Le
fleuve enfle et gronde sous l'averse. Il gonfle, gorgé d'eau et
s'étale sur les berges. Noyé sous cette eau tombée du ciel, le
cours d'eau tangue et commence à s'agiter sous l'assaut. Des cris se
font entendre, ses habitants le fuient effrayés par cette humeur
nouvelle.
Des branches d'arbre apportées par le vent viennent le frapper et ne
font qu'attiser sa colère. Le vent souffle sur sa peau lisse et
mouvante, il ne peut que se défendre par des vagues de plus en plus
hautes.
Son humeur toujours égale change. Il change de couleur et devient de
plus en plus gris et marron selon son humeur changeante. Le fleuve se
révolte contre sa condition, fouetté de l'intérieur et de
l'extérieur, il se défend comme il le peut contre les assauts qu'il
subit depuis des heures.
Vexé, il tente de s'échapper de son lit et de sa condition, il
s'étale sur les berges qui ne l'absorbent plus. Pour se venger, il
colonise la terre et inonde les herbes alentour.
Enfin, il se calme et revient dans son lit, penaud et vexé par les
humains qui l'observent de ses berges. Le fleuve reprend son cours
comme si de rien n'était.