mercredi 23 août 2017

Hôtel de charme particulier Chapitre 7

  Une nouvelle semaine commence et cinq clients viennent s'ajouter aux cinq déjà présents. Au fur et à mesure des arrivées, Ophélien vérifie leur réservation et les mène à leur chambre.
 - Avez-vous vu des choses étranges ici?
Le jeune garçon se retourne et il fait face au jeune couple qui le regarde d'un air amusé. Il fait tomber ses clés par terre et il bredouille en les menant à leur chambre.
- Les bois craquent la nuit, la matière travaille. Et euh, les bruits résonnent dans les murs, les parquets grincent et il y a beaucoup de courants d'air.
- Que c'est merveilleux, j'ai hâte de voir la chambre. dit la jeune femme en riant.
Après leur avoir montré la chambre, Ophélien quitte la pièce. Il se dit qu'il aurait dû les prévenir des particularités de l'hôtel. Il se demande s'il ne ferait pas mieux d'arrêter et renoncer à son tour du monde, mais le besoin de  quitter sa vie étriquée le convainc de continuer. Il n'a plus longtemps à tenir. Lorsqu'il prend sa douche ce soir-là, la température de l'eau change et passe à glacée puis brûlante pour revenir à la normale. La variation de température n'a duré que quelques secondes mais elles ont suffi pour qu'il en sente les effets sans pouvoir y échapper ou réagir. Lorsqu'il inspecte  les boutons, il ne remarque rien. Mais en sortant de la douche, il remarque des traces de pas mouillés sur le sol de la salle de bain alors qu'il était seul dans la pièce fermée. Inquiet, il les suit mais elles s'arrêtent à la porte de sa chambre. Sur le palier, enroulé dans sa serviette, encore mouillé, il inonde le sol durant de longues minutes avant de se décider à cesser de scruter le couloir désert où il ne voit aucune trace. Comme si le plaisantin s'était essuyé les pieds avec soin avant de quitter la pièce. Il efface minutieusement les traces en tentant de se persuader que ce sont les siennes. Des traces d'eau restent incrustées dans le parquet, il espère qu'elles finiront par sécher. Epuisé, il regarde un moment la télévision dans la salle commune avant de se décider à se coucher. A son grand soulagement, les traces ont séché et le parquet est comme neuf.

  Cette nuit-là, il se réveille en frissonnant, la fenêtre est ouverte et les rideaux volent dans la nuit. Ophélien se lève pour refermer la fenêtre qu'il ne se souvient pas avoir ouvert mais il marche dans une flaque d’eau. En levant les yeux au ciel, il commence par fermer la fenêtre puis il va chercher une serviette pour éponger l’eau dont il ne parvient pas à déterminer la provenance. Lorsqu’il pose les yeux sur le sol, il se rend compte que ce sont des flaques de sang frais. Il a laissé des traces de pas partout sur le parquet et il doit les faire disparaître avant le matin pour ne pas susciter de questions. Et avant toute chose, il doit se laver les pieds. Il commence à hurler lorsqu’il se réveille en sursaut. Il se rassure aussitôt, il est bien dans son lit, en pyjama.
- Ce n'est qu'un rêve très réaliste. dit-il à haute voix pour se rassurer.

Il allume la lumière pour aller se servir un verre d’eau et il s'assure par réflexe qu'aucune tache suspecte ne salit le parquet. Mais en rejoignant son lit, il voit les draps bouger. Le cœur battant, il approche et tire brusquement le drap. Une énorme araignée lui fait face et semble le menacer de ses pinces qu'elle ouvre et ferme avec lenteur. Elle se recroqueville sur elle-même et l'adolescent se dit qu'elle va sauter. Paniqué, il fuit dans la salle de bain avant de se décider à l’affronter avec la brosse des toilettes. Lorsqu'il entre dans la chambre, elle a disparu; l'adolescent cherche partout durant de longues minutes mais elle n'est nulle part. Il secoue les rideaux, vide l’armoire sur le sol mais il ne trouve pas la moindre trace de l’insecte. Un peu inquiet, il finit par se recoucher parcouru de frissons. Le reste de la nuit se passe sans incident. Lorsqu’il se lève au son de son réveil, un peu fatigué de sa nuit, il remarque des taches sur le sol juste sous ses pieds. D’un rouge sombre, elles lui font dresser les cheveux sur la tête. Un liquide a été versé sur le sol et a séché durant la nuit. Il tente de se convaincre qu'il a écrasé l'araignée en se levant durant une crise de somnabulisme mais il sait qu'il se ment. Il doit se rendre à l’évidence, il se passe des choses étranges dans cet hôtel ou il est victime d’une farce. Il essuie tant bien que mal les taches avec un chiffon imbibé d'eau et de savon qui fait des marques sur le parquet de bois brut. Il sèche aussi soigneusement que possible les taches en priant pour que cela ne se remarque pas une fois sec. La tache semble partie et il soupire de soulagement. Après avoir rincé le chiffon, il remarque le réveil qui lui signifie qu'il est en retard. Après une rapide toilette, il se dépêche de prendre son petit-déjeuner avant de prendre son service.

  Plus tard, debout derrière son comptoir, il se demande s’il n’a juste jamais remarqué cette tache et si la fatigue n’a pas joué des tours  à son inconscient.
- Bonjour, monsieur Sutingocni. J’ai remarqué une tache sur le sol de ma chambre, je me demandais si elle est récente.
- Quel genre de tache  ?
- Une tache sombre comme si c’était du sang.
- Oh, ce n’est pas impossible, en effet. Vous connaissez la légende liée à cet endroit et les ignobles meurtres qui ont eu lieu ici  ?
- Non.
- Il y a un livre à ce sujet dans la bibliothèque, vous devriez y jeter un coup d’œil.
- Oui, cela me semble une bonne idée. marmonne-t'il sans enthousiasme.
La journée se passe sans incident, monotone. Ophélien s'ennuie et il lit discrètement son livre dont vous êtes le héros derrière son comptoir. Il se promet qu'il ira en acheter d'autre durant son prochain jour de congé car bien qu'il puisse vivre de nombreuses aventures, il commence à avoir envie de changer un peu d'univers.

  Le soir venu, Ophélien décide de prendre une douche pour se changer les idées. Il se glisse avec délices sous l’eau chaude et il se savonne et shampooine généreusement. La vapeur emplit la cabine de la douche. Peu à peu, la température de l’eau descend jusqu’à devenir glaciale. Ophélien ne se rend pas immédiatement compte du changement mais lorsqu’il tente de couper l’eau, il n’y parvient pas. Le robinet est éteint mais l’eau coule toujours. Il tente de sortir de la douche mais la porte reste bloquée. Le jeune garçon se plaque contre la paroi là où l’eau le touche le moins. Transi de froid, il se demande quoi faire. Il soupire de soulagement car la température remonte lentement. Lorsque l’eau redevient tiède, il passe la main sous l’eau mais la température demeure stable  ; rassuré, il se glisse sous le jet d’eau qui commence à monter en température. Cette fois-ci, il s’en rend compte immédiatement. La température commence à devenir suffocante et il tente de sortir mais la porte est toujours bloquée. Il tambourine sur la paroi en plastique dans l’espoir de la casser, sans succès. Alors il hurle à pleins poumons et bientôt la porte s’ouvre. Monsieur Sutingocni se tient devant lui.
- Ophélien, tout va bien  ?
- Oui, la température de l’eau a commencé à faire des siennes et je me suis retrouvé coincé à l’intérieur de la cabine. Peut-être que dans ma panique, je n’ai pas poussé assez fort.
- Je l'espère. dit son patron en lui tendant une serviette.
C'estalors qu'Ophélien se rend compte qu'il se tient ruisselant et sans vêtements devant son employeur qui quitte la pièce d'un air soucieux.
  Une fois en pyjama, Ophélien se pelotonne sous ses couvertures. Il ne peut retenir ses larmes.
- J'en ai marre de cette vieille baraque  ! Il m'arrive plein de choses bizarres depuis que je suis ici  ! Cette maison me rend dingue mais à qui puis-je en parler  ? A cause de tout ça, je me suis retrouvé sans vêtement devant mon patron  ! Et si j'arrête  ?
Il s'assied sur son lit en pleine réflexion avant de se recoucher avec un soupir.
- Tu rêves mon vieux  ! On est fin juillet, tu ne trouveras plus rien. Tu as fait la moitié et tu n'es pas si mal que ça, au final. Tu dois juste ignorer les choses bizarres qui t'arrivent. Ce n'est que ton imagination!
Un peu rassuré, il s'endort paisiblement.

  Le lendemain, en prenant son poste, il voit Jenny qui installe une table et des chaises dans le hall.
- Bonjour Ophélien  ! Tu vas bien  ?
- Oui, je m'ennuie un peu à l'accueil mais ça va  ? Tu fais quoi ici  ?
- Je travaille  ! Je connais bien le patron et il me laisse travailler de temps en temps pour amuser les clients.
- Et tu fais quoi comme travail  ?
- Je tire les cartes.
- Ah, tu fais de la magie... dit l'adolescent sur la défensive.
- Tu veux que je te tire les cartes  ? Gratuitement bien sûr.
- Non merci, je ne crois pas à tous ces trucs.
- Pourquoi tu travailles ici, alors  ?
- Parce que j'ai besoin d'argent. Je dois aller travailler. Euh, travailles bien de ton côté. On mange ensemble ce midi  ?
- Je pars à onze heures, il n'y a pas tant de clients que ça et un tirage, c'est rapide quand on a l'habitude.
- Une autre fois alors.
- Je ne suis pas là au mois d'août, je vais voir de la famille sur le continent.
- Bon, on ne se reverra pas alors. Passe me dire au revoir en partant.
- T'inquiète.
La matinée se passe sans incidents, Ophélien observe la petite table où les clients de l'hôtel se pressent. A onze heures, Jenny vient le voir.
- Tu peux prendre ta pause  ? Tu veux que je te tire les cartes  ?
- Je ne sais pas, il faut que je demande au patron. On peut se voir ce soir  ?
- Oui, tu finis à quelle heure  ?
- Dix-sept ou dix-huit heures.
- Je t'attends à dix-neuf heures trente  ? Tu auras mangé  ?
- Oui, ça me va, je mangerai avant de venir.
- A ce soir  !
- A ce soir  !

Durant le reste de la journée, Ophélien accueille les clients et il doit refuser de nombreux clients déçus que l'hôtel soit complet pour l'été. A dix-sept heures trente, il court prendre une douche et se changer en chantonnant. A dix-neuf heures sonnantes, il se dépêche de manger pour remonter se brosser les dents et prendre une veste.
Comme convenu, Jenny l'attend en discutant avec monsieur Sutingocni qui semble bien la connaître. Il salue son patron avant de sortir.
- Je suis en scooter, tu as mangé  ? On va sur la plage  ? Je me prendrais un sandwich là-bas et on pourra se poser pour boire un verre. Et après, on verra  ? Tu travailles demain, je suppose...
- Oui, je travaille demain, je ne voudrais pas rentrer trop tard.
Un peu inquiet, l'adolescent met maladroitement le casque que lui tend la jeune fille puis il monte sur le scooter et ils rejoignent bientôt la plage. Elle s'arrête devant une baraque qui ne paie pas de mine.
- L'extérieur n'est pas génial mais on y mange bien pour pas cher. dit-elle en lui faisant signe de descendre.
Assis devant une bière et un gigantesque sandwich aux crudités, ils parlent du travail de Jenny à l'hôtel.
- En gros, je tire les cartes pour les touristes et je lis l'avenir dedans. Je viens de temps en temps selon mon emploi du temps et mon besoin d'argent de poche, je l'avoue.  Les clients sont contents et c'est bien payé.
- Vu l'hôtel, ça cadre bien avec le décor. dit Ophélien en riant.
- C'est sûr  ! dit Jenny en riant à son tour. Tu pars quand  ?
- A la fin de l'été.
- Ah et tu penses revenir  ?
- Non, honnêtement, ce travail est trop... bizarre.

Elle acquiesce en mordant dans son sandwich et il hésite à lui parler de ses visions. Mais il renonce, elle est sa seule amie sur l'île, il n'a pas envie qu'elle le prenne pour un fou mais au fond de lui, il sait qu'il a tort. Si quelqu'un peut le comprendre, c'est bien Jenny.
- On racontre qu'autrefois, il y a bien longtemps, un serviteur vivait sur une île. Il travaillait dans un château pour un seigneur gentil et un peu fou mais il commença à voir des apparitions.
- Et ensuite  ?
- Il passa de longues heures à étudier des grimoires poussièreux et il finit par comprendre qu'il était très malade. Mais il ne pouvait pas partir à la recherche d'un enchanteur car le seigneur avait besoin de ses services. Il tenta de parler de son mal à son seigneur mais celui-ci n'en comprenait pas la gravité. Ce mal le rongeait de jour en jour et le chevalier ne pouvait pas quitter son seigneur. Un jour, il rencontra une jeune paysanne à qui il parla de son mal. Elle était un peu sorcière mais il n'osait pas lui avouer ce qui le tourmentait jour et nuit.
- Et il finit comment ton conte  ?
- Euh, le chevalier se sentait glisser vers la folie et comme personne ne répondait à ses appels au secours, il partit faire un long voyage, très loin. On ne le revit jamais.
- Il est bizarre, ton conte. Bon, il est vingt heures. Je te propose qu'on aille acheter un truc à boire puis qu'on aille se balader sur la plage. Comme ça, je te ramène à une heure convenable. Si tu ne te lèves pas demain matin à cause de moi, le vieux va m'en vouloir. Tu viens  ?
Les deux adolescents achètent un pack de bière qu'ils se partagent malgré les réticences du jeune garçon. Sa nouvelle amie rit de son hésitation  :
- C'est les vacances, profites-en  !
- Je n'ai pas l'habitude de boire. Un peu de champagne à noël et pour les anniversaires. Et aussi un peu de vin pour les repas de famille.
- Tu as quel âge  ?
- Dix-sept ans.
- Tu peux donc te le permettre. Ce n'est pas une bière qui te rendra saoûl, crois-moi  !
Avec hésitation, l'adolescent tend la main. Elle n'a pas tort, ce sont les vacances, il est loin de ses parents trop protecteurs, il peut en profiter pour faire des choses de son âge sans abuser non plus. Ils parlent longuement assis sur le sable froid bercés par le bruit des vagues et le banjo d'un musicien caché dans la nuit. Ophélien rentre à une heure raisonnable comme promis, heureux de cette soirée.
 
 Le lendemain matin, l'adolescent se réveille dès la première sonnerie de son réveil.
- Mince  ! Il faudrait que je donne signe de vie à mes parents, ils vont s'inquiéter  ! se dit-il en sautant du lit.
Aussitôt son devoir accompli, il se précipite sous la douche puis dans la cuisine pour apaiser sa faim.
- Salut  !
- Buongiorno  ! dit Maggiorino qui chantonne en installant la table du petit-déjeuner de l'équipe. Bientôt un mois que tu es ici, petit  ? Tu restes avec nous jusqu'à la fin de l'été  ?
- Oui, le temps passe vite. dit Ophélien en piquant du nez vers son bol de céréales.
- J'ai fait des crêpes, ne me dis pas que tu préfères ces corn flakes  !
- Je n'avais pas vu, c'est gentil mais j'ai assez mangé. dit Ophélien d'un air dépité.
- Tu es gourmand, toi, je le sais bien. Tiens  ! Tu auras de quoi manger dans la matinée. dit le jeune homme en enveloppant les crêpes dans une serviette en papier.
- Merci  ! Oui, je suis plutôt gourmand.
- Tu as bien raison, la cuisine est un plaisir simple de la vie renouvellé tous les jours. Profites-en bien. En faisant attention, évidemment, tout est une question de mesure.
- Oui, je dois y aller, je ne voudrais pas être en retard.
Vers dix heures, Ophélien s'ennuie derrière son comptoir et la crêpe est bienvenue.
- Gourmand, va  ! chuchote une voix à son oreille.
L'adolescent se raidit, il se retourne vivement mais il est seul bien entendu. Avec un frisson, il parcourt la pièce du regard mais rien ne bouge.
- Ce n'est que ton imagination, mon vieux. Ce n'est rien de grave, ça arrive. Respire  !
Le jeune garçon respire lentest  mais la peur prend le dessus. Il frissonne, les battementss de son cœur s'accèlèrent, il a froid,  la sueur commence à perler à son front et dégouliner de ses aisselles le long de son flanc.
- Respire mon vieux, ce n'est que ton imagination. Tu ne crains rien. se murmure-t'il en boucle durant de longues minutes.
Un peu calmé, il mange ses crêpes pour se détendre, malgré son estomac noué, il profite d'être seul dans le hall. Peu à peu, il se persuade qu'il a rêvé et que ce n'est rien d'important.

[u]Extrait du journal intime d'Ophélien[/u]
“J 27
Je deviens fou, j'entends des voix mais à qui en parler  ? Le pire, c'est que je commence à avoir vraiment peur. Je dois tenir, j'ai fait la moitié de mon contrat. “
Le reste de la journée se passe sans incident notable mais l'adolescent est assez affecté pour que les évènements le troublent durablement. Le soir venu, Ophélien lit pour se changer les idées et s'empêcher de penser. Dépité, alors qu'il meurt d'une flèche empoisonnée dans un souterrain de son livre dont vous êtes le héros, il capitule et il va se coucher même s'il n'est que neuf heures.

  Le lendemain, un bourdonnement d'insecte le réveille à l'aube. Il se réveille en sursaut en regardant d'un air inquiet autour de lui.
- Il y a une guêpe dans ma chambre, j'ai peur. songe-t'il en cherchant l'origine du bruit mais il a beau attendre de longues minutes, il n'entend rien.
- Tu as rêvé ou elle est sortie d'une manière ou d'une autre.
En consultant son agenda, Ophélien remarque qu'il est arrivé depuis quatre semaines, presque un mois.
- Et dire qu'il me reste encore un mois de contrat ici  ! soupire-t'il en se levant.
Son petit-déjeuner avalé, son employeur lui dit d'aller jeter quelques poubelles, il a trié des papiers dans son bureau. Ophélien soupire au souvenir du jour où il s'est retrouvé enfermé dans le local poubelle mais il obéit. Il ne ferme pas la porte et il  ne la quitte pas du regard après avoir coincé une branche pour la garder ouverte. Il entend quelque chose remuer sur les sacs plastiques. Interdit, sa poubelle à la main, il n'ose pas la jeter.
- Arrête, c'est un rat. Courage  !
Il ouvre la poubelle, jette le sac et il fuit au-dehors en laissant le couvercle retomber.
- Tu es ridicule, mon vieux. Et cesse de parler tout seul  !
Durant le reste de la journée, Ophélien accueille les clients et il reçoit plusieurs appels de personnes qui le supplient de leur trouver une chambre même pour une nuit.
- Les gens sont fous de vouloir venir dans ce vieil hôtel bizarre ! Je sais qu'ils espèrent des désistements pour le mois d'août mais l'hôtel affiche complet, je me demande bien pourquoi. Plus qu'un mois à tenir dans cette maison de fou  !
Le soir venu, l'adolescent reste de longues minutes les yeux ouverts dans l'obscurité mais il n'entend rien de suspect et il s'endort rassuré.
  Le lendemain matin, Ophélien est réveillé par des craquements du parquet qui se rapprochent de son lit. Il se raidit et il attend, le cœur battant. Tout à coup, il ne parvient plus à respirer et il commence à suffoquer.
- Arrête, tu fais une crise de panique ou je ne sais quoi, calme-toi, mon vieux  ! murmure-t'il en allumant la lumière qui ne révèle rien de particulier.
Peu à peu, l'adolescent se calme. Il se lève et il va prendre son service, un peu honteux de sa faiblesse. Toute la journée, il se remémore les choses étranges qui lui arrivent mais il n'en trouve pas la logique et il renonce à comprendre. Le soir venu, l'adolescent s'accorde une soirée tranquille à lire des bandes dessinées pour se remettre.
Au matin, encore effrayé, il se sent mal à l'aise.

[u]Extrait du journal d'Ophélien[/u]
"J30
Le manque de lumière de cet endroit me rend fou. La nuit dernière, j'ai cru m'étouffer dans mon sommeil. J'entends des bruits maintenant. Qu'est-ce qui ne va pas chez moi  ? "
La journée se passe sans incident notable. Mais lorsqu'il rejoint sa chambre, Ophélien trouve ses affaires éparpillées dans la chambre. Avec un soupir, il les ramasse.
  Le lendemain, jour de congé, Ophélien reçoit ses pourboires comme de coutume.
- Au fait, Ophélien je fais les virements aujourd'hui, dernier jour du mois. Les autres le savent mais je ne pense pas vous l'avoir dit.
- Merci. dit le jeune garçon avec un faible sourire.

  Il sort les mains dans les poches, il a mérité son salaire qui veut dire que son tour du monde se concrétise. Il n'ose pas appeler Jade pour lui parler de ce qu'il vit. Il lui envoie un message sur son téléphone portable pour lui dire que leur rêve prend forme. Elle répond qu'elle enchaîne les babysittings mal payés et qu'elle est épuisée mais elle lui rappelle que si tout va bien, ils seront partis à la rentrée. Elle ne peut pas rester plus longtemps à discuter avec lui car elle doit partir travailler.
Ophélien se sent seul. Les larmes aux yeux, il sort pour se changer les idées, un peu désoeuvré. Lorsqu'il rentre, il s'ennuie et il ne sait pas quoi faire de sa journée. Timidement, il va toquer à la porte du bureau de monsieur Sutingocni. Le petit bureau ne contient qu'un bureau, une chaise, un fauteuil de cuir et une armoire de rangement dans un style sobre.
- Ophélien  ! Il y a quelqu'un à l'accueil? J'y retourne dans cinq minutes ou je peux faire quelque chose pour vous  ?
Le visage rouge, les mains dans les poches, l'adolescent bafouille.
- Je suis désolé de vous déranger mais je voulais savoir si vous aviez le numéro de téléphone de Jenny. J'aimerais bien la contacter.
- Un instant, je dois avoir ça dans mon carnet d'adresse. Le voilà! Bonjour, ici le dirigeant de l'hôtel Tasmant, vous connaissez Ophélien qui s'occupe de l'accueil pour la saison estivale  ? Oui, il souhaiterait vous parler... Bien, je vous le passe. Au revoir.
Avec un sourire, il tend le combiné à Ophélien et il quitte la pièce.
- Salut, je suis en congé et je voulais savoir si tu es disponible aujourd'hui.
- Bien sûr, ça me ferait vraiment plaisir  ! Je passe te prendre dans un quart d'heure à la réception  ?
- Merci beaucoup. A tout de suite.
- A tout de suite.
 
Soulagé de déserter les lieux pour la journée, Ophélien va se changer et prendre un sac léger avec le nécessaire pour parer à toute éventualité  : maillot de bain, crème solaire, pull, argent de poche et petite serviette de toilette pour se baigner qu'il prend dans la salle de bain.
Un quart d'heure plus tard, il rejoint la réception où il attend son amie qui arrive quelques minutes plus tard.
- Salut  ! Je suis tellement contente de te revoir  ! J'ai oublié de te donner mon numéro de téléphone  ? Où avais-je la tête  ? Tiens, je te l'ai noté, comme ça, tu l'auras. On va à la plage ou tu veux visiter l'île  ?
- Genre il y a des choses intéressantes sur cette île  ? Sauf si on aime les vieux cailloux et se promener.
- En effet, pas grand chose qui t'intéresse. dit-elle en riant. On peut aller à la plage alors et ensuite, on verra.
Après une matinée à la plage, les deux adolescents vont manger dans un restaurant de poisson plutôt bon marché. Ils passent l'après-midi à se baigner et à jouer à des jeux de raquette. Ophélien rentre à l'hôtel le soir, heureux et détendu. Mais lorsqu'il entre dans sa chambre, ses affaires sont éparpillées dans la pièce. Il soupire mais il renonce à comprendre ce qui se passe, il range rapidement le tout avant de s'écrouler sur son lit, épuisé.