lundi 23 janvier 2017

La marque de l'orphelin

VOTRE DEFI

Objet « sac-poubelle »
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Emotion «amnésie»
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Couleur « crème »

Nombre de mots: 499 Option taille 500 mots


La marque de l'orphelin

Le petit garçon se réveilla en sursaut, une goutte de pluie l'avait éveillé. Intrigué, il regarda autour de lui, il dormait sur un fauteuil qui avait été d'un cuir crème mais qui ne ressemblait désormais qu'à une peau en train de peler. Il repoussa le sac poubelle qui lui tenait lieu de couverture et épia les bruits. Seule des gouttes d'eau se firent entendre.

Il rêvait à son père, un brillant scientifique frappé d'amnésie progressive après une contamination accidentelle par un virus inconnu. Peu à peu, il s'était transformé en zombie. En une semaine, il était devenu une créature gémissante enfermée dans la cave par son fils qui ne savait où chercher de l'aide. Il avait fini par forcer la porte de la cave avant que sa progéniture ne trouve une aide concrète ou seulement quelqu'un qui veuille entendre son histoire.

Après la fuite de son père, le petit garçon avait erré dans la ville déserte, un sac à dos contenant quelques biscuits comme seul bagage. Il avait ainsi erré durant deux jours avant de se réfugier dans les égouts quelques heures auparavant.

Il revoyait dans ses souvenirs son père lui prendre le bras pour l'approcher de sa bouche. Le fils s'était échappé des bras de sa seule famille d'un geste brusque avant de détaler sous la pluie battante loin de leur foyer solitaire. Tous les habitants de leur quartier huppé étaient dans leur maison de vacances et ne rentreraient pas avant un mois. L'enfant n'avait pas osé pénétrer dans les maisons qu'il savait protégée par des alarmes. Il ne savait pas où demander de l'aide et il n'avait pas osé se rendre au poste de police. Il aurait pu contacter le laboratoire où travaillait son père mais il savait tout juste lire et il n'avait pas pensé à prendre le porte-monnaie de son père qui contenait son argent et sa carte de visite.

Il s'était réfugié dans les égouts pour réfléchir à la situation et prendre une décision. Rentrer chez lui était exclu, son père devait errer dans la ville déserte à la recherche d'une proie, le pas lourd et les yeux dans le vide. Par moments, il devait grogner mais rien ne passerait jamais plus dans ses yeux et son cerveau vide : ni pensée ni émotion. Il ne savait pas à qui demander de l'aide sans finir à l'asile, la police ne le croirait que s'il leur apportait la preuve que son père était bien un zombie et il ne pourrait le faire que s'il le retrouvait. Or, la créature n'avait pas besoin de se reposer, elle était certainement déjà loin et il ne savait pas la direction qu'elle avait prise. Ce qui avait été un brillant biologiste devait à l'heure actuelle, avoir fait d'autres victimes ou avoir été éliminé.

En tremblant, l'enfant regarda la marque sur son bras à la faveur d'un pâle rayon de lune, des petites marques circulaires là où son père l'avait mordu. La maladie était à l’œuvre.