mardi 13 avril 2021

Athénadore

- Je vous souhaite un heureux séjour en ce lieu!

Je salue le portefaix et je récupère mes bagages avant de frapper à la porte de la demeure.
- Bonjour, vous êtes le locataire de la villa Athénadore? Tenez, voici les clés mais prenez garde, prenez garde! Et maintenant, partez!
La femme me tend les clés et me claque la porte au nez; surpris, je tambourine à la porte mais je ne reçois nulle réponse et je me dirige vers la grande bâtisse que je reconnais pour l'avoir vue en photographie. La grille rouillée grince lorsque je l'ouvre et je remarque que le jardin est envahi par les herbes folles mais je n'en ai cure, je ne pensais pas que la maison et ses alentours aient été entretenus avec amour depuis toutes ces années et je me hâte de me réfugier dans la maison, reclus de fatigue par mon long voyage.

   La porte de bois vemoulu crie sous ma main mais j'ignore ses protestations pour ouvrir plus grand. Une odeur de moisi et d'humidité atteint mes narines alors que je pénètre dans la maison. Surpris de ne pas me trouver face à une ruine, je comprends que le 'propriétaire l'a faite rénover et je me sens mieux à cette pensée. Le jour commence à tomber alors que j'achève de ranger mes provisions et je ne peux m'empêcher de songer à la légende locale qui veut que la maladie ou la mort touche ceux qui demeurent dans la maison après le crépuscule. Et la folie frappe les autres. Je jette un regard alentour mais je ne vois rien d'étrange aussi je commence à préparer mon dîner en chantonnant, dans l'espoir que cette vie nouvelle en ce lieu en chasse les démons.

  Seul dans la salle à manger, attablé devant des pâtes au fromage, je me sens observé mais chaque fois que je me retourne, je ne vois rien. Un bruit de chaînes qui s'entrechoquent me fait sursauter et je bondis de ma chaise pour me précipiter dans le couloir où je ne vois rien. Mais le bruit se rapproche et je gémis de peur lorsque je vois l'affreux vieillard décharné qui vient à ma rencontre. Il tortille sa longue barbe blanche emmêlée tandis que ses cheveux ébourrifés semblent s'agiter au rythme de ses pas.

- Je croyais que le fantôme avait été enseveli! dis-je dans un cri.
- Oui mais il faut refermer ma tombe! répond le vieillard dans un gémissement en agitant les chaînes qui enserrent ses poignets avant de lever les bras en l'air pour faire tinter ses liens de métal.
- D'accord! Je ferai ce que vous voudrez si vous partez. bredouillais-je avant de me forcer à m'approcher.
 
  Le fantôme me mène dans le jardin et je le suis en tremblant de peur jusqu'à ce qu'il me désigne un bosquet et ce qui me sembla un talus. Je m'agenouille et à tâtons, je tente de reconnaître ce qui m'entoure jusqu'à ce que je sente un os sous ma main. Sans réfléchir, je plonge mes mains dans la terre meuble et j'en recouvre l'os et les alentours dans l'espoir de contenter le fantôme. Je tremble de peur et je n'ose pas me retourner de crainte de perdre la raison. En tremblant, je me relève et je regarde autour de moi mais je ne vois rien et les bruits ont cessé. Avec soulagement, je rejoins la maison, je sais que je serai incapable de m'endormir mais j'ai beau tourner mes regards alentour, je ne remarque rien d'anormal.

- J'ai peut-être apaisé le fantôme en fin de compte. me dis-je en passant par la porte restée ouverte.


12/11/2020