Eglantine-Roselis
rêve au clair de lune, elle admire le ciel sombre et ses étoiles
qui y dessinent des lignes et des courbes qui se croisent et
s'entrecroisent à l'infini. Elle se relève soudain de l'herbe
humide de rosée où elle est allongée. Un bruit se fait entendre,
là-bas près de la maison de l'écrivain. Intéressée, la fée se
redresse, tend l'oreille mais n'entend rien, scrute la nuit mais ne
voit rien. Curieuse, elle volette jusqu'à la fenêtre du salon
restée entrouverte cette nuit-là.
Le
bruit se fait de nouveau entendre dans la maison, un bruit de griffes
et un grognement qui ne ressemble pas à Riagal. Elle l'a vu partir
chasser tout à l'heure mais ne l'a pas vu rentrer. La fée scrute le
noir du salon mais ne distingue rien, le grattement se fait de
nouveau entendre, proche et une silhouette traverse le salon plongé
dans l'obscurité. Se pourrait-il qu'un animal soit entré ?
La
curiosité est plus forte que la peur et elle volette dans le salon
aussi silencieusement que possible en guettant la silhouette noire.
Rien, elle se pose sur une table et guette, seule dans le noir. Un
bruit se fait de nouveau entendre sur le sol à ses pieds, un
crissement indéfinissable. Sans réfléchir, la fée saute à pied
joint par terre au risque de se briser la cheville et se retrouve nez
à nez avec un énorme rat qui lui bondit immédiatement dessus.
C'était donc cela ? Un simple rat ? Pour se dégager, elle
lui donne un coup de poing sur le bout du museau. La bête couine de
douleur et relâche son emprise, ce qui permet à Eglantine-Roselis
de se dégager et de se poser sur le rebord de la fenêtre.
La
bestiole cherche désespérément une sortie, le salon est fermé et
rien ne peut lui permettre d'atteindre la fenêtre. La petite fée
est attendrie par ses couinements, d'autant plus qu'elle se doute que
Riagal le chat n'est pas loin. Elle réfléchit et regarde dans la
pièce, le fauteuil a été poussé sous la fenêtre ouverte mais les
pieds sont en métal. Le rat ne peut grimper dessus, par bonheur,
elle trouve un morceau de cagette léger dans la cuisine qu'elle
place contre le fauteuil en guise d'échelle. Le morceau de bois est
lourd, elle doit le traîner par terre sur une longue distance
pendant que le rat couine. Elle a toutes les peines du monde à le
soulever, le redresser et le faire basculer. Puis elle attire
l'attention du rat en faisant du bruit.
Il
se retourne et court jusqu'à la planche improvisée, monte sur la
table et grimpe sur le dossier du fauteuil de toute la force de ses
pattes griffues. Enfin, il saute sur le rebord de la fenêtre et
s'enfuit dans la nuit le long d'un tuyau.
Soulagée,
Eglantine-Roselis ressort dans le jardin, non, décidément, elle
n'aurait pas eu le cœur à le laisser là. L'écrivain l'aurait
assommé avec un balai au matin dans l'hypothèse où Riagal n'en
aurait pas fait son repas dans la nuit.