vendredi 24 février 2017

Chroniques vampirologiques A bout de force

   Je m'affaiblis, ma force s'écoule hors de mon corps, j'ai soif. Je passe tout le jour et une partie de la nuit dans mon cercueil; à la nuit tombante, j'ai de plus en plus de mal à quitter mon caveau. Je mastique mon linceul pour tromper la faim dévorante qui m'anime, je n'ai pas suffisamment de chair pour me nourrir de ma propre chair et trouver un regain de force pour quitter mon tombeau.

   A cette époque, la nourriture se fait rare, les animaux ont quitté les villes vidées de la nature sauvage, je n'ai aucune chance ou presque d'en trouver dans le cimetière où je vis ou dans les alentours. L'éclairage public électrique rend hasardeuse la chasse dans les rues des villes, depuis bientôt un siècle, cette nouvelle méthode d'éclairage me complique la tâche.

   La malédiction dont j'ai été victime sur mon lit de mort me poursuit depuis trois siècles. Je suis fatigué de cette vie mais cette nuit, je vais rassembler mes forces pour me lever et rejoindre les bois proches afin de trouver des bêtes pour me nourrir.

   Avec difficulté, je quitte mon abri, la pleine lune éclaire le cimetière. Je trouve la sortie à tâtons et me glisse au-dehors. Après avoir erré toute la nuit, je capture un ragondin qui furetait dans des poubelles. Je ne vois les premiers rayons du soleil poindre qu'une fois rassasié. La faim m'a rendu imprudent mais je suis fatigué de cette demie-vie, j'accueille la mort, la vraie comme une délivrance.