mercredi 15 mars 2017

Nanowrimo Novembre 2016: Verturquoise

Je m'appelle Michel et je vais vous conter mon histoire. Je viens d'un pays lointain, bien après les montagnes sacrées. J'ai grandi comme tous les petits garçons en courant les bois et en allant à l'école malgré moi.

Dans mon pays, il y a une abeille qui fait un miel merveilleux, on le dit doté de pouvoirs magiques si on parvient à le récolter. Pour cela, il faut aller dans la montagne, au plus haut des montagnes enneigées. C'est là que l'on trouve le miel verturquoise.
L'abeille verturquoise est comme les abeilles de chez nous mais elle n'est pas jaune et noir mais verturquoise et noire. A peu près car sa couleur est indescriptible.

Ma grand-mère qui est un peu sorcière m'a parlé maintes et maintes fois de ce miel merveilleux. A tel point que le petit garçon que j'étais décida un jour de tenter l'aventure. Mon sac à dos sur le dos, je partis vers la montagne en feignant d'aller à l'école. Je marchais toute la matinée et à midi, j'arrivais enfin au sommet. J'étais parti un jour d'été, en bermuda, j'arrivais comme vous pouvez l'imaginer trempé, grelottant et bleu de froid.

Mais je trouvais la ruche merveilleuse et les abeilles verturquoise ! Elles étaient aussi belles qu'on me les avait décrites et plus encore ! Je m'habillais d'un pantalon et d'une chemise de toile épaisse, d'un filet serré comme on en met sur les arbres fruitiers mis de telle façon qu'il repose lâchement autour de mon visage et du chapeau qu'il recouvrait. J'avais mis mes bottes et fermé le tout de manière totalement hermétique, car je n'ignorais pas que la piqûre de cette abeille signifie la mort instantanée. Aux mains, j'avais mis les gants de cuirs les plus épais que j'avais trouvé. Bref, ainsi accoutré, je m'équipais prudemment d'une très longue pique et je piquais la ruche en son centre. Elle était au creux du trou d'un tronc d'arbre et donc facile d'accès.

Furieuses, les abeilles attaquèrent mais j'étais bien protégé. Doté de mon précieux trésor, je ne pris pas le temps d'admirer les abeilles bleues et je courais de toutes mes jambes jusqu'à ce qu'elles se fatiguent de me pourchasser.

Enfin, je goûtais le précieux miel dont on m'avait vanté les mérites. Il n'y en avait qu'une goutte mais cela me suffisait amplement. Elle avait un goût étrange, un goût bleu et un peu vert aussi, si vous voyez ce que je veux dire. Le lendemain, je me réveillais la peau légèrement teintée de verturquoise tout comme le blanc de l'oeil. Comme vous pouvez le remarquer, c'est toujours le cas aujourd'hui !

Ma grand-mère furieuse me regarda, horrifiée, avant de me crier dessus mais il était trop tard. Je ne pus cacher ma faute qui se voyait rien qu'à me regarder. Je passais pour un héros auprès de mes camarades de classe ; enfin, au début, en tous cas. Plus tard, j'étais devenu une curiosité puis un monstre qu'on évite.

Rien n'a changé aujourd'hui. J'ai vingt ans et ma vie est brisée par la solitude, le rejet et le regard curieux des gens qui se moquent de moi ou me regardent comme une bête curieuse. Ma grand-mère m'a assuré qu'il n'y avait pas de remède donc je vis avec. Au fond, une coloration légère ne change rien à ce que je suis à l'intérieur, non ?



(voici ce que peut donner une énième word war à une semaine de la fin du Nanowrimo à une heure qui commence à être tardive après une longue journée de travail)