Appuyé sur sa fourche,
le paysan coiffé d'un chapeau de paille regarde au loin. Doit-il
embrasser son destin ? Il rêve en secret d'aventures et de pays
lointains, neige ou désert brûlant qu'importe tant que le parfum
des blés n'est qu'un souvenir lointain et confus. Ou le refuser et
mener une vie monotone dans le hameau qui l'a vu naître ?
Personne n'a jamais quitté le village à la recherche d'une nouvelle
terre, la terre des ancêtres devrait lui suffire et il devrait la
faire fructifier avec tendresse et attention. Mais lui, il a toujours
rêvé d'autres terres, plus riches, plus belles, plus stériles mais
nouvelles.
Il regarde au loin vers
la colline, porte vers l'inconnu qui l'attire continuellement. Le
vent lui murmure à l'oreille que des merveilles l'attendent à
travers le vaste monde. Mais peut-il abandonner son champ de blé
bien-aimé ? Il regarde les lourds épis d'or qui s'enflamment
sous la lumière du soleil couchant. Le vent les fait chanter, ils
murmurent : Pars ! Nous t'attendrons !
Alors, il pose sa
fourche, remplit un sac de provisions avec quelques vêtements et
outils puis part à l'aventure vers la colline qui l'appelle dans le
chant d'un oiseau.