Il roule vite ; trop vite, le
pneu éclate et il valse dans les herbes hautes de la lisière de la
forêt, décor paisible dont il a troublé le repos. Mais il continue
d'avancer tant bien que mal en sinuant. Parmi les arbres qui bordent
la forêt, il passe telle une étoile filante qu'on ne voit que
passer dans le ciel. Il avance sur les chapeaux de roue, les
enjoliveurs quittent la roue, l'essieu casse et il va écraser un
arbuste droit devant lui. Nonchalant, il ouvre la portière, sort de
la voiture, ôte la poussière de son chapeau, prend son sac, nettoie
ses chaussures et repart à pied vers le lieu d'où il a commencé sa
course folle. Il abandonne là l'épave qui l'a conduit dans ce coin
perdu de campagne. Le nez levé vers le ciel, les mains dans les
poches, il avance dans la nuit froide, les yeux perdus dans les
étoiles.