"Nuit
du 31 octobre 1867
J'ai
été réveillé cette nuit par un bruit étrange venu du grenier.
J'ai tendu l'oreille, intrigué et après quelques minutes, j'ai de
nouveau entendu ce bruit. Vous savez tous ce que sont les vieilles
maisons: le bois travaille et craque durant la nuit, des souris
galopent sur les parquets, les bruits nocturnes sont fréquents.
Ce
bruit s'est de nouveau fait entendre et armé de courage, j'ai passé
ma robe de chambre et exploré la maison pour en trouver l'origine.
J'ai donc fini par monter au grenier. Le bruit venait bien de
derrière la porte que j'ai ouverte en silence.
Dans
un rayon de lune, je l'ai vue. J'ai vu le rouet et les mains de la
fileuse de nuit. Elles s'activaient encore et encore pour tisser
l'étoffe qui gisait à ses pieds. Alors que j'allais partir,
horrifié par cette apparition, elle a relevé la tête et m'a souri
d'un air mauvais.
- Vois le linceul que je tisse, c'est le tien. Tu ne verras pas
l'aube...
L'aube pointe alors que je termine cet écrit. Mon testament est
juste à côté de ce journal. Je demande à quiconque le trouvera
d'avertir ma famille et de transmettre mon testament à maître N.,
notaire de son état."