Enfermée depuis mes
douze ans,
Dans la plus haute pièce,
D'une tour couleur de
sable brûlant,
Je ne connais nulle
liesse.
Mon seul lien avec le
monde,
Une sorcière
Immonde
Qui me garde prisonnière.
Chaque jour, elle me rend
visite
Et me nourrit
Mais j'hésite
A mesure que passent les
nuits.
Elle m'a élevée,
Je l'appelais « Mère ».
Pourquoi tant de cruauté,
Pourquoi une vie soudain
amère ?
Je chante à ma fenêtre
Tout le jour,
Attendant la visite de la
sorcière qui pénètre
Via ma chevelure dans ma
tour.
Mais je rêve
Des contrées au-delà de
la forêt,
Sans trêve,
J'aspire à la liberté.
Mais comment descendre ?
Couper mes cheveux et les
attacher ?
Mais il manquera
plusieurs mètres
Pour toucher l'herbe
tendre.
Peut-être qu'un jour
viendra
Où l'on entendra mes
prières ou mon chant ;
On posera une échelle
immense contre le mur froid
De ma tour, vertigineuse
prison.
Je quitterai alors mon
abri,
J'affronterai le monde
Mais avant, j'irai
cueillir la raiponce, farcie
Elle sera meilleure que
tout au monde.