vendredi 9 décembre 2016

On ne tire pas du canon pour écraser une punaise. (proverbe Québecois)

  Autrefois, le marquis de Madiva menait campagne contre la Prusse. L'homme dans la cinquantaine était courageux mais il n'avait qu'un défaut : il craignait par-dessus tout les punaises. Il ne savait pas d'où cela lui venait mais il passait son temps à vérifier que des punaises n'infestaient pas ses meubles et il faisait passer couche de vernis sur couche de vernis pour protéger ses meubles.

   Une nuit, il se plaça en embuscade avec ses hommes dans un petit bosquet. Bien mal lui en prit : le bosquet était infesté de ces insectes qu'il détestait tant. Il passa la nuit à les chasser en silence en se promettant d'en écraser le plus possible si l'occasion se présentait.

   A l'aube, ils firent mouvement et s'installèrent sur une petite hauteur prêts à fondre sur l'ennemi. Les canons avaient été menés là durant la nuit et ils n'avaient qu'à attaquer l'ennemi dès que le jour leur permettrait de confirmer leur position.

   Le marquis de Madiva qui était à la manœuvre pour l'artillerie fit arroser les ennemis d'une pluie de boulets de canon jusqu'à ce qu'il donne l'ordre de pulvériser le petit bois où ils avaient dormi cette nuit-là. Ses hommes étaient disciplinés et ils lui obéirent. Le bois n'était plus qu'un amas fumant.

   Le général vint le trouver à la fin de la bataille pour le féliciter pour sa hardiesse et l'interroger sur le bombardement du petit bois. D'après les éclaireurs, il n'y avait rien. Aurait-il eu vent de quelque chose ?
D'un air contrit, le marquis en habits brodés reconnut du bout des lèvres et en marmonnant dans sa fine moustache blonde qu'il avait voulu éliminer ce nid de punaises, insecte qu'il haïssait plus que tout au monde.
- Mais on ne tire pas du canon pour écraser une punaise !, hurla le général, provoquant l'hilarité des soldats alentour qui regardaient la scène. La scène fut racontée et l'expression est restée dans les annales.