Défi:
500 mots
tableau/ témérité/ rose
Arrivé par une nuit
pluvieuse au manoir de Lord Pinkstone, je regardais la bâtisse en
pierre rose, nommée ainsi
en hommage au propriétaire à la faveur d'un éclair. Le
majordome me mena dans l'office où je pris un repas rapide avant de
rejoindre ma chambre. Je ne verrais les enfants dont je suis le
précepteur que demain matin ainsi que mon employeur.
Le lendemain matin,
rasé de frais, je rejoignis l'office pour déjeuner et faire la
connaissance des employés du manoir.
- Ah, vous êtes dans la
chambre de pierre rose ! Le propriétaire du château la fit
construire pour son épouse qui disparut mystérieusement, une nuit.
- Est-ce une légende ou
a-t'elle fui avec un amant ?
- Non, c'est un mystère
mais certainement pas une légende.
- Les invités qui y
dorment vivent donc d'étranges nuits ?
- Personne n'y dort
depuis son décès, il y a trois cent ans environ. Mais le bâtiment
se dégrade donc on vous l'a allouée pour l'instant.
Le soir venu, après
avoir rencontré le lord et ses deux enfants, je rejoignis ma
chambre. Je restais de longues minutes à contempler le tableau
représentant lady Pinkstone, une très belle jeune femme aux
cheveux noirs et à la peau de lait. La dernière fois qu'on l'avait
vue, elle venait d'entrer dans cette pièce. J'en fis rapidement le
tour sans rien trouver d'intrigant.
A minuit, je fus
réveillé par un frôlement près de moi. Une faible lueur provenait
de la cheminée, un passage secret s'était ouvert. Surpris de ma
témérité, je pris un bougeoir et m'y enfonçais après
avoir placé une bûche en travers de la porte. Quelques minutes plus
tard, j'entendis la porte se refermer puis buter contre la bûche.
Inquiet, je continuais jusqu'au bout.
Gravé dans la pierre,
j'y trouvais un curieux récit :
« 4 juillet 1523
Moi, lady Rowena
Pinkstone me retrouve enfermée à jamais en ce lieu. J'ai voulu
rejoindre mon amant, le jardinier pour fuir loin de ce lieu par un
passage secret. Or, il est muré et je n'ai pas bloqué la porte.
Puissiez-vous avoir pitié de mon âme si vous me trouvez en ce
lieu. ».
Je regagnais ma
chambre, avec la chair de poule ; incapable de dormir, je me
décidais à réveiller le lord. Il se rendit immédiatement dans la
pièce et examina la tombe. Je ne vis qu'à ce moment-là, le
squelette allongé près de l'inscription.
- Je vais vous ouvrir une
autre chambre et je prendrai mes disposition pour lui donner une
sépulture décente dès demain.
En quittant la pièce,
mon regard se posa sur le portrait de la morte, je répondis à son
sourire et sortis. Sitôt la porte refermée, une silhouette féminine
passa dans la chambre déserte. Elle fit le tour de son ancienne
chambre comme si elle l'examinait en détail, envahie de souvenirs
d'une autre époque.