- La
porte est fermée !, je ne comprends pas, elle était ouverte,
il y a un instant. Je me parle à haute voix comme souvent lorsque je
réfléchis intensément. Je suis dans une pièce blanche que
j'examine avec attention. Il n'y a que quatre murs blancs et très
très lisses avec une porte comme encastrée dans le mur sans poignée
de ce côté de la porte, ni même de plaque de métal pour retenir
la poignée. C'est à croire que le mécanisme est dans l'épaisseur
du bois de la porte.
Intrigué,
j'examine les murs et le plafond plus attentivement : je n'ai
jamais vu un mur si lisse, une œuvre d'art. Ce que je ne comprends
pas, c'est qu'il semble fait d'une matière plastique ou d'un
polymère qu'on ne peut entamer avec l'ongle. Pas de fenêtre,
d'interrupteur, rien du tout. Au centre de la pièce, il n'y a qu'une
grille d'évacuation sans doute pour évacuer l'eau du ménage.
Le
silence, je n'entends que le silence. Je m'assieds au centre de la
pièce près de la grille d'évacuation que j'examine attentivement :
il y a des dépôts rouges agglutinés sur la grille que je ne
parviens pas à identifier.
J'examine
de nouveau la pièce, elle me semble avoir rétréci ; mon cœur
s'emballe dans ma poitrine. Je retire mon foulard que je place
exactement à une main droite posée à plat du mur, je me rassois
pour réfléchir, je me suis couchée hier soir comme d'habitude,
d'ailleurs, je porte encore mon pyjama d'hiver rose avec des petits
cœurs. Je suis pieds nus sans robe de chambre ou pull donc je devais
dormir quand j'ai rouvert les yeux dans cet endroit.
- Hé
oh ! Personne ne répond comme je m'en doutais.
Je
regarde mon foulard : oui, les murs se sont rapprochés, je ne
peux plus étaler ma main désormais. A vue de nez, j'ai une heure
pour quitter la pièce. Durant une courte demie-heure, je parcours la
pièce, j'examine les murs, je regarde attentivement le plafond,
rien : pas de porte, pas d'ouverture quelconque ; pourtant,
je suis bien entrée ! Je ne vois qu'une seule solution :
je suis entrée par le toit qu'on a enlevé comme un couvercle géant,
c'est ma porte de sortie.
Les
murs sont lisses et bien plus hauts que moi, je ne peux en atteindre
le bord puisqu'il n'y en a pas. Je me dis que s'il y avait une
trappe en plein milieu du plafond, je pourrais tenter de monter une
fois les murs suffisamment rapprochés mais il n'y en a pas. Je
m'assieds au centre de la pièce, près de la grille d'évacuation et
je commence à pleurer, je ne vois pas d'échappatoire.
Il
me reste une demie-heure, j'essaie de bloquer le mur en coinçant mon
chausson dessous mais rien n'y fait, comme je m'y attendais mais
j'aurais essayé. J'essaie de voir dans les coins si je ne vois pas
un mécanisme que je pourrais enrayer avec le rembourrage de mon
chausson mais le mécanisme est derrière le mur et je n'ai pas la
place pour glisser des fibres synthétiques dans l'espoir de le
gripper.
Il
me reste un quart d'heure, l'espoir s'amenuise. Je me rassois au
centre de la pièce, j'ai désormais à peine la place de m'asseoir
en tailleur mais plus pour longtemps. Je dois rapidement me remettre
debout.
Il
me reste cinq minutes, je suis debout, je peux encore écarter un peu
les bras mais plus pour longtemps.
Il
est sept heures, mon deuxième réveil sonne, je suis en retard pour
aller en cours !