mardi 3 janvier 2017

Raiponce, morne journée

Enfermée depuis mes douze ans,
Dans la plus haute pièce,
D'une tour couleur de sable brûlant,
Je ne connais nulle liesse.

Mon seul lien avec le monde,
Une sorcière
Immonde
Qui me garde prisonnière.

Chaque jour, elle me rend visite
Et me nourrit
Mais j'hésite
A mesure que passent les nuits.

Elle m'a élevée,
Je l'appelais « Mère ».
Pourquoi tant de cruauté,
Pourquoi une vie soudain amère ?

Je chante à ma fenêtre
Tout le jour,
Attendant la visite de la sorcière qui pénètre
Via ma chevelure dans ma tour.

Mais je rêve
Des contrées au-delà de la forêt,
Sans trêve,
J'aspire à la liberté.

Mais comment descendre ?
Couper mes cheveux et les attacher ?
Mais il manquera plusieurs mètres
Pour toucher l'herbe tendre.

Peut-être qu'un jour viendra
Où l'on entendra mes prières ou mon chant ;
On posera une échelle immense contre le mur froid
De ma tour, vertigineuse prison.

Je quitterai alors mon abri,
J'affronterai le monde
Mais avant, j'irai cueillir la raiponce, farcie
Elle sera meilleure que tout au monde.