais le clou fut rapidement suivi de bien d’autres.

  Des siècles de douleur plus tard, la forêt avait été ravagée par la maladie et les bûcherons qui ne s’approchaient jamais de lui et l’évitaient avec une crainte respectueuse. Le chêne souffrait mais il se doutait que ses clous le protégeaient des haches meurtrières. Régulièrement, un nouveau clou venait transpercer son écorce et sa douleur ne faisait qu’augmenter. Impuissant, il ne pouvait que laisser la haine du genre humain grandir en son cœur.

  Un jour enfin, plus personne ne vint le blesser. L’arbre en fut soulagé mais il voyait la forêt toujours plus clairsemée autour de lui. Lui seul prospérait et faisait l’admiration de tous. Un jour, la forêt fit place à des jardins et seuls quelques arbres de l’ancienne forêt demeuraient autour de lui. Ils parlaient ensemble les soirs de grand vent. Un matin, l’arbre frissonna, une petite fille qu’il ne connaissait pas se présenta devant lui un marteau à la main. Son cœur saigna à la pensée de la nouvelle souffrance qui l’attendait.

  Un à un, la petite fille ôta les clous au grand soulagement de l’arbre.

Fictions pseudo-scientifiques: Téléportation électrique


  Ulysse, un jeune scientifique du vingt-deuxième siècle tomba un jour sur un article à propos de la téléportation. La recherche avait été abandonnée depuis un siècle, faute de crédits suffisants. Il travaillait à ce moment là sur le clonage humain, recherche qui ne l’intéressait guère. Les investissements dans cette technologie étaient colossaux par rapport aux résultats obtenus et cette recherche ne l’intéressait pas mais il étudiait ce qu’on lui demandait d’étudier. En secret, il reprit ses notes sur le sujet et il passa ses nuits dans un bâtiment désaffecté dont il vola la clé.

  Ce bâtiment n’était pas utilisé depuis des années, le matériel était vieux mais Ulysse s’en contenta.     Il travaillait de nuit, stores baissés pour ne pas éveiller les soupçons. Epuisé par ses doubles journées, il accumula les erreurs jusqu’à ce que son corps s’accoutume au manque de sommeil.

Une nuit, dans le local des archives, il tomba sur une revue scientifique qui annonçait fièrement en couverture : « La téléportation : un rêve à portée de main ? ». Ulysse lut l’article avec avidité, les yeux brillants, il pensait tenir une idée.

   Ses manipulations sur les cellules humaines étaient de plus en plus souvent ratées, il manquait de concentration, trop occupé à imaginer une téléportation viable. Un vendredi après-midi qu’il était seul parce que tous ses collègues étaient déjà partis en week-end, il bâcla fébrilement ses expériences. Il avait eu une illumination durant son déjeuner solitaire à la cantine du laboratoire.

   Ce week-end là, Ulysse s’enferma dans son studio, il ne sortit que pour promener son chien et acheter quelques souris à l’animalerie. Penché sur son cahier, il élaborait un protocole d’expérimentation qui pour la première fois lui semblait viable. Le dimanche soir, il se coucha heureux : il venait de se souvenir que le lendemain était un jour férié, le laboratoire serait désert mais sa carte d’accès reconnaissait les week-ends mais pas les jours fériés, il serait seul et ne risquait pas de croiser quelqu’un. Cela signifiait qu’il pourrait enfin utiliser le matériel de pointe du laboratoire.

   La souris sur le plateau, Ulysse commença par analyser sa souris avec un séquençage du génome et des protéines pour modéliser la structure de l’animal en trois dimensions sur son ordinateur. Ensuite, un champ magnétique de grande intensité fut envoyé pour casser les liaisons covalentes. L’étape cruciale approchait et Ulysse suait à grosses gouttes dans la solitude du laboratoire. Il entendit un bruit et il craignit un instant que les stores ne masquent pas la lumière de l’extérieur mais ce n’était que le vent qui jouait avec un volet mal fermé dans la pièce d’à côté ou la souris qui avait couiné sous l’effet du champ magnétique. Absorbé par sa tâche, il s’était déconnecté de la réalité et ce son l’y avait brutalement ramené. Soulagé, il revint à son projet,  le cœur battant d’excitation.

   Ulysse plaça le caisson hermétique qu’il avait utilisé précédemment dans la machine qu’il avait créée en secret des mois durant. Il avait volé du matériel de pointe au laboratoire en prétextant en avoir besoin pour le projet sur lequel il travaillait officiellement. Heureusement pour lui, personne n’avait vérifié l’adéquation du matériel demandé avec son projet en cours. Il perça un trou microscopique dans le caisson et aspira en même temps la poussière crée pour ne pas contaminer les molécules du caisson. Il plaça ensuite son rayon face au trou et l’actionna en priant pour que l’expérience fonctionne. Il avait pris soin de recouvrir la surface de son caisson d’une couche de carbone, seule matière assez dure pour empêcher son rayon d’y arracher des molécules.

  Le scientifique voyait sur son écran, le corps de la souris se constituer couche après couche, des heures durant. Inquiet à l’idée d’être découvert, il priait que cette séquence ne dure pas plusieurs jours. Dix heures furent nécessaires pour reconstituer la souris. Ulysse supposa donc que pour un humain de soixante kilos, il lui faudrait trois ans et demi s’il prend une base de deux grammes de molécules déplacées par heure. La souris était vivante mais dans le même état qu’Adam A. qu’il avait précédemment eu comme sujet d’expérience. Néanmoins, cette avancée lui vaudra un prix Nobel six mois plus tard.

dimanche 2 avril 2017

Les contes flamboyants de la forêt: Le voyage d'Hermine

  Hermine avait dix ans le jour où son père, un pauvre bûcheron l’abandonna dans la forêt. Il lui demanda de l’attendre près du chêne millénaire mais il ne revint jamais. La région était pauvre et son champ de moins en moins fertile ne suffisait plus à nourrir sa famille. La petite fille attendit jusqu’à la nuit puis frissonnant de froid, elle finit par marcher droit devant elle. La forêt l’enserrait et la menaçait de ses doigts crochus. La petite fille prit peur et s’enfuit droit devant elle, les larmes aux yeux.

  Elle finit par s’asseoir au pied d’un chêne et elle resta à pleurer en se remémorant les dernières paroles de son père : ils étaient trop pauvres pour la garder et ils espéraient qu’elle trouverait une meilleure famille. Elle revit les larmes de sa mère et pleura. Epuisée, elle finit par s’endormir malgré le froid. Elle rêva qu’elle revenait chez elle, riche et acclamée par ses parents.

Au petit matin, elle avait pris la décision de revenir riche dans la maison de ses parents. Elle avait entendu parler d’une sorcière qui vivait au plus profond des bois qui posséderait de nombreuses richesses venues des quatre coins du monde et même d’autres mondes. On disait également que sa maison était sale et repoussante. Hermine partit vers le cœur de la forêt dans l’espoir de trouver la maison de la sorcière. D’abord confiante, elle commença à prendre peur après des heures de marche. Incapable de rentrer chez elle, elle continua avec courage.

  Le soir venu, elle trouva une grande maison de pierre dans une petite clairière et elle frappa timidement à la porte dans l’espoir d’y passer la nuit. Une femme vêtue de tissus chatoyants, belle comme le jour, lui ouvrit avec un sourire.
- Que fais-tu donc seule dans la forêt, petite fille ?
- Je me suis perdue !
- Entre donc, tu dois avoir froid et faim.
Elle lui servit une soupe chaude et lui offrit un lit douillet avant de la laisser seule. La fillette s’endormit immédiatement.

Au matin, elle se réveilla dans une immense maison délabrée et la fée avait laissé place à une sorcière bossue et couverte de verrue.
- Petite fille, vois ma maison ! Elle est sale et délabrée ! Je te donne jusqu’à ce soir pour la nettoyer de fond en comble ou je te dévorerais ; si tu réussis, je te récompenserai généreusement.
Hermine soupira et se mit au travail. Avec méthode, elle rangea, tria, balaya et astiqua les pièces les unes après les autres avec entrain. Minuit sonnait lorsqu’elle acheva sa tâche. La sorcière surgit à cet instant et elle inspecta la maison.
- C’est bien mais ce n’est pas parfait. Je ne te dévorerai pas mais tu devras faire mieux demain. Va manger et dormir.

  Le lendemain à l’aube, la petite fille recommença. Une semaine se passa et chaque jour, la maison était plus sale que la veille et Hermine fatiguée et découragée. Le septième jour, elle s’assoupit juste avant l’aube mais le chant d’un oiseau la réveilla, elle ouvrit ses yeux ensommeillés et acheva sa tâche.
Une femme belle comme le jour entra et lui sourit :
- Je suis la fée du bois sacré et tu m’as délivrée du sort qui me tenait prisonnière depuis des siècles. Je te fais présent des richesses de la sorcière, fais-en bon usage. Hermine rentra chez elle avec un coffre empli de bijoux et de pierres précieuses à la plus grande joie de ses parents.

samedi 1 avril 2017

Les contes flamboyants de la forêt: La pierre de fée

  Une fée vivait dans un chêne, paisible depuis la nuit des temps. Un jour qu’elle se promenait au bord de la rivière proche en chantant, elle entendit un arbre tomber. Horrifiée, elle découvrit son refuge à terre en passe d’être débité par des hommes. Ils ne virent qu’un éclair roux se fondre dans la forêt.
 
  Furieuse, la fée commença par chercher un nouvel abri mais il fut de nouveau abattu peu après. Les hommes faisaient reculer la forêt en ces temps troublés et la fée se trouvait impuissante face à eux. Des larmes de dépit dans les yeux, elle ne pouvait que les regarder cachée dans les branches d’un arbre.
 
  Son cœur saignait et son tourment ne s’apaisait pas car il semblait que les hommes avaient décidé de raser sa forêt. Les jours passaient et les arbres tombaient les uns après les autres dans un bruit assourdissant. Les hommes se réjouissaient de ces terres qui deviendraient cultivables très bientôt, ils pourraient bâtir des maisons ou labourer des champs une fois leur dur labeur terminé. Les animaux, les faunes et les fées fuyaient la forêt aussi vite que si elle était dévorée par les flammes.
 
  La fée des bois refusait de quitter les lieux qu’elle chérissait plus que tout. Elle refusait de livrer aux hommes son sanctuaire et elle quitta le bois pour demander conseil à un vieux sage qui vivait en ermite dans une forêt voisine. Elle quitta sa forêt à la tombée de la nuit et elle marcha des heures durant sans la moindre halte. Enfin, elle trouva la clairière où vivait l’ermite et elle lui avoua son tourment. Il était savant en matière de magie et de sortilèges, ils parlèrent longuement à voix basse de la solution ultime que la fée envisageait pour sauver son habitat. La fée des bois repartit alors que la nuit était encore noire ; résignée, elle marcha au clair de lune, tête basse et les larmes aux yeux. Au matin, elle s’était de nouveau cachée au plus profond de la forêt.
 
  Elle espéra un miracle, que les hommes rassasiés délaisseraient les lieux mais il n’en fut rien. Les jours passaient et la forêt diminuait inexorablement. La fée tremblait et pleurait tout le jour au son des coups de hache sur les troncs ; la nuit, elle pleurait ses bras blancs enserrant le tronc d’un arbre centenaire ou une jeune pousse prometteuse. Elle leur murmurait qu’elle les sauverait par n’importe quel moyen. Un jour, la fée demeura la seule créature magique de ce qui restait de la forêt. Les poings serrés, les larmes aux yeux, elle jura solennellement alors que le soir tombait de la protéger au péril de sa vie. Le cœur dévoré par la colère, elle accomplit le seul sortilège qui pourrait protéger sa forêt de l’avidité des hommes. Elle sacrifia les arbres restés debout et les pétrifia. Elle sentit les arbres gémir de douleur au plus profond de son cœur, puis ce fut le silence. Au matin, les hommes éberlués découvrirent les pierres et fuirent ce lieu maudit. La fée erra des mois durant entre les arbres de pierre en leur murmurant des paroles apaisantes dans l’espoir qu’ils reviennent à la vie. Au printemps, alors qu’elle avait perdu tout espoir, la fée découvrit de nouvelles pousses de plantes de toutes sortes. La forêt renaissait, protégée par son armée de granit. En souvenir de cette forêt, la fée plaça là où les hommes avaient commencé leur hécatombe, une statue de pierre à son effigie qui veillait sur la forêt séculaire et avertissait les hommes des conséquences de la destruction des forêts sacrées.