- Je vous souhaite un heureux séjour en ce lieu!
Je salue le portefaix et je
récupère mes bagages avant de frapper à la porte de la demeure.
- Bonjour, vous êtes le
locataire de la villa Athénadore? Tenez, voici les clés mais prenez
garde, prenez garde! Et maintenant, partez!
La femme me tend les clés et
me claque la porte au nez; surpris, je tambourine à la porte mais je
ne reçois nulle réponse et je me dirige vers la grande bâtisse que
je reconnais pour l'avoir vue en photographie. La grille rouillée
grince lorsque je l'ouvre et je remarque que le jardin est envahi par
les herbes folles mais je n'en ai cure, je ne pensais pas que la
maison et ses alentours aient été entretenus avec amour depuis
toutes ces années et je me hâte de me réfugier dans la maison,
reclus de fatigue par mon long voyage.
La porte de bois vemoulu crie
sous ma main mais j'ignore ses protestations pour ouvrir plus grand.
Une odeur de moisi et d'humidité atteint mes narines alors que je
pénètre dans la maison. Surpris de ne pas me trouver face à une
ruine, je comprends que le 'propriétaire l'a faite rénover et je me
sens mieux à cette pensée. Le jour commence à tomber alors que
j'achève de ranger mes provisions et je ne peux m'empêcher de
songer à la légende locale qui veut que la maladie ou la mort
touche ceux qui demeurent dans la maison après le crépuscule. Et la
folie frappe les autres. Je jette un regard alentour mais je ne vois
rien d'étrange aussi je commence à préparer mon dîner en
chantonnant, dans l'espoir que cette vie nouvelle en ce lieu en
chasse les démons.
Seul dans la salle à manger, attablé devant des pâtes au fromage, je me sens observé mais chaque fois que je me retourne, je ne vois rien. Un bruit de chaînes qui s'entrechoquent me fait sursauter et je bondis de ma chaise pour me précipiter dans le couloir où je ne vois rien. Mais le bruit se rapproche et je gémis de peur lorsque je vois l'affreux vieillard décharné qui vient à ma rencontre. Il tortille sa longue barbe blanche emmêlée tandis que ses cheveux ébourrifés semblent s'agiter au rythme de ses pas.
- Je croyais que le fantôme
avait été enseveli! dis-je dans un cri.
- Oui mais il faut refermer ma
tombe! répond le vieillard dans un gémissement en agitant les
chaînes qui enserrent ses poignets avant de lever les bras en l'air
pour faire tinter ses liens de métal.
- D'accord! Je ferai ce que
vous voudrez si vous partez. bredouillais-je avant de me forcer à
m'approcher.
Le fantôme me mène dans le
jardin et je le suis en tremblant de peur jusqu'à ce qu'il me
désigne un bosquet et ce qui me sembla un talus. Je m'agenouille et
à tâtons, je tente de reconnaître ce qui m'entoure jusqu'à ce que
je sente un os sous ma main. Sans réfléchir, je plonge mes mains
dans la terre meuble et j'en recouvre l'os et les alentours dans
l'espoir de contenter le fantôme. Je tremble de peur et je n'ose pas
me retourner de crainte de perdre la raison. En tremblant, je me
relève et je regarde autour de moi mais je ne vois rien et les
bruits ont cessé. Avec soulagement, je rejoins la maison, je sais
que je serai incapable de m'endormir mais j'ai beau tourner mes
regards alentour, je ne remarque rien d'anormal.
- J'ai peut-être apaisé le fantôme en fin de compte. me dis-je en passant par la porte restée ouverte.
12/11/2020