jeudi 15 décembre 2016

La maison de Jules

Petit Jules était souvent seul dans sa maison car ses parents travaillaient beaucoup. Il n'avait ni frère ni sœur ni chien pour jouer, aussi il passait beaucoup de temps à explorer la grande maison de ses parents. Mais qu'espérer d'une maison moderne ? Il n'y a ni passage secret, ni grenier plein à craquer de souvenirs, ni histoire intrigante dont il pourrait tenter de résoudre l'énigme.

Un jour pluvieux, Petit Jules s'attabla pour faire ses devoirs. Il voulait les faire au début des vacances pour ensuite être tranquille jusqu'à la rentrée. Mais son esprit volait loin, très loin de ses mathématiques ou de sa chimie. En soupirant, il posa son stylo à plume sur son cahier et partit explorer la maison de la cave au grenier. La maison n'était pas grande, il ne mit guère plus d'une heure, car il est rapide d'explorer des lieux que l'on connaît déjà par cœur.

Il s'installait pour jouer à la console quand un bruit sourd se fit entendre à l'étage, sans doute même au grenier. Le garçon se leva et attendit au pied de l'escalier. Le bruit recommença et il monta aussi silencieusement que le permettent les marches de bois d'une maison même moderne.

Dans le grenier, il trouva un journal intime, un récit d'enquête en vérité. Un journaliste, locataire au début du siècle dernier appris par un collègue que la maison où il vivait était le théâtre de mystérieuses disparitions depuis un terrible incendie qui fit disparaître les occupants de la maison. Intrigué, Jim H. (et sa sœur Wallis qui vivait avec lui) mena l'enquête durant cinq ans avant de disparaître mystérieusement.

Ils firent venir des medium, des sorciers et des spécialistes du paranormal, des scientifiques également. Mais aucun ne trouva d'explication à ces phénomènes. Ils haussèrent les épaules en se disant que s'ils ne trouvaient rien, il n'y avait rien à trouver mais ils savaient qu'ils se mentaient. Couturière, Wallis passait beaucoup de temps dans la maison, elle entendait des voix, des cris, des chants ou des coups dans les murs. Les marches de l'escalier craquaient sans raison. Jim également passait énormément de temps dans la maison mais il restait généralement dans son bureau pour travailler contrairement à sa sœur qui changeait d'endroit selon l'ensoleillement ou son humeur. Il entendit des choses mais moins souvent et y accordait moins d'importance.

Pourtant, Jim décida d'en faire un papier car l'histoire lui semblait intéressante. Wallis l'épaula sur son temps libre car elle était également très intéressée par tout ça. Il ne leur vint pas à l'idée de quitter la maison. Ils interrogèrent les voisins et consultèrent les archives du journal local à la bibliothèque qui ne leur apprirent pas grand chose. Ils remontèrent sur cinquante ans mais s'ils étaient remontés sur un siècle, ils auraient trouvé ce qu'ils cherchaient. Jim fit un papier qui fut refusé par son rédacteur en chef, faute d'autres preuves. Je retrouvais le brouillon de son article dans le journal intime du journaliste.

La maison fut fouillée du sol au plafond mais rien ne fut trouvé. En dernier recours, ils firent venir un prêtre exorciste mais je ne sais pas la suite, le journal s'arrête là. Ont-ils fui précipitamment ? Ou ont-ils disparu mystérieusement comme Madame Verona, la voisine l'a appris à Jules ?

Un cri de colère se fit entendre et Jules rentra précipitamment dans sa chambre, le journal serré sur son cœur par des mains moites d'angoisse. Il termina ses devoirs pour cesser de penser en attendant le retour de ses parents mais des pas lourds se firent entendre dans le couloir menant à sa chambre, le sol tremblait sous les pas. Jules poussa un hurlement,

- Et vous n'avez rien retrouvé ?
- Non...
- Uniquement le dictaphone que votre fils utilisait tout le temps et le fameux journal qu'il a trouvé ?
- Oui...
- Bon, je n'ai jamais rien vu de tel de toute ma carrière mais je vais envoyer une équipe sur place. Monsieur et madame ANGELE, nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour retrouver votre fils. Allô, oui, envoyez une patrouille sur place, je raccompagne les parents et j'arrive. On vous tient au courant, reprit l'inspecteur en les raccompagnant à la porte.