La
neige fait rage et l'homme emmitoufflé dans son long manteau lutte
pour retrouver son chemin.
-
Comment ai-je fait mon compte pour me perde ainsi? s'interroge-t'il
en essayant de s'orienter.
Il
sait qu'il doit se mettre au chaud rapidement et que son manteau ne
le protégera pas longtemps du froid qui commence à s'immiscer en
lui. Sa survie en dépend.
Il
s'enfonce sous des arbres aux branches dénudées qui le protègent
un peu de la neige. Il s'arrête un instant pour reprendre son
souffle et il remarque une carotte posée au pied d'un arbre. La faim
lui tord le ventre et après l'avoir inspectée et jugée intacte, il
croque dedans.
-
Et si elle avait été empoisonnée? se demande-t'il en proie à la
peur. On ne pose pas une carotte au pied d'un arbre sans raison! Une
carotte lavée, débarassée de ses fânes et pas mangée. Comme si
on venait de l'acheter au supermarché du coin. On a peut-être voulu
tuer un lapin. Mais pourquoi vouloir empoisonner un lapin?
Inquiet,
il écoute son cœur battre et il respire lentement. Au bout de
quelques minutes, il ne remarque rien et il rit de ses inquiétudes.
-
Qui irait empoisonner une carotte? Elle a dû tomber du sac d'un
promeneur et quelqu'un l'a adossée à cet arbre.
Il
reprend sa marche à la recherche d'un abri. Il ne trouve que le
creux d'un rocher et il hésite mais il craint de se perdre dans
cette forêt et il sent la fatigue le gagner. Bientôt, l'homme se
pelotonne au pied de l'arbre et il sent le froid l'engourdir
lentement alors qu'il s'endort, épuisé.
-
Je ne dois pas dormir, je pourrais mourir. La nature a toujours
raison, elle est plus forte que l'homme, elle le sera toujours.
songe-t'il alors que le sommeil l'engloutit.
-
Où suis-je donc? se demande-t'il en se réveillant dans un hôpital
inconnu.
Il
regarde dehors et il remarque que le soleil est haut et brillant, il
entend les oiseaux chanter sans comprendre ce qui se passe. Il se
lève avec précaution et il cherche ses vêtements dans le placard
de la petite chambre. Après s'être lavé dans la minuscule douche
et s'être rhabillé, il ouvre la porte pour se retrouver dans un
couloir.
-
Chambre 227. note-t'il mentalement en s'aventurant dans le couloir
d'un hôpital. J'aurais dû appuyer sur la sonnette, tout simplement.
songe-t'il alors qu'un infirmier passe près de lui.
-
Excusez-moi!
-
Le patient de la 227, vous vous êtes réveillé? Enfin!
-
Oui, j'ai dormi longtemps?
-
Six mois. Jour pour jour.
-
Je vous demande pardon ?
-
Vous avez dormi six mois. On vous a nourri par perfusion au début
mais nous nous sommes rendu compte que vous n'aviez pas besoin d'eau
ou de nourriture, vous dormiez tout simplement, vous rêviez. Vous
savez que vous êtes célébre? On a fait des articles sur vous.
-
Ma famille?
-
Votre famille vient de temps en temps mais vous savez comme vous
dormez et ne sembliez pas en danger... Que vous est-il arrivé?
Je
cherche dans mes souvenirs avant de répondre.
-
Je marchais dans la forêt lorsque j'ai vu une carotte posée au pied
d'un arbre. Simplement posée à m'attendre. Il neigeait, j'avais
faim, elle m'a semblé saine, je l'ai mangée.
-
Je ne vois pas quel poison vous plongerait dans le sommeil durant six
mois. dit le jeune homme, soucieux. On a cherché, croyez-moi mais
nous n'avosn rien trouvé.
-
J'ai rêvé, une sorcière aurait ensorcelé cette carotte et
l'aurait perdue en chemin. Je l'ai vue la préparer, elle voulait
empoisonner l'homme qui l'avait quittée. Avez-vous eu des cas
similaires?
-
Non, mais il est vrai qu'un homme est entré dans nos services peu
après votre arrivée. Empoisonné par une substance inconnue, nous
avons conclu à un suicide, faute de preuves. Il avait mangé une
pomme empoisonnée.
-
Pourquoi suis-je en vie et pas lui?
-
Je n'en ai aucune idée, peut-être que c'était un test mais
réjouissez-vous d'être encore parmi nous.
24/07/2020