VENDREDI
L'autre jour, je me suis réveillé en pleine nuit, couvert de
sueur. Dans mon rêve, des bruits de pas se sont fait entendre,
effrayé, j'ai commencé à courir jusqu'à ce que je tombe de mon
lit et me réveille, empêtré dans mon drap. Recouché, le reste de
la nuit fut paisible.
SAMEDI
Le
lendemain, je restais longtemps à lire un livre dans mon lit,
j'avais tout oublié des événements de la veille. Nous étions
samedi, un week-end de quatre jours ensoleillés s'annonçait. De
toute la journée, je ne pensais à ma nuit agitée et je vaquais à
mes occupations habituelles : lire, trier des papiers, faire le
ménage et rattraper mon retard sur le traitement de mes papiers
administratifs. Le soir venu, je regardais un film jusque tard dans
la nuit puis allait me coucher, exténué par cette longue journée.
A peine couché, je m'endormis et plongeait dans mes rêves, la
journée avait été longue. La nuit se passa normalement jusqu'à ce
que je me lève pour aller aux toilettes. Revenu dans ma chambre
quelle ne fut pas ma surprise de la retrouver plongée dans le noir.
J'étais pourtant certain d'avoir allumé la lampe de chevet, je
n'aurais pas traversé la chambre dans le noir sans m'en rendre
compte ! Je ne comprenais pas car elle marchait parfaitement.
Intrigué, je fis le tour de la chambre du regard et ne remarquais
rien.
DIMANCHE
Au
réveil, mes chaussons m'attendaient bien rangés devant la porte de
la chambre alors que je les avais laissés au pied de mon lit comme
d'ordinaire. Je n'aurais jamais traversé la chambre pieds nus,
quelle idée ! En ce beau dimanche, je me levais de bonne humeur
sans chercher à percer le mystère des chaussons jusqu'à ce que je
les mette. Ils étaient humides et bien les regarder, on aurait dit
qu'ils avaient été écrasés sous un poids important. Intrigué, je
les examinais de plus près avant de passer des chaussettes et de
mettre les chaussons à la machine. Le reste de la journée ne révéla
rien de particulier ni d'autres événements étranges. Je finis par
chasser ces événements de mon esprit. Le soir venu, je veillais
tard, tant par crainte d'un événement quelconque que par envie de
profiter d'un week-end prolongé. J'allais me coucher à minuit
passé, épuisé et heureux à l'idée de me glisser sous mes draps
qui étaient propres et parfumés.
LUNDI
A
quatre heures du matin, un verre se brisa dans la cuisine. Effrayé,
je me levais précipitamment mais je tentais de me rassurer en me
disant que j'avais sans doute posé le verre en équilibre instable
en le mettant sur l'égouttoir. Je savais que c'était un mensonge
mais ma raison ne trouva pas d'autre explication. Quand je reviens me
coucher, je trouvais draps et couvertures par terre, je ne pensais
pas les avoir violemment rejetés en me levant mais je ne pouvais en
être sûre. Intrigué, je me recouchais malgré tout sans songer aux
événements des jours précédents. Réveillé vers onze heures du
matin, la journée se passa normalement. Je me couchais tôt le soir
car je comptais aller me promener toute la journée.
Épuisé
par ma nuit agitée, je passais la journée enfermé chez moi devant
des films que j'avais déjà vus. J'ai ouvert plusieurs livres sans
en lire une ligne. Je me couchais tôt pour profiter de mon dernier
jour de congé.
MARDI
La
nuit fut calme mais au matin, je retrouvais une bouteille de lait
renversée sur le sol de la cuisine. Elle n'avait aucune raison
d'être hors du réfrigérateur. La journée fut ensoleillée et je
la passais en forêt car je répugnais à rester dans cette maison.
En rentrant, je trouvais des traces de pas dans le vestibule qui
menaient à mes chaussures de randonnée qui gisaient au milieu du
salon. Elles étaient pleines de terre. Je ne les avais pas remises
depuis l'été précédent. Je nettoyais sans chercher à comprendre.
Je me fis une tisane, mangeais devant un jeu télévisé et me
couchais tôt après m'être assuré que mes affaires étaient prêtes
et mon réveil allumé.
MERCREDI
Dix
heures ! Mon réveil n'avait pas sonné, j’appelais le bureau
pour prévenir de mon retard. Furieux, je lançais le réveil à
travers la pièce, j'étais sûr de l'avoir mis la veille. Je
travaillais toute la journée. En rentrant le soir, je trouvais ma
vaisselle brisée qui jonchait le sol de la cuisine. Effrayé, je
ramassais tout et me contentais de vaisselle de pique-nique en
plastique. Cette fois-ci, ce ne pouvait être moi ! J'inspectais
mon appartement mais ne trouvais rien. Une fenêtre était restée
entrebâillée. Je ne vois pas comment quelqu'un aurait pu entrer par
là mais je me persuadais que c'était le cas et la refermais
soigneusement.
Effrayé,
je me couchais tôt et tentais de dormir. Rien ne se passa durant la
nuit, je me rassurais.
JEUDI
Je
fus réveillé par mon réveil et un coup sur ma porte qui vibra sous
les coups. Je me réveillais en sursaut et restais assis dans mon lit
sans trouver le courage de me lever. Des bruits de pas légers
s'éloignèrent et je parvins à me lever. Bien sûr, il n'y avait
rien. Je me préparais et je pris mon petit déjeuner à l'extérieur
sur le chemin du bureau. Mes collègues me trouvèrent la mine
fatiguée mais je leur mentis en prétextant un cauchemar. Qui me
croirait ? Le soir venu, je rentrais chez moi, après avoir
acheté de la vaisselle incassable, sur les coups de dix heures.
J'inspectais de nouveau l'appartement sans rien trouver. Je me
rassurais, tout cela n'était qu'un mauvais rêve. Je dînais puis
allait me coucher persuadé que rien ne passerait cette nuit là,
comme la nuit précédente. Je tentais de me persuader sans succès
que mon réveil n'était que le fruit de mon inconscient qui savait
que j'avais manqué l'heure de mon lever.
A
onze heures du soir, j'entendis des bruits de pas dans le couloir,
juste devant ma porte. Puis, on frappa à ma porte trois coups secs.
Je m'éveillais complètement et me roulais dans ma couverture.
J'avais trop peur de me lever. A une heure du matin, le même manège
se reproduisit. Puis à trois heures et cinq heures. Je me réveillais
à six heures en entendant mon réveil sonner, il avait été mis au
maximum et la porte de ma chambre était ouverte, des traces de pas
poussiéreuses allaient de mon lit à la porte et se perdaient dans
le couloir. Effrayé, je les effaçais puis partais, en retard, en
remettant au soir les investigations. Épuisé, la journée fut
difficile.
Le
soir, une inspection minutieuse ne révéla rien. Toutes les traces
avaient été nettoyées. Je dis bien nettoyées, je les avais
effacées mais des traces subsistaient encore lorsque j'avais quitté
la maison. Il brillait comme un sou neuf lorsque je rentrais. Je
décidais de contacter un exorciste durant le week-end. Je me
couchais tard après avoir bu plus de whisky que de raison. Je
vérifiais mon réveil. Durant une heure, j'entendis des bruits de
pas dans le couloir. Puis le silence. Je me décidais à prendre mon
courage à deux mains pour aller aux toilettes en courant et en
allumant toutes les lumières. Je ne notais rien de particulier.
VENDREDI
A
six heures du matin, on frappa violemment à la porte. Je n'eus pas à
l'ouvrir, elle le fit pour moi. Je ne cherchais pas la cause de ce
réveil car je savais que je ne trouverai rien. Je traînais jusqu'à
l'heure d'aller au travail. Je rentrais tard ce soir-là, j'avais
mangé dans un restaurant et fini la soirée dans un bar. Je me
promis d’appeler le démonologue dont j'avais noté le numéro dès
lundi matin.
J'allais
me coucher à minuit et j'attendis les yeux ouverts dans le noir. La
porte trembla sous les coups donnés durant une dizaine de minutes.
Puis j'entendis des pieds nus faire les cent pas dans le couloir
juste devant ma porte. Épuisé par une semaine d'insomnie, je me mis
à pleurer de fatigue et de peur. Le manège devant ma porte dura une
heure puis j'entendis un grognement. Des coups plus forts se sont
fait entendre, j'ai craint que la porte ne résiste pas. Elle a
résisté mais le verrou a sauté. La poignée tourne alors que
j'écris ces lignes, lentement très lentement depuis vingt minutes
que j'ai commencé ce récit. J'entends un ricanement, la chose
derrière la porte se délecte de ma peur. Je n'en ai plus pour
longtemps. Adieu ! Si quelqu'un trouve ces pages éparses qu'il
prévienne ma famille.