lundi 14 août 2017

Relique d'ectoplasme

  L’homme se fraya un chemin dans l’assemblée, plongeant parmi les ombres blanches. Ces dernières s’égaillèrent en murmurant, révélant une silhouette diaphane allongée par terre, inerte. Il s’agenouilla. Il aurait voulu tendre la main, toucher, mais il n’osait pas : d’un corps ne restait que la peau. Juste une couche fine d’épiderme. Un fantôme posé à même le sol. Le gardien du château ressentit un frisson en repensant à la foule évanescente qu'il venait de traverser. Par réflexe, il regarda l'endroit d'où il venait : il n'y avait plus rien. Il avait entendu les murmures de la foule et était entré dans la salle en courant sans prendre la mesure de ce qu'elle contenait. Il pensait que quelqu'un avait fait un malaise ou qu'une célébrité locale était venue au musée mais il s'était trouvé face à cette chose morte dont il n'osait imaginer l'origine. Il regarda autour de lui : les ombres blanches translucides avaient disparu, cette nouvelle le soulagea.

  Quand le mot envahit son esprit « fantômes », ses cheveux se dressèrent sur sa tête et un frisson le parcourut. Puis ses yeux furent de nouveau attirés par ce qui gisait à terre, seul vestige de la multitude transparente qui occupait la salle quelques secondes plus tôt. Il lui semblait que la température de la salle remontait peu à peu mais cela ne l'empêcha pas de se sentir toujours glacé jusqu'aux os par l'apparition qu'il venait de voir. Il ne pouvait le nier, il faisait très froid dans la salle, un froid glacial qui s'immisçait jusqu'à ses os, lentement. Le gardien frissonna de froid autant que de peur et de dégoût. Il venait de traverser une assemblée de fantômes ! Cette pensée lui donnait la chair de poule, même s'il tentait de ne pas repenser à cette espèce de brouillard froid, impalpable, fuyant, oppressant et même cotonneux, irréel qui avait laissé en souvenir un morceau de peau racornie. Il est gardien, pas biologiste il ne sait pas que l'épiderme n'est qu'une couche de la peau, superficielle comme son nom l'indique. Et d'autant plus fragile et sensible au moindre courant d'air ; dans sa panique, il n'y a pas songé. Aussitôt, il se reprit et agit avec des gestes lents et mesurés tout en faisant le tour de la pièce pour repérer les moindres courants d'air. Par chance, la salle est bien isolée.

  Après avoir calmé les battements affolés de son cœur inquiet, le jeune homme décida de faire preuve de courage et examina la « chose » de plus près, avec une démarche scientifique et en ne laissant pas ses émotions le dominer, toutefois sans se risquer à la toucher, l'idée de seulement effleurer « ça » le révulsait et il préférait ne rien toucher sur la « scène de crime » : une mince couche de peau, enfin une couche de la peau pour être plus précis était étendue de tout son long sur le sol de pierre froide. Son intuition était juste, ce n'était ni du plastique ni une sorte de très fine toile d'araignée. Il aurait préféré qu'un visiteur ou un collègue facétieux fasse une blague de mauvais goût si on lui avait laissé le choix. L'enveloppe ne présentait aucun accroc et semblait « morte », comme si la peau était racornie et desséchée par le temps. Pas tout à fait plate ou volumineuse, elle ressemblait à des gants de chirurgien en fin latex qu'on aurait déposé sur une table et qu'on aurait laissé se positionner n'importe comment. En réprimant un frisson, il s'écarta de la « chose » et appela le propriétaire du château ainsi que son supérieur hiérarchique. Après tout, il leur appartenait de prendre une décision. Le gardien vérifia, de nouveau pour se tranquilliser, que toutes les fenêtres de la pièce étaient bien hermétiquement fermées de crainte de voir un courant d'air abîmer ou faire s'envoler la mince épaisseur de matière morte et se posta devant la porte en chêne noirci par les ans de la pièce. Il ne manquerait plus que des visiteurs entrent ! Ou que la preuve disparaisse, il ne la quitterait pas des yeux jusqu'à l'arrivée de ses supérieurs.

  Il se rappela alors qu'il avait totalement oublié les visiteurs. La plupart avaient fui en hurlant mais il restait deux curieux qui discutaient à voix basse dans un coin de la pièce en observant la scène. Le gardien leur demanda de bien vouloir sortir car il allait condamner la porte. Oui, ils pouvaient s'approcher et regarder la chose qui gisait sur le sol mais non, ils ne pouvaient pas prendre de photographies pour leur album de souvenir de vacances. Et non, il ne savait pas plus qu'eux ce que c'était ni d'où venait l'enveloppe corporelle. Pour le moment, il avait ordre de ne rien toucher et de faire sortir les visiteurs en attendant ses supérieurs, leurs billets d'entrée leur seront remboursés s'ils en font la demande au guichet ou par courrier en joignant une copie de leur ticket d'entrée avec la date et l'heure bien lisibles. Ils s'exécutèrent en silence et sans se faire prier ce qui rassura le gardien. Tout se passait pour le mieux pour l'instant : la pièce était condamnée et les quelques visiteurs présents au moment de la découverte de la « chose » continuaient leur visite sous l'étroite surveillance de deux guides à qui on avait dit le strict minimum. On leur avait parlé d' un événement inexplicable dans l'immédiat qui avait dérangé la visite, aucune information ne devait sortir de l'équipe concernée, il fallait accompagner les visiteurs pour les éloigner des lieux, poursuivre les visites le plus normalement du monde et veiller à ce qu'aucune rumeur ne s'ébruite car on ne savait pas ce qui s'était passé.

  On attendait la visite d'un expert pour tirer les choses au clair. De fausses rumeurs infondées pourraient entacher la réputation du musée et peut-être même entraîner sa fermeture. En ce qui concerne les visiteurs, on avait prévu dans ce genre de situation de leur ferait signer une charte de confidentialité à leur sortie du musée et l'affaire s'arrêterait là, tout le monde l'espérait. Si jamais, ils en parlaient sur internet ou ailleurs avant que l'équipe en sache plus sur cette « chose », ils étaient dans de sales draps, le cabinet d'avocats du musée était le meilleur des environs, il fallait bien ça pour défendre les intérêts d'un petit musée de province. La couche de peau lui semblait très fine et le gardien décida d'inspecter la pièce plus minutieusement que la première fois pour s'assurer qu'elle ne risque rien à rester là et calfeutrer porte et fenêtres au maximum pour éviter qu'elle ne s'envole ou se déchire. Elle est si fine qu'elle pourrait bien devenir invisible si elle s'envolait. Dans le doute, il plaça un stylo plume juste à côté pour la retrouver facilement avant de quitter la pièce avec un dernier regard et un nouveau frisson de dégoût. Inquiet, il attendit ses supérieurs dans le bureau d'accueil en faisant les cent pas, un café brûlant à la main pour se réconforter. A dire vrai, la chaleur du café sur ses mains le réconfortait plus que le breuvage en lui-même mais il commençait à avoir les idées plus claires désormais et il s'interrogeait sur la nature de ce qu'il avait vu. Il était inquiet, il avait laissé à son équipe le soin de gérer les témoins de la scène, il espérait qu'il n'y aurait pas d'accroc et que tout se déroulerait sans anicroche. Ils étaient formés à ce type de situations mais ils n'y avaient jamais été confrontés.

  On vint lui confirmer que les visiteurs au courant de l' « affaire » avaient été reconduits à leur véhicule une fois la visite terminée et qu'ils avaient signé la charte de confidentialité dont on leur avait expliqué les tenants et les aboutissants. Ils pourraient raconter leur aventure après, quand tout cela serait terminé. Sinon, ils auraient affaire aux avocats du musée. Soulagé, le gardien poussa un soupir et se resservit du café, cela leur faisait un souci de moins à traiter. Il s'assit, enfin soulagé devant la petite table du bureau d'accueil en regardant le parc par la fenêtre, il avait si peu de temps pour en profiter, il s'émerveillait de la beauté des lieux lorsqu'il avait commencé à travailler au musée. Puis, la routine s'installant, il avait oublié combien le parc était beau, calme et apaisant. Il s'abîma dans sa contemplation tandis que son café refroidissait lentement. L'employé du musée lui dit que le propriétaire avait été informé de l’événement et qu'il viendrait dès que possible.

  Une demie-heure plus tard, le jeune comte à qui appartenait le château arriva, talonné par le régisseur du château, une jeune femme qui avait toute sa confiance et dont on pouvait compter sur la discrétion et le sens pratique. Le gardien pensa que l'équipe de direction devait se réjouir que le propriétaire ne soit pas en voyage et apporte une aide à la décision bienvenue dans cette situation délicate. Avec réticence, le gardien les mena dans la pièce fermée à clé où rien n'avait bougé depuis sa précédente visite. Elle était vide cette fois-ci, aucun ectoplasme ne flottait dans les airs ce qui était une bonne chose. Il aurait tout donné pour être ailleurs, refermer la porte et ne plus jamais entrer ici mais il tint bon. Les nouveaux venus observèrent en silence l'enveloppe corporelle durant de longues minutes.
- Qu'est-ce donc à votre avis ? demanda le propriétaire du château.
- Une enveloppe de fantôme ! Je vous jure que je les ai vus comme je vous vois : une assemblée de fantômes qui s'est évaporée à mon approche. Ils murmuraient je ne sais quoi, dans une langue inconnue, du latin peut-être ?
  - Une incantation ? demanda le régisseur en prenant quelques photographies.
- Peut-être bien. répondit Henri, le gardien. Non, je ne crois pas que c'était dans une langue connue. Je ne sais pas et j'ai oublié les mots, je ne saurais les répéter.
- Henri, concentrez-vous, c'est très important, avez-vous remarqué que cette chose réagissait à l'incantation ?
- Amandine, franchement, je n'en sais rien du tout. J'étais juste terrifié.
- Bon, Jean-Hugues, je pense que cette chose est une enveloppe de fantôme qui a tenté de se matérialiser pour une raison inconnue, les ombres blanches, des fantômes également, lui donnaient certainement de l'énergie pour s'incarner quand Henri les a dérangés.
- Pourquoi? demande son interlocuteur.
- N'avez-vous pas connaissance d'une légende reliée à ce lieu, quelqu'un qui doit revenir un jour ? Ce château est dans votre famille depuis des siècles !
- Non, ni moi, ni mes ancêtres n'avons jamais eu connaissance de tels faits. On dit bien que mon ancêtre Hugues qui vivait au XIVème siècle et a été maudit et banni de l'église veille sur ce château depuis sa mort dans des circonstances inexpliquées. On parle de magie noire. Contrairement à mes ancêtres, je ressens une certaine affection envers cet aïeul un peu fou et j'ai même créé une partie du musée spécifiquement dédiée à son histoire. Cette histoire serait presque romanesque si elle n'était pas si noire mais je sais que la majorité des gens ne retiennent que l'aspect horrifique du destin de mon aïeul...
  - Aile inaugurée, il y a tout juste une semaine. ajouta le gardien.
- On peut donc supposer qu'il y a un lien entre les deux événements. reprit Amandine, les sourcils froncés. Peut-être que votre ancêtre veut juste trouver le repos maintenant qu'il n'est plus un sujet tabou dans la famille... Il n'a pas de sépulture digne de ce nom car il a été jeté dans une fosse commune. Qui sait ce que le corps est devenu ? Un sorcier ou un médecin a pu traiter la peau pour en faire une relique ou y lier un sortilège quelconque. Ou garder un souvenir...
- Je devrais l'enterrer ? Alors que cela peut-être un superbe atout pour le musée ? N'est-ce pas un cadeau de mon ancêtre pour financer la restauration du château et le maintenir dans la famille, au vu de la baisse de fréquentation du musée et de mes difficultés croissantes pour le maintenir en état ?

  Le gardien et le régisseur se regardent et haussent les épaules, comment savoir ? Ne risquent-ils pas de mettre le fantôme en colère et d'en subir les conséquences ? Leur esprit cartésien refusant l'idée d'un fantôme, bien que cela leur sembla la seule explication plausible, ils font appel à des spécialistes de la question pour en savoir plus sur la nature du phénomène et la suite à donner à l'affaire. Ils ne peuvent tout de même pas brûler le résidus d'ectoplasme et faire comme si de rien n'était. En toute discrétion, les experts vont et viennent, ils déambulent dans le château désert en dehors des heures de visite. Ils voient leurs doutes se confirmer peu à peu, une intense activité fantomatique est à l'œuvre dans le bâtiment.

  Face à cette force inattendue, la petite équipe murit longuement sa décision collective. Cet événement accréditait la thèse de l'existence de fantômes, d'une vie après la mort et de la possibilité aux morts de visiter les vivants. Le froid ressenti par les témoins de la scène viendrait d'après les divers spécialistes consultés de l'énergie puisée par le fantôme pour s'incarner dans ce qui l'entoure. Bien sûr, seule la peau s'était incarnée mais cette prouesse laisse supposer qu'un corps entier pourrait théoriquement s'incarner. Finalement, l'enveloppe corporelle est exposée dans la nouvelle aile consacrées à l'ancêtre honni de la famille. Des analyses A.D.N. confirmèrent que c'était bien l'enveloppe corporelle d'Hugues le banni et en effet, elle attire de nombreux visiteurs qui contribuent à la sauvegarde du château. Sa conservation nécessitait de moyens techniques considérables et un collège de scientifiques vint l'examiner pour étudier le meilleur moyen de la conserver intact et l'empêcher de coller au risque de terminer en un amas compact et plissé. En laboratoire, après un minutieux transport car le moindre accroc serait catastrophique, la mince couche d'épiderme fut gonflée à l'aide d'un tuyau insufflant très lentement de l'air via une narine tandis que tous les autres orifices étaient hermétiquement refermés. Des mesures précises au moyen d'un laser, d'une caméra et d'un scanner furent prises et une semaine plus tard, une mince enveloppe de polymère fut injectée par une narine. Gonflé à l'aide de la technique précédemment utilisée, le sac épousa la forme de l'épiderme une fois totalement déployé. Le polymère expérimental était totalement transparent et durcissait lors de son séchage. L'enveloppe d'ectoplasme fut mise sous verre blindé à double paroi et sous vide afin de pouvoir être exposé. Son étude ne révéla rien de particulier, l'individu de sexe masculin avait reçu quelques blessures parfois profondes, sans doute avec des épées ou des flèches et semblait au vu des ridules cutanées qu'il présentait avoir entamé sa quatrième décennie. Le gardien, pour sa part, donne sa démission peu après l’événement troublant qui a permis au château de ressusciter. Il ne pouvait plus entrer dans la salle où le revenant était apparu sans frissonner et craignait sans cesse de voir surgir une autre apparition. Travailler ici lui devenait pénible et il cherche un emploi parmi les vivants.

  Cette nouvelle curiosité dans une petite ville de province suscite de nombreux débats. Les détracteurs reprochent au propriétaire d'exploiter la dépouille de son aïeul. Pourtant, c'est généralement ce qui se pratique dans les musées et cette pratique permet de garder la mémoire du passé. Mais les circonstances gênent ces trouble-fêtes. En premier lieu, ils contestent la véracité de l'apparition du fantôme malgré les témoins, les caméras de surveillance qui avaient filmé la scène et les expertises réalisées par les plus éminents spécialistes. En second lieu, ils jugent immoral d'exploiter la dépouille d'un ectoplasme qui était « décédé » sous les yeux des visiteurs du musée. A les entendre, cela revient à valoriser cette disparition en direct. Enfin, ils trouvent totalement immoral de ne pas offrir une sépulture décente à cette dépouille sans songer aux momies et autres dépouilles qui étaient déjà exploitées dans les musées du monde entier pour permettre de diffuser la connaissance et l'histoire de l'humanité au grand public. Ces débats trouvent peu d'échos dans la région car les pouvoirs publics voient dans cette curiosité unique au monde, une immense source de profit et un nouveau rayonnement culturel pour cette région de France. Et le grand public est curieux de découvrir une dépouille de fantôme pour s'embarrasser de ce genre de question. Cette opportunité est unique au monde, tant sur le plan scientifique que spirituel et historique. Car si c'est réellement la dépouille d'un spectre, cela accrédite la thèse de la vie après la mort et la possibilité de communiquer avec les vivants depuis l'au-delà.

  Le pape a eu vent de cette histoire, certainement par la presse internationale qu'il lit certainement avec attention ou bien par le biais d'un ecclésiastique qui lui aurait soumis cette épineuse question qui agite le pays et commence à avoir un retentissement international. Il fit adresser un courrier au jeune châtelain où il sollicitait l'autorisation de venir examiner la dépouille fantomatique ; autorisation qui lui fut immédiatement accordée. Le châtelain vient lui-même l'accueillir à l'aéroport avec son équipe restreinte d'hommes d'église. Pour éviter d'ébruiter la présence du saint homme, il les accueille sur un aérodrome privé et les fait loger dans des pièces inutilisées du château. Le logement est spartiate mais confortable. Le saint homme demande à recevoir les différents témoins de cette apparition avec la plus grande discrétion, il se cantonne donc aux employés présents ce jour-là. Devant un thé fumant, il écoute avec la plus grande attention leur récit et lit les divers rapports des spécialistes qui avaient examiné la dépouille. En premier lieu, il conclut que l'apparition était bien humaine et n'avait donc rien de diabolique. Ensuite, il conclut que la dépouille était apparue à un moment clé de l'histoire du monument : le châtelain songeait à vendre la propriété familiale car le château était une lourde charge sur le plan financier. La meilleure option actuellement était de développer le tourisme via le musée et éventuellement d'ouvrir une chambre d'hôtes sur une partie du domaine éloignée du château. Malgré ces projets, la vente du domaine ou d'une grande partie de ses terres ancestrales semblait inéluctables. Pourtant, Jean-Hugues s'y refusait car ces terres étaient son héritage. Il faut bien admettre que l'apparition spectrale tombait à point nommer pour éviter la faillite ou le démantèlement de l'héritage familial. La visite papale, une fois révélée (les paparazzis sont décidément partout!) ne fait qu'accentuer la curiosité du public et le nombre de visiteurs étrangers explose.

  Jean-Hugues est heureux, il dispose enfin des fonds nécessaires pour ouvrir une maison d'hôtes digne de ce nom sur le domaine et assurer la remise en état de l'ancien vignoble du château via le rachat de terres qui appartenaient autrefois au domaine. Les propriétaires des terres sont persuadés que l'offre de rachat ne se présenterait pas de sitôt et qu'ils pouvaient tirer une jolie plus-value de la vente ; ce qui fut le cas. Sous deux ans, après remise en état et après avoir recomposé un cheptel digne de ce nom, le domaine pourrait comme autrefois tirer des revenus conséquents du vin et du fromage produit sur place. En attendant, la chambre d'hôtes permettra de trouver les fonds nécessaires aux projets futurs. Jean a rapidement trouvé une famille qui accepte de tenir la maison d'hôtes moyennant un salaire convenable et critère important, toute la maisonnée ne craint nullement les spectres. Leur vieille demeure familiale en est pleine et ils ont l'habitude des fantômes. Qui sait s'ils ne recevront pas quelques visites imprévues de l'ancien seigneur des lieux? Ce que personne ne sait, c'est que le fantôme vient parfois reprendre sa place dans son enveloppe corporelle, relique embaumée par des sorciers fidèles à son propriétaire. Il n'a toujours pas trouvé le repos éternel mais le pardon de son descendant l'a soulagé d'un grand poids. En tous cas, jusqu'ici, rien n'a permis de penser qu'il est en colère de voir son enveloppe corporelle exposée.

  Le musée est également célèbre pour ses courants d'air froid qui parfois traversent les grandes salles. Qui a dit que les fantômes ne peuvent pas faire des blagues et s'amuser? Vous trouvez étrange qu'il ne trouve le repos ? Mais le reste de son corps embaumé demeure quelque part entre les murs et près de ce corps se trouve son trésor ramené des croisades et son laboratoire d'alchimie où son fidèle disciple pratiqua l'embaumement de son corps et le retrait de son épiderme pour conserver son âme si le corps ne devait pas supporter l'opération d'embaumement. Et croyez-moi, il a bien l'intention de mener son descendant à ce trésor mais pas tout de suite, le moment venu... Il veut d'abord le laisser se remettre de ses émotions et s'amuser avec les visiteurs! On ne sait jamais, il pourrait décider de fermer le musée même s'il en doute vu l'enthousiasme que met son jeune descendant à visiter la région, appareil photographique en main pour retracer sa vie passée.