vendredi 11 août 2017

Hôtel de charme particulier Chapitre 1

"Hôtel de charme sur île de G., cherche réceptionniste/ homme ou femme à tout faire pour la saison estivale. Hôtel particulier, prière de consulter notre site internet. Compétences requises  : accueil, enregistrement des réservations, téléphone, gestion des emails, encaissements. Compétences en informatiques nécessaires. Formation assurée. Débutant accepté. Temps complet horaires variables, jours de repos aléatoires. Smic. Avantages en nature  : repas et hébergement, pourboires. Traversée prise en charge."


  Ophélien lit et relit l'annonce, ce poste correspond parfaitement à ce qu'il recherche. Assis à son bureau, le jeune garçon de dix-sept ans rédige une rapide lettre de motivation qui met en valeur ses qualités personnelles et quelques expériences personnelles car il n'a pas d'expérience professionnelle. Il s'empresse d'envoyer sa lettre de motivation avant de rallumer sa console pour terminer son niveau. Intrigué, une fois son niveau terminé, il jette un coup d'oeil sur le site internet de l’hôtel, les photos ne lui inspirent pas grand-chose. Par curiosité, il fait une autre recherche pour avoir une vue aérienne des environs, l’île lui semble trop peu habitée pour passer un été entier en ce lieu mais le temps passe, il commence à ne plus vraiment avoir le choix s’il veut mener son projet à bien. Il hausse les épaules en éteignant son ordinateur.
- C’est un hôtel délabré paumé sur une île déserte. Mais ça reste mieux que rien. songe l’adolescent en se rasseyant en tailleur sur son lit pour entamer le niveau suivant.
Quelques minutes après, il gagne sa course de vaisseaux intergalactiques sous les applaudissements d’un public virtuel. Alors qu'il va quitter sa chambre pour aller regarder la télévision, son téléphone portable sonne.
- Bonjour, je suis le gérant de l'hôtel Tasmant, vous venez de m'envoyer votre C.V., je voulais savoir si vous seriez disponible pour un entretien  ?
- Bonjour, ça va me faire loin pour un entretien...
- Je m'en doute, je parlais d'un entretien téléphonique d'une dizaine de minutes. Maintenant, si vous êtes disponible  ?

Avec un soupir, l'adolescent se rassoit sur son lit alors que débute l'entretien. Il pense à sa console et au verre de jus de fruit qui l’attendent dans le salon. Calé par ses oreillers, il espère que ce ne sera pas long.
- Il s'agit de votre premier emploi  ?
- Oui.
- Quelle est votre motivation principale pour cet emploi  ?
- Mettre de l'argent de côté pour faire un tour du monde avec mes potes dès que j'ai dix-huit ans donc à la fin de l'été.
Le jeune garçon réfléchit à la meilleure façon de convaincre son potentiel futur employeur avant de continuer.
- J’aime le contact avec les gens et le poste semble varié, je suis très polyvalent, gentil, souriant et je m’adapte facilement.
- J’imagine que vous êtes au courant des particularités de l’hôtel  ?
- Oui, ne vous inquiétez pas pour ça, j’ai pris soin d’aller visiter votre site internet.
A ces mots, le jeune garçon espère que le gérant ne va pas lui poser de questions sur l’hôtel et qu’il n’a pas perdu toutes ses chances d’être retenu en une phrase. Quelques secondes s’écoulent qui lui semblent interminables.
- Parfait  ! Vous serez agent d’accueil et homme à tout faire, vous serez chargé en majorité de l'accueil des clients, vous leur montrerez leur chambre et les ferez payer leur séjour. Vous vous occuperez également du téléphone de l'enregistrement des réservations, du courrier et éventuellement d'un peu de «  bricolage  » en cas de problème. Il va de soi que vous serez logé et nourri sur place en plus du salaire indiqué sur l'annonce, il n'y a pas d'autre hôtel ni de réel magasin dans cette partie de l'île. Et bien sûr, comme j’ai bien noté que vous n’avez pas de compétences en secrétariat, vous serez formé. Le plus dur sera de gérer le téléphone mais il n’a que deux lignes, ça devrait aller, il est simple d’utilisation, vous verrez. Et j’ai l’habitude de former des saisonniers. complète le gérant après un temps d'hésitation.
L'adolescent relit l'annonce et ses yeux s'arrêtent sur le salaire élevé tout en calculant que si tout est pris en charge, ce sera autant de côté pour son tour du monde. Rester bloqué sur une petite île tout l’été vaut bien ce sacrifice.
- Ce serait pour commencer quand  ? demande Ophélien.
- Dès que vous serez disponible, la saison commence le premier juillet mais il y a toujours de petites choses à faire dans les vieilles bâtisses, vous savez ce que c'est. Cela vous permettra de prendre votre poste en toute tranquillité. Je vous enverrai les billets pour le bateau par email ou courrier et...
- Demain  ? Je veux dire, si c'est possible, je suis disponible.
- Ce sera parfait  ! Comme je vous le disais, le plus tôt sera le mieux. Je vous envoie la liste des pièces administratives à fournir pour compléter votre dossier, vous penserez à me les envoyer par email  dans la journée ? Je ne me suis pas présenté, je suis monsieur Sutingocni, le gérant de l'hôtel. Je vous attends demain à quinze heures à la réception si cela vous convient. Je vous envoie vos billets par email pour le bateau, il me semble que vous l’avez indiqué, oui, il est là, je vous enverrai un récapitulatif du trajet jusqu'à l’embarcadère, ce n’est pas très loin. Si vous vous perdez, vous avez le numéro de l'hôtel. Tout est parfait, à demain. J’oubliais, vous aurez un jour de congé par semaine environ mais vous savez ce que c’est, la saison bat son plein, les jours ne sont pas définis, il y a des aléas. Cela ne vous dérange pas trop  ?
- Non, il n’y a pas de soucis.
- Parfait  ! Bien sûr, je vous préviendrai un peu à l’avance mais ce ne sera pas un jour fixe, même si j’essaie de faire au mieux. A demain  !
Ophélien n’a pas le temps de répondre que son interlocuteur a déjà raccroché.

  L'homme entre deux âges, élégant dans son complet sombre, sourit alors qu'il repose le téléphone. Cela n’a pas été facile, mais il a trouvé l’employé idéal. Il espère ne pas se tromper car la saison commence mais il est sûr d’avoir fait le bon choix, le garçon lui semble sympathique et enthousiaste. Il se cale dans son fauteuil avec un soupir de soulagement puis allume un cigare.
- J’ai fini par trouver la perle rare, le nouvel employé arrive demain. dit-il en quittant la pièce.
Ophélien appelle sa meilleure amie pour lui annoncer la bonne nouvelle, soulagé d’avoir trouvé l’emploi qui les aidera à réaliser leur rêve.
- Salut Jade, j’ai trouvé du boulot pour l’été, notre projet s’annonce bien. Et toi  ?
- Je cherche encore, j’ai trouvé des gardes d’enfant mais ça ne rapporte pas beaucoup. En plus, je ne te parle pas des horaires et du trajet en bus pour y aller, ça me bloque un peu pour compléter mes heures du coup. Tu as trouvé quel genre d'emploi  ?
- Un travail dans un hôtel sur l’île de G., le patron a l’air sympa et je suis nourri et logé. Par contre, je ne sais pas si j’aurai du réseau et accès à internet, j’espère que l’île n’est pas un coin trop perdu.
- C’est super ça et il s'agit d'un temps plein  ? Mais l’île de G. est un trou perdu tout le monde le sait, tu vas t’ennuyer alors n’oublie pas ta console portable  ! Moi, je continue à chercher pour compléter mon salaire, ce serait bien qu’on ait de quoi se débrouiller. On se reparle à la rentrée dans ce cas, sauf si tu arrives à me contacter d’ici là. Comme ça, on finalise le projet et à nouvelle année scolaire, nouveau départ.
- Oui, c’est un temps plein à horaires variables mais bon, je ne connais personne là-bas donc je m’en fiche un peu, j’aurai mon planning assez à l’avance pour prévoir des sorties ou autre. Et si je peux te contacter, il doit bien y avoir un peu de réseau de temps en temps, je te tiens au courant. Bonnes vacances  !
- Je te laisse, mes parents viennent de rentrer des courses. Bisous, vieux frère. Bonnes vacances à toi aussi. Amuse-toi bien sur ton île perdue.
Il repose le combiné, sourire aux lèvres, il imagine son amie entortiller ses boucles anglaises couleur de feu autour de son doigt, signe de joie chez elle. Dans deux mois, ils seront proches du départ.
Allongé sur son lit, dans sa chambre plongée dans le noir, Ophélien pense aux deux mois qui s’annoncent. Il se relève en sursaut, il a oublié de faire son sac et de mettre son réveil  ! Il fait la liste de ce qu’il doit emmener pour ces deux mois de travail en espérant ne rien oublier. Il descend ensuite au rez-de-chaussée prévenir ses parents et leur demander de l’emmener au départ du bateau. Une heure plus tard, son sac est fait et il se couche enfin, rêvant à son tour du monde.

  Le lendemain, le jeune garçon se lève tôt pour ne pas rater son bateau. Ses parents le conduisent au quai, ravis que leur fils ne passe pas l’été enfermé avec sa console de jeux comme ils le craignaient. Après des embrassades rapides qui mettent l’adolescent mal à l’aise, ils le regardent monter à bord. Sur le bateau qui le mène vers l’île, Ophélien, cheveux au vent savoure les embruns et l’air du large qui lui fouettent le visage. En montant sur le bateau, il a omis de vérifier que la sacoche qui contient son ordinateur portable est à portée de main mais il se rend compte trop tard qu'il l'a laissé. L’adolescent songe que l'été sera long puis ses pensées dérivent vers la réaction de ses parents à l’annonce de ce premier emploi, ils se sont montrés ravis et ils l’ont invité au restaurant pour fêter ça. Il s’est bien gardé de leur parler de son projet de voyage, il culpabilise un peu mais il hausse les épaules, il a jusqu’à la fin de l’été pour les mettre au courant. La traversée est rapide et bientôt, l'île surgit de la brume.
  Sur le quai, Ophélien relit le papier contenant les instructions pour se rendre à l’hôtel. Les rares passagers se sont éloignés sans un regard pour l’adolescent qui erre avec un air perdu sur le quai. A deux reprises, il a dû courir après sa feuille emportée par une bourrasque mais elle n’est pas tombée dans la mer à son grand soulagement. L’île est petite et l’hôtel bien indiqué, il trouve avec facilité ce qu’il cherche. Le chemin dans la lande est plaisant même si Ophélien ne le remarque pas, angoissé d’aller ainsi vers l’inconnu. Sa lourde valise l’encombre et il peste plusieurs fois lorsqu’elle menace de se renverser dans l’herbe. Dépité, il regrette d’avoir choisi de se rendre à l’hôtel à pied. Enfin, il trouve l’hôtel, une vieille bâtisse en bois sculpté un peu vermoulu se dresse devant lui. Elle a dû être belle autrefois mais la peinture écaillée lui donne un aspect fantomatique. Avec une grimace de dégoût, il reste quelques instants à examiner le lieu où il va passer son été, il espérait un hôtel de pierres et non un édifice branlant  ; mais après quelques instants de réflexion, il se dit que ça pourrait être cool. En poussant la porte, il remarque que l’endroit est presque désert.


  Un homme élégant relève la tête en entendant la porte s’ouvrir. Tout sourire, il s’avance pour lui serrer la main
- Bonjour, je suis monsieur Sutingocni, le gérant de l’hôtel, nous nous sommes parlé au téléphone. Vous devez être Ophélien. Bienvenue à l’hôtel Tasmant. Vous semblez essoufflé, vous n’êtes pas venu à pied tout de même  ?
- Je suis désolé, je n’avais pas pensé que vous n’aviez pas de véhicule. Vous auriez dû me le dire, je serais venu vous chercher  ! Donnez-moi votre bagage, je vais vous montrer votre chambre. Vous devez être épuisé.
- Non, ça va. ment Ophélien qui n’a pas l’habitude de marcher autant. Il n’y a personne d’autre  ?
- Un cuisinier et un homme de ménage. L’hôtel est peu fréquenté en cette saison, les clients viennent en général à partir de fin octobre et tout l’hiver, l’atmosphère correspond mieux à ce lieu, vous comprenez  ? Malgré tout, il me manque quelqu’un à l’accueil, j’ai beaucoup de paperasse à gérer, je ne peux pas tout faire, j'ai beaucoup d'administratif à gérer en ce moment. La chambre est petite mais propre, vous verrez, vous y serez bien.
Ophélien qui observait l’imposant hall tout en bois, se retourne juste à temps pour voir son employeur se diriger vers l'escalier. Il lui montre bientôt une petite chambre tapissée d’un motif fleuri un peu défraîchi, un lit, une table de nuit et une commode remplissent la pièce, la salle de bain attenante contient le minimum nécessaire.
- Je suis désolé mais il n’y a pas de volets dans les communs. Juste des rideaux, tout est d’origine, j’imagine que les maîtres des lieux ne voulaient pas se mettre en frais pour leurs employés. Si la lumière vous gêne, je peux vous fournir de légers panneaux de bois pour occulter la lumière.
- Ca ira. dit le jeune garçon en posant son sac.
- Vous commencez demain à huit heures et demie. Aujourd’hui, je vous laisse vous installer et faire un tour sur l’île. Installez-vous puis venez me voir à la réception, je vous ferai visiter l’hôtel avant de vous libérer pour la journée.
- Au fait, l’employé chargé du ménage fait le ménage une fois par semaine dans les chambres des employés, cela ne vous dérange pas  ? Sinon, je peux vous laisser vous en charger vous-même, vous n’avez pas à craindre des vols, je n’ai jamais eu de problème avec cet employé qui est là depuis des années.
- Je préfère qu’il s’occupe du ménage. dit Ophélien en baissant la tête, il n’ose pas dire que ce n’est pas sa tasse de thé.
- Parfait, il fera le ménage durant vos heures de travail, vous ne vous apercevrez de rien, ne vous inquiétez pas. Je vous laisse vous installer, nous nous retrouvons à l’accueil quand vous aurez fini  ?

  L'adolescent fait le tour de la pièce du regard et inspecte brièvement les lieux, la chambre lui plaît, il s’y sent bien. Un quart d’heure plus tard, Ophélien rejoint le gérant qui lui fait faire un rapide tour de l’hôtel avant de lui montrer la salle à manger du personnel où il le laisse se restaurer au buffet déjà servi en lui souhaitant une bonne fin de journée. L’adolescent se rend compte qu’il a faim et il dévore à belles dents la nourriture qu’il trouve plutôt bonne. Ophélien hésite quelques instants, il regarde autour de lui mais il n'aperçoit personne. Un peu intimidé, il se décide à se resservir d’un peu de tout.
 
 Même si le voyage et le stress de ce premier emploi lui ont ouvert l’appétit, ce n’est que par gourmandise qu’il se ressent largement au buffet. C’est un peu honteux qu’il met son assiette à laver avant de s’éclipser. Enfin, il sort, les mains dans les poches, pour visiter l’île. Agacé, il recherche durant de longues minutes suffisamment de réseau pour prévenir ses parents de son arrivée sur son lieu de travail. Enfin, il parvient à les rassurer. Son devoir accompli, il flâne le long des chemins. A l’étude d’un panneau qui représente une carte de l’île, l’adolescent se rend rapidement compte qu’il va s’ennuyer car hormis la plage et la lande, il ne remarque que des villes trop petites pour l’intéresser et des lieux touristiques. Avec un soupir, il finit par s’asseoir sur une plage où des touristes se baignent ou bronzent au soleil. Ophélien les observe durant de longues minutes mais ce genre de loisirs ne l’intéresse pas, aussi il décide de rentrer à l’hôtel pour commencer à défaire ses bagages et s’installer.
 
Il passe la porte de l’hôtel lorsque monsieur Sutingocni l’interpelle.
- Je vous ai fait mettre trois tenues plus conformes à ce que j’attends de mes employés dans votre chambre, elles devraient être à la bonne taille. Vous avez des chaussures de ville  ?
- Euh, je n’ai que ça…
- Je ferais ajouter une paire de chaussures à votre tenue, je dois avoir ce qu’il vous faut dans ce que les employés oublient parfois de récupérer malgré mes relances. Vous pouvez déjeuner à l’office comme tous les autres employés, je vous ai noté vos horaires et les horaires de service sur ce papier. Il y a une laverie avec une machine à laver et un sèche-linge assez rapides juste à côté de l’office.
- Euh, merci.
- Vous savez vous servir d’une machine à laver  ?
- Euh, oui… ment l’adolescent.
- Parfait, de toutes manières ne vous inquiétez pas, un mode d’emploi est affiché au-dessus des appareils.

 
Avec un sourire, le gérant s’éclipse en lui souhaitant de bien profiter de son jour de congé. Ne sachant que faire, Ophélien cherche sa chambre, il a un peu de mal à se repérer mais il finit par trouver la bonne porte. Seul dans la petite pièce, le jeune garçon se sent oppressé par le manque de lumière de l’hôtel, il se demande qui peut bien vouloir passer ses vacances ici, hormis des dépressifs. Même s’il reconnaît que le buffet froid était succulent. Dans le miroir, il s’examine sans comprendre en quoi son pull trop large, son jean informe et ses baskets posent souci. En prenant son baladeur, il se demande si le gérant attend de lui qu'il attache ses longs cheveux d’un roux flamboyant mais il conclut qu’ils sont parfaitement raides ce qui ne devrait pas poser problème s’il prend le temps de les brosser avec soin, contrairement à son habitude.
- C’est ça, la tenue  ? s’étonne-t’il en tenant les vêtements du bout des doigts.

  Perplexe devant le pantalon noir et la veste assortie, il finit par conclure qu’au lieu d’un tee-shirt noir, il aurait pu devoir mettre une chemise blanche pour travailler. Après un rapide essayage, il se trouve plutôt beau dans cette tenue. Toutefois, il fait la moue en remarquant les chaussures vernies qui ne semblent pas avoir été portées ainsi que la boîte de cirage fournies par son employeur. Résigné, il essaie rapidement les chaussures, la tenue lui va à merveille, il semble presque élégant selon ses critères. Lorsqu'il sort de la douche, Ophélien songe que la tenue pourrait être bien pire, il quitte la pièce avec une pensée émue pour les employés de la restauration rapide. Durant le reste de l’après-midi, il parcourt l’île dans l’espoir de trouver un endroit intéressant mais il finit par s’asseoir sur la plage, face à la mer pour s’étendre au soleil, faute de mieux. Il a parcouru l’île durant des heures, manqué se perdre mais rien n’a éveillé son intérêt. L’adolescent a la confirmation qu’il va s’ennuyer durant l’été à venir mais son tour du monde vaut bien ce sacrifice. Le soleil commence à descendre sur l’horizon quand il se réveille. Le vent a forci et les vagues commencent à grossir sous un ciel sombre. Vivement, il se relève et rejoint l’hôtel.
- Ah, vous êtes là, une tempête se prépare, c’est rare en cette saison. dit son patron lorsqu’il passe la porte. Venez que je vous présente à l’équipe, ce ne sera pas long et ensuite, je vous promets que je vous libère jusqu’à demain matin.

Ophélien rencontre le cuisinier et l’homme de ménage qui sont tous deux jeunes et sympathiques avant que son employeur ne le laisse partir.
- Je vais aller me reposer. A demain matin  !


  Dans sa chambre, Ophélien appelle ses parents pour les rassurer, il leur annonce qu'il est bien arrivé et que l’emploi a l’air plaisant. Leurs inquiétudes dissipées, ils lui disent combien ils sont heureux de ce premier emploi même s’ils s’inquiètent un peu de le savoir si loin dans un lieu inconnu. Ce soir-là, le jeune garçon rêve à son tour du monde et il se voit partir sans avoir trouvé le courage d’annoncer son départ à ses parents qui ignorent tout de son projet. Secouée par le vent, la bâtisse grince dans la nuit, mais épuisé, il n’entend rien.


  Réveillé à l’aube par le bruit du vent qui souffle au-dehors, Ophélien ne parvient pas à se rendormir. Même s’il a l’habitude de se lever à onze heures chez ses parents, il décide de se lever malgré l’heure matinale. Il n’a pas accès à internet et désœuvré, il se résigne à ouvrir un livre dont vous êtes le héros qu’il a apporté avec lui. Transporté par l’aventure, il ne voit pas le temps passer et il doit courir pour se préparer et prendre son petit déjeuner à l’office où le buffet est servi. Stressé par son premier jour de travail, il se sert un chocolat chaud onctueux et malgré son peu d’appétit, il jette son dévolu sur une grosse part de gâteau au chocolat qu’il mange du bout des lèvres. Il picore son assiette quand le cuisinier entre dans la pièce.
- Alors, mon gâteau n’est pas bon  ?
- Si, monsieur.
- Maggiorino. J’ai dix ans de plus que toi, tu ne vas pas me vouvoyer quand même  ?
- Elle est excellente.
- Je sais mais crois-moi, au bout de deux mois, tu en auras assez. C’est ton premier jour  ?
- Oui.
- J’espère que tu as bien profité de ta journée libre hier, tu n’auras plus le temps de te balader. Mange petit et file, tu vas finir par être en retard.

L'adolescent s'éclipse. Alors qu'il cherche le chemin vers la réception, il entend un bruit de pas derrière lui. Il se retourne mais il est seul, il hausse les épaules, le bruit doit être le fruit de son imagination.