lundi 6 février 2017

Le retour de lady Pinkstone

 Défi:
500 mots
tableau/ témérité/ rose

  Arrivé par une nuit pluvieuse au manoir de Lord Pinkstone, je regardais la bâtisse en pierre rose, nommée ainsi en hommage au propriétaire à la faveur d'un éclair. Le majordome me mena dans l'office où je pris un repas rapide avant de rejoindre ma chambre. Je ne verrais les enfants dont je suis le précepteur que demain matin ainsi que mon employeur.

   Le lendemain matin, rasé de frais, je rejoignis l'office pour déjeuner et faire la connaissance des employés du manoir.
- Ah, vous êtes dans la chambre de pierre rose ! Le propriétaire du château la fit construire pour son épouse qui disparut mystérieusement, une nuit.
- Est-ce une légende ou a-t'elle fui avec un amant ?
- Non, c'est un mystère mais certainement pas une légende.
- Les invités qui y dorment vivent donc d'étranges nuits ?
- Personne n'y dort depuis son décès, il y a trois cent ans environ. Mais le bâtiment se dégrade donc on vous l'a allouée pour l'instant.

   Le soir venu, après avoir rencontré le lord et ses deux enfants, je rejoignis ma chambre. Je restais de longues minutes à contempler le tableau représentant lady Pinkstone, une très belle jeune femme aux cheveux noirs et à la peau de lait. La dernière fois qu'on l'avait vue, elle venait d'entrer dans cette pièce. J'en fis rapidement le tour sans rien trouver d'intrigant.

   A minuit, je fus réveillé par un frôlement près de moi. Une faible lueur provenait de la cheminée, un passage secret s'était ouvert. Surpris de ma témérité, je pris un bougeoir et m'y enfonçais après avoir placé une bûche en travers de la porte. Quelques minutes plus tard, j'entendis la porte se refermer puis buter contre la bûche. Inquiet, je continuais jusqu'au bout.
Gravé dans la pierre, j'y trouvais un curieux récit :
«  4 juillet 1523
Moi, lady Rowena Pinkstone me retrouve enfermée à jamais en ce lieu. J'ai voulu rejoindre mon amant, le jardinier pour fuir loin de ce lieu par un passage secret. Or, il est muré et je n'ai pas bloqué la porte. Puissiez-vous avoir pitié de mon âme si vous me trouvez en ce lieu. ».

   Je regagnais ma chambre, avec la chair de poule ; incapable de dormir, je me décidais à réveiller le lord. Il se rendit immédiatement dans la pièce et examina la tombe. Je ne vis qu'à ce moment-là, le squelette allongé près de l'inscription.
- Je vais vous ouvrir une autre chambre et je prendrai mes disposition pour lui donner une sépulture décente dès demain.
En quittant la pièce, mon regard se posa sur le portrait de la morte, je répondis à son sourire et sortis. Sitôt la porte refermée, une silhouette féminine passa dans la chambre déserte. Elle fit le tour de son ancienne chambre comme si elle l'examinait en détail, envahie de souvenirs d'une autre époque.